Le bombardement par Israël d’une église historique de Gaza condamné par les dirigeants chrétiens
Une frappe aérienne israélienne contre l’église grecque orthodoxe Saint-Porphyre à Gaza, qui abritait de nombreuses familles musulmanes et chrétiennes, a fait au moins seize morts et de nombreux blessés, selon un récent bilan des autorités locales.
Le bombardement de cette église historique de l’enclave côtière, qui a causé de graves dégâts à l’édifice et aux bâtiments voisins, a été condamné par les dirigeants chrétiens de Palestine.
Le patriarcat orthodoxe grec de Jérusalem a publié un communiqué ce vendredi dans lequel il dénonce « un crime de guerre ».
« Cibler les églises et leurs institutions, ainsi que les refuges qu’elles fournissent pour protéger les citoyens innocents, en particulier les enfants et les femmes qui ont perdu leur habitation à cause des frappes aériennes israéliennes sur des zones résidentielles au cours des treize derniers jours, constitue un crime de guerre qui ne peut être ignoré. »
Ces derniers jours, les Palestiniens de Gaza, chrétiens comme musulmans, se sont réfugiés dans les églises et les institutions gérées par l’Église, notamment Saint-Porphyre, pour se mettre à l’abri de la campagne de bombardements israélienne.
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux après le bombardement de Saint-Porphyre, un Palestinien sous le choc s’écrie : « Où devrions-nous aller ? Ma maison a été bombardée et je n’ai nulle part où aller. Il n’y a plus d’endroit sûr. »
Traduction : « Un chrétien palestinien plaide devant le monde alors qu’Israël frappe directement l’église Saint-Porphyre, entraînant de nombreux morts et blessés au sein de la communauté chrétienne palestinienne. »
L’Église grecque orthodoxe est considérée comme la troisième plus ancienne Église du monde. Saint-Porphyre est la plus ancienne église encore active à Gaza. Elle a été édifiée au XIIe siècle sur le site d’une autre église bâtie en 425 de notre ère.
L’église se trouve dans le quartier historique du Vieux Gaza, où reposent selon la tradition les reliques de cet ermite et évêque de Gaza du Ve siècle.
Elle est située non loin de l’hôpital al-Ahli al-Arab où une frappe imputée à Israël a fait 471 morts mardi soir, selon les autorités locales.
« Il n’y a plus d’endroit sûr »
Ramzi Khoury, chef du Comité supérieur pour les affaires ecclésiastiques en Palestine, a déclaré que la frappe indiquait « l’intention d’Israël d’anéantir le peuple palestinien ».
« Cibler des lieux de culte constitue un crime de guerre, et le droit international indique clairement que les lieux de culte ne peuvent en aucun cas être soumis à des attaques », a-t-il rappelé dans un communiqué.
L’armée israélienne a reconnu vendredi avoir mené la veille un raid aérien dans le secteur, tout en rejetant la faute sur le Hamas.
« Plus tôt aujourd’hui [jeudi], des avions de combat des Forces de défense d’Israël ont attaqué le centre de commandement et de contrôle d’un terroriste du Hamas impliqué dans des tirs de roquettes et de mortiers vers Israël », a affirmé un porte-parole de l’armée interrogé par l’AFP.
Ce centre « servait à mener des attaques contre Israël et abritait une infrastructure terroriste appartenant à l’organisation terroriste du Hamas », a-t-il ajouté.
L’armée a accusé le Hamas de se positionner « intentionnellement dans les zones peuplées par des civils » et d’utiliser « les habitants de la bande de Gaza comme des boucliers humains » – une allégation courante des forces israéliennes lorsqu’elles ciblent des infrastructures civiles, démentie par les factions palestiniennes.
Le nombre de chrétiens dans la bande de Gaza, pour la plupart des orthodoxes, est en baisse régulière depuis des années en raison principalement du siège imposé par Israël à la bande côtière depuis seize ans et de ses nombreuses opérations militaires meurtrières.
Israël impose par ailleurs des restrictions aux chrétiens de Gaza souhaitant célébrer les festivités de Noël ou de Pâques à l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem-Est et à la basilique de la Nativité à Bethléem, dans les territoires palestiniens occupés.
Selon des responsables chrétiens locaux, ils ne seraient plus qu’un millier aujourd’hui à Gaza.
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