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Une « escalade dangereuse » : Israël tue trois Palestiniens dans une frappe de drone en Cisjordanie

Il s’agit de la première attaque aérienne en Cisjordanie occupée depuis près de vingt ans
Un drone israélien a frappé une voiture transportant trois Palestiniens près de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 21 juin 2023 (réseaux sociaux)

L’armée israélienne a tué mercredi trois Palestiniens dans une frappe de drone près de Jénine, première attaque aérienne en Cisjordanie occupée en près de vingt ans.

La Défense civile palestinienne a déclaré que les restes de trois hommes avaient été retrouvés sur le lieu de l’attaque mais que les forces israéliennes retenaient les corps.

L’armée israélienne a confirmé l’attaque et affirmé qu’elle visait une escouade de combattants palestiniens près du poste de contrôle militaire de Jalamah, qui se trouve à environ 5 km au nord de la ville de Jénine.

« Depuis que la décision a été prise d’autoriser cette frappe, l’armée va probablement continuer à avoir recours à de tels assassinats ciblés. Ce n’était pas arrivé depuis 2006 »

- Mohammad Atiq, activiste basé à Jénine

Les Brigades de Jénine ont indiqué que deux des hommes tués, le commandant Sohaib al-Ghoul et le combattant Ashraf al-Saadi, appartenaient à la branche militaire du mouvement du Jihad islamique palestinien, les Brigades al-Qods (Saraya al-Qods).

Le groupe militant a ajouté que le troisième homme était Mohammad Owais, un chef des Brigades des martyrs d’al-Aqsa affiliées au Fatah.

Selon Awni Almashni, un militant politique du Fatah, l’attaque par drone – premier assassinat ciblé en Cisjordanie depuis la deuxième Intifada au début des années 2000 – marque une « escalade dangereuse ».

« Cela signifie qu’Israël n’a pas réussi à faire face à la montée de la résistance armée palestinienne sur le terrain au cours des deux dernières années », a-t-il souligné.

Les mouvements palestiniens Hamas et Jihad islamique ont dénoncé l’attaque mercredi soir et prévenu qu’Israël en « payerait le prix ».

Pour Mohammad Atiq, un militant basé à Jénine, la décision de recourir à des frappes aériennes en Cisjordanie intervient après des mois d’hésitation de la part de l’armée.

« Depuis que la décision a été prise d’autoriser cette frappe, l’armée va probablement continuer à avoir recours à de tels assassinats ciblés », explique-t-il à Middle East Eye.

« Ce n’était pas arrivé depuis 2006. »

« Une nouvelle réalité en Cisjordanie »

L’assassinat par drone est survenu deux jours seulement après que l’armée israélienne eut déployé des hélicoptères d’attaque Apache à Jénine lors d’un raid qui a causé la mort de 7 Palestiniens, dont une adolescente de 15 ans qui a succombé à ses blessures le surlendemain, et en a blessé 91.

Les hélicoptères ont été déployés pour aider à évacuer les commandos israéliens qui étaient pris dans une embuscade tendue par des combattants palestiniens.

Après le raid, mardi, deux Palestiniens ont abattu quatre colons israéliens près de la colonie d’Eli, près de Naplouse, avant d’être abattus.

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Des dizaines de colons israéliens ont ensuite incendié des maisons, des véhicules et des terres agricoles dans des villes et villages palestiniens près de Naplouse et Ramallah mardi et mercredi.

La violence des colons a causé la mort d’un Palestinien dans la ville de Turmusaya et des dizaines de blessés.

« Je suis sorti et j’ai vu des colons approcher, un groupe d’hommes masqués qui tentaient de jeter des pierres sur notre maison », a témoigné auprès de l’AFP Mohammed Abdallah, Palestino-Américain de 18 ans en visite à Turmusayya, où résident de nombreux Palestino-Américains. « Ils étaient armés […] nous avons tous peur », a-t-il ajouté.

Selon l’activiste du Fatah Awni Almashni, les attaques de colons combinées aux frappes aériennes de l’armée pourraient déclencher une nouvelle résistance armée palestinienne en Cisjordanie, y compris de la part de membres de l’Autorité palestinienne (AP).

« Lorsque les agents de sécurité de l’AP verront leurs pères et leurs mères se faire attaquer, ils utiliseront naturellement leurs armes pour riposter », a déclaré Almashni.

« Nous sommes confrontés à une nouvelle réalité en Cisjordanie. L’approche qui a dicté la vie au cours des 30 dernières années – accords d’Oslo, voisins amicaux, etc. – est révolue. »

Le Maroc suspend la tenue du sommet du Néguev

En réaction à l’attaque près d’Eli, le gouvernement israélien a décidé mercredi d’accélérer un projet de construction de 1 000 logements dans cette colonie.

« Notre réponse au terrorisme est de le frapper avec force et de construire notre pays », a affirmé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou dans un communiqué, faisant fi des appels répétés de l’ONU à cesser l’expansion de la colonisation israélienne en Cisjordanie.

« Lorsque les agents de sécurité de l’AP verront leurs pères et leurs mères se faire attaquer, ils utiliseront naturellement leurs armes pour riposter »

- Awni Almashni, activiste du Fatah

Pour protester contre cette décision, le Maroc a suspendu la tenue du sommet du Néguev, un forum diplomatique de haut niveau entre des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël.

Mercredi, Bloomberg a cité un responsable marocain anonyme affirmant que Rabat avait reporté indéfiniment le forum pour envoyer un message à Israël sur ses plans d’expansion des colonies. Les médias israéliens avaient signalé l’annulation plus tôt, mais les comptes rendus divergeaient quant à savoir si c’étaient les États-Unis ou le Maroc qui avaient annulé le forum.

Le sommet du Néguev s’est tenu pour la première fois l’année dernière en Israël, réunissant des diplomates de haut niveau des Émirats arabes unis, de Bahreïn, d’Égypte, du Maroc et des États-Unis. La Jordanie a maintenu fermement sa position contre l’adhésion au sommet tant que les Palestiniens n’y participeront pas.

Le Maroc devait accueillir l’événement cette année et les pays concernés ont tenu une série de réunions pour planifier le sommet. Une réunion a été ajournée en mars en raison de la recrudescence des tensions en Cisjordanie occupée. Axios a rapporté plus tôt ce mois-ci que le Maroc avait demandé à ce que la réunion soit reportée en juin en raison de la fête islamique de l’Aïd al-Adha. Le sommet devait se tenir en juillet.

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Les États-Unis ont pour leur part exprimé mercredi leur « profonde inquiétude » face à la flambée de violences en Cisjordanie, et fait part d’« informations troublantes de violences extrémistes par des colons contre des civils palestiniens ».

Depuis le début de l’année, les soldats et colons israéliens ont tué au moins 170 Palestiniens, dont 25 mineurs.

Au total, 134 décès ont été enregistrés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et 36 autres dans la bande de Gaza.

Au cours de la même période, au moins 24 Israéliens ont été tués par des Palestiniens.

Traduit de l’anglais (original par Lubna Masarwa à Jérusalem). Informations complémentaires de l’AFP.

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