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Des ONG internationales de défense des droits de l’homme condamnent fermement le sommet UE-Israël

Alors que l’Union européenne traverse une crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, Israël entend profiter du sommet pour consolider ses intérêts
L’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont forgé une relation étroite sur le plan énergétique lors de leur rencontre en Israël en juin (Reuters)

Des groupes internationaux de défense des droits de l’homme condamnent le sommet UE-Israël prévu aujourd’hui, affirmant qu’il ne ferait que légitimer l’« apartheid » qui affecte actuellement les Palestiniens

Selon un communiqué d’Amnesty International, « Israël commet un crime d’apartheid à l’encontre des Palestiniens » et « toute coopération doit se focaliser sur le démantèlement du système cruel d’oppression et de domination employé par Israël ».

L’UE cherche à redynamiser ses relations avec Israël à l’occasion du sommet prévu ce lundi, le premier entre les deux parties depuis 2012, en grande partie en raison de son besoin de diversifier ses ressources énergétiques dans le sillage de la guerre en Ukraine

Ce sommet, baptisé Conseil d’association UE-Israël, a été annulé par Israël en 2013 après la publication par l’UE d’une directive qui a fait l’effet d’une bombe, selon laquelle tous les accords futurs avec Israël excluraient les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés.

« Les responsables européens doivent savoir qu’ils serreront la main de représentants d’un gouvernement qui commet des crimes contre l’humanité et qui a interdit d’importants groupes de la société civile opposés à ces abus »

- Human Rights Watch

Les entités israéliennes souhaitant obtenir un financement de l’UE devaient désormais démontrer activement l’absence de tout lien direct ou indirect avec la Cisjordanie, Jérusalem-Est ou le plateau du Golan occupés.

Si la politique officielle de l’UE à ce sujet n’a pas changé, Israël a décidé de confirmer le sommet. Des organismes de défense des droits de l’homme craignent toutefois que Bruxelles ne finisse par céder.

« Les autorités israéliennes soumettent les Palestiniens à des saisies de terres, à des meurtres illégaux, à des transferts forcés et à de sévères restrictions de circulation, tout en leur refusant leur humanité et une égalité de citoyenneté et de statut », indique Amnesty International en amont du sommet.  

« L’UE ne peut prétendre partager des engagements en matière de droits de l’homme avec un État qui pratique l’apartheid et qui a fermé ces derniers mois des bureaux d’organisations réputées de la société civile palestinienne », souligne Amnesty. 

Plus tôt cette année, les forces israéliennes ont perquisitionné et fermé les bureaux de sept ONG palestiniennes : Al-Haq, Addameer, le Centre Bisan pour la recherche et le développement, Défense des Enfants International – Palestine, l’Union des comités de femmes palestiniennes, l’Union des comités de travail agricole et l’Union des comités des travailleurs de la santé.

« Des crimes contre l’humanité »

Human Rights Watch (HRW) a également condamné le sommet dans un communiqué. 

« Les responsables européens doivent savoir qu’ils serreront la main de représentants d’un gouvernement qui commet des crimes contre l’humanité et qui a interdit d’importants groupes de la société civile opposés à ces abus », indique l’ONG.

Il est également peu probable que ce sommet offre aux dirigeants de l’UE l’occasion de faire part de leurs préoccupations aux dirigeants israéliens, souligne Grace O’Sullivan, eurodéputée issue du Parti vert irlandais, interrogée par Middle East Eye.

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« On m’a dit que le Premier ministre Lapid n’y assisterait même pas en personne », ajoute-t-elle, jugeant « décevant que l’UE ait organisé cette rencontre durant la semaine de Yom Kippour, puisque cela limitera [son] engagement vis-à-vis des dirigeants israéliens ».

L’eurodéputée précise qu’elle surveillera de près ce que Josep Borrell, le haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, déclarera après sa rencontre avec ses interlocuteurs israéliens, notamment quant à savoir si les droits de l’homme et les colonies occupées seront mentionnés.

« Le traitement des Palestiniens et la mise en place de mesures réelles en faveur d’un État palestinien devraient être au centre de ces rencontres », estime-t-elle.

« J’aimerais également voir des avancées en ce qui concerne le meurtre de [la journaliste américano-palestinienne] Shireen Abu Akleh et l’arrestation de plus de 25 journalistes palestiniens par Israël rien que cette année. La liberté de la presse est gravement menacée en Israël et dans les territoires occupés. » 

Un tout autre ordre du jour

Cependant, l’atmosphère actuelle à Bruxelles et à Tel Aviv laisse envisager un tout autre ordre du jour. 

La visite effectuée en juin dernier en Israël par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans le but de renforcer la coopération énergétique, n’est pas passée inaperçue en Israël compte tenu des opportunités qu’elle pourrait apporter au pays. 

Traduction : « Très heureuse d’être en Israël. Travaillons main dans la main pour renforcer le partenariat entre l’UE et Israël. Ma visite sera axée sur la sécurité énergétique et alimentaire, l’intensification de la coopération en matière de recherche, de santé et de protection de l’environnement. Nous discuterons également de la situation régionale et des efforts visant à bâtir un Moyen-Orient sûr. »

Dans la foulée de la visite de la dirigeante, Oded Eran, ancien ambassadeur d’Israël auprès de l’Union européenne, a déclaré que la situation énergétique délicate en Europe offrait à Israël l’occasion d’approfondir ses relations avec Bruxelles.

En août, Israël a enregistré une augmentation de 50 % des redevances sur les exportations de gaz en 2022, soutenue par des prix mondiaux record, alors que l’Europe est confrontée à une pénurie énergétique imminente à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.

Bien que limitée, la capacité d’Israël à répondre à la demande européenne n’est pas négligeable. Ainsi, alors que l’UE a importé environ 155 milliards de mètres cubes de Russie en 2021, Israël pourrait être en mesure de lui fournir environ 10 milliards de mètres cubes par an.

Traduit de l’anglais (original) partiellement par VECTranslation.

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