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« Les Palestiniens n’existent pas », selon le ministre israélien Bezalel Smotrich

Cette déclaration du ministre israélien d’extrême droite a suscité une vive réaction côté palestinien, le Premier ministre Mohammad Shtayyeh dénonçant des propos « incendiaires » et racistes
Le ministre israélien d’extrême droite Bezalel Smotrich photographié en mars 2023 (AFP)

Le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, a nié ce dimanche à Paris l’existence des Palestiniens comme individus et comme peuple.

« Il n’y a pas de Palestiniens car il n’y a pas de peuple palestinien », a déclaré Smotrich, figure de l’extrême droite israélienne, en citant les propos de Jacques Kupfer, militant sioniste franco-israélien membre du Likud, lors d’une cérémonie à sa mémoire à Paris, selon une vidéo de l’événement circulant sur les réseaux sociaux.

« Après 2 000 ans d’exil, les prophéties de Jérémie, d’Ezéchiel et d’Isaïe [prophètes de la Bible hébraïque] commencent à se réaliser et Dieu tout puissant rassemble son peuple : le peuple d’Israël retourne chez lui après 2 000 ans d’exil et d’errance », a affirmé Smotrich, qui avait provoqué récemment un tollé international en appelant à « anéantir » la localité palestinienne de Huwara, en Cisjordanie occupée, après le meurtre de deux Israéliens suivi d’une violente attaque de colons contre le village.

« Il y a des Arabes autour qui n’aiment pas cela, alors que font-ils ? Ils inventent un peuple fictif et prétendent à des droits fictifs sur la terre d’Israël, seulement pour combattre le mouvement sioniste », a-t-il ajouté.

S’exprimant devant une tribune ornée d’une carte basée sur le blason de la milice sioniste Irgoun, qui montre Israël à cheval sur la Cisjordanie et la Jordanie, Smotrich a déclaré que les gouvernements français et américain devaient entendre « cette vérité » sur les Palestiniens.

« C’est la vérité historique, c’est la vérité biblique [...] et cette vérité, les Arabes en Israël doivent l’entendre de même que certains juifs qui sont confus en Israël, cette vérité doit être entendue ici au palais de l’Élysée, et à la Maison Blanche à Washington, et tout le monde doit entendre cette vérité, car c’est la vérité », a-t-il soutenu.

« Je suis palestinien »

« Savez-vous qui sont les Palestiniens ? », a-t-il ensuite demandé. « Je suis palestinien. »

Smotrich faisait référence à sa grand-mère, née dans la ville de Metula, dans le nord d’Israël, il y a plus d’un siècle, et à son défunt grand-père, un Jérusalémite de la treizième génération. Smotrich avait précédemment déclaré que son nom de famille était dérivé de la ville ukrainienne de Smotrych, où ses ancêtres auraient vécu. 

Cette déclaration a suscité une vive réaction côté palestinien, le Premier ministre Mohammad Shtayyeh dénonçant lundi des propos « incendiaires » et racistes.

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Ces propos selon lesquels « il n’y a pas de peuple palestinien et que celui-ci est une invention des cent dernières années est une preuve irréfutable du racisme de l’idéologie sioniste extrémiste [...] du gouvernement israélien actuel », a déclaré Shtayyeh à l’ouverture du Conseil des ministres palestiniens, condamnant des « propos incendiaires » alors que le conflit israélo-palestinien est aspiré dans une nouvelle spirale de violences depuis le début de l’année.

L’idée selon laquelle il n’y aurait pas de peuple palestinien et les juifs israéliens seraient les vrais Palestiniens est utilisée depuis longtemps par certains politiques et partisans d’Israël.

Bezalel Smotrich est une personnalité très controversée. Début mars, les États-Unis avaient condamné son appel à anéantir le village palestinien de Huwara, le qualifiant de « répugnant », « irresponsable » et « dégoûtant ». La diplomatie française avait fait de même quelques jours plus tard, dénonçant des propos « inacceptables, irresponsables et indignes ». 

Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé la semaine dernière que les représentants du gouvernement à Paris n’avaient pas l’intention de rencontrer Smotrich lors de sa visite dans le pays.

En plus d’être ministre des Finances, ce dernier détient désormais des pouvoirs importants sur la Cisjordanie occupée, ce qui, selon des avocats spécialisés dans les droits de l’homme, équivaut à une « annexion de jure ».

L’ancien ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a déclaré que Smotrich, qui s’est également qualifié de « fier homophobe », voulait « une autre Nakba », en référence aux violences dont ont été victimes les populations palestiniennes autochtones lors de la création de l’État d’Israël en 1948.

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