« Nous pourrions perdre les États-Unis » si les juifs américains persistaient à soutenir le BDS, estime un ministre israélien
Le ministre israélien de la Diaspora a émis une mise en garde : le soutien persistant des juifs américains progressistes aux mouvements Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) et Black Lives Matter (BLM) pourrait mettre en péril le soutien américain à Israël.
S’exprimant dans un podcast présenté par l’American Jewish Committee (AJC), Nachman Shai a expliqué que si Israël voulait renverser la vapeur, il devait miser davantage sur ses liens avec les juifs américains.
« Si davantage de juifs américains de la gauche radicale et progressistes continuent à soutenir le BDS et Black Lives Matter, et, comme les Palestiniens […] désignent Israël comme un État génocidaire ou un État d’apartheid, nous pourrions perdre l’Amérique », estime Shai.
La campagne BDS est un mouvement non violent qui encourage les individus, les nations et les organisations à censurer les violations constantes des droits de l’homme et du droit international par Israël à travers divers boycotts.
Le mouvement Black Lives Matter est né en 2013 après l’acquittement du Floridien qui a abattu Trayvon Martin, un adolescent afro-américain de 17 ans. Le mouvement a acquis une ampleur et une influence sans précédent l’année dernière après le meurtre de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, par un policier blanc de Minneapolis.
L’année dernière, plus de 600 organisations juives aux États-Unis ont signé une lettre exprimant leur soutien au mouvement BLM.
En revanche, la grande majorité des organisations juives américaines ne soutiennent pas le BDS, à l’exception d’un petit groupe d’associations progressistes, notamment Jewish Voice for Peace, qui a énoncé son soutien au mouvement de boycott.
« Je dois m’assurer que des centaines de milliers d’entre vous resteront avec nous », a déclaré Shai. « Nous avons besoin de vous – pas seulement pour vos dons et les autres moyens de soutenir Israël, qui sont très appréciés. »
Le ministre a ajouté qu’il comptait sur les juifs américains pour influencer « le discours public américain » au bénéfice d’Israël.
Un fossé entre Israël et les juifs américains
Les commentaires de Nachman Shai interviennent dans le contexte d’un fossé grandissant entre le gouvernement israélien conservateur et la communauté juive américaine, minorité historiquement progressiste aux États-Unis.
En juillet, un sondage mené auprès d’électeurs juifs américains quelques semaines après la dernière offensive d’Israël sur Gaza a révélé qu’un quart des sondés étaient accord avec l’affirmation « Israël est un État d’apartheid » et 28 % ne considéraient pas cet énoncé antisémite.
Ce sondage, commandé par le Jewish Electorate Institute, indique en outre que 34 % sont d’accord pour dire que « le traitement par Israël des Palestiniens est similaire au racisme aux États-Unis » et que 22 % s’accordent à dire qu’« Israël commet un génocide contre les Palestiniens ».
Toujours en juillet, une coalition d’organisations juives progressistes a défendu le fabricant de glaces Ben & Jerry’s pour sa décision d’interrompre la vente de ses produits dans les colonies israéliennes.
Dans le podcast, le ministre israélien de la Diaspora a également rejeté la stratégie consistant à « compter sur [le soutien] d’autres groupes en Amérique aujourd’hui », référence apparente aux remarques de l’ancien ambassadeur israélien aux États-Unis, Ron Dermer.
Ce dernier estime qu’Israël doit donner la priorité au « soutien passionné et sans équivoque » des chrétiens évangéliques par rapport à celui des juifs américains. Selon lui, « l’épine dorsale du soutien à Israël aux États-Unis, ce sont les chrétiens évangéliques ».
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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