Crash d’un avion de ligne en 1980 : un ancien Premier ministre italien accuse la France d’avoir tenté de tuer Kadhafi
Un ancien président du Conseil des ministres d’Italie a accusé samedi la France et les États-Unis d’être responsables de la mort de 81 passagers dans un mystérieux crash aérien il y a plus de 40 ans, lors d’une tentative d’assassinat manquée contre l’ancien président libyen Mouammar Kadhafi.
Dans la soirée du 27 juin 1980, le vol Itavia 870, avec 81 personnes à son bord, s’écrase près de l’île d’Ustica (au nord de la Sicile), entraînant la mort des passagers et des membres d’équipage. Il s’agit de l’une des pires catastrophes aériennes de l’histoire de l’Italie.
Dans une interview explosive publiée samedi par le journal La Repubblica, l’ancien Premier ministre Giuliano Amato a déclaré soutenir l’affirmation selon laquelle la France, avec l’aide de Washington, aurait cherché à éliminer le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, croyant qu’il se trouvait à bord de l’avion visé. L’avion de ligne a été abattu par un missile tiré par un avion de combat français, a affirmé Amato.
« La version la plus crédible est celle de la responsabilité de l’armée de l’air française, avec la complicité des Américains », a-t-il déclaré, ajoutant que cela avait été fait « dans l’intention d’‘’éliminer Kadhafi’’ ».
Le gouvernement français n’a pas encore répondu à ces allégations, mais Paris et Washington ont toujours nié toute implication dans cette tragédie.
Selon Amato, le secrétaire national du parti socialiste italien à l’époque, Bettino Craxi, connu pour être un proche du colonel Kadhafi, avait « entendu dire » qu’il courait un danger s’il pénétrait dans l’espace aérien italien et l’avait prévenu.
Samedi, le fils de Craxi a écrit sur X (anciennement Twitter) que son père avait en effet prévenu Kadhafi « mais en 1986 », soit six ans après la catastrophe, a-t-il précisé.
En 2003, Kadhafi a accusé les États-Unis d’avoir tenté de l’assassiner à cette époque.
Amato a demandé au président français Emmanuel Macron de « nettoyer la honte qui pèse sur la France », soit en démontrant que cette thèse est infondée, soit, si elle est confirmée, en présentant « les plus sincères excuses à l’Italie et aux familles des victimes ».
Un procès pénal impliquant plusieurs hauts responsables militaires italiens, soupçonnés de dissimulation d’informations dans cette affaire, s’est conclu en 2007 par leur acquittement par la Cour de cassation.
La Première ministre italienne Giorgia Meloni a demandé à Amato de fournir des preuves concrètes pour étayer ses accusations.
« Je demande au Premier ministre Amato, outre ses déductions, de nous indiquer s’il possède des éléments susceptibles de contester les conclusions du pouvoir judiciaire et du Parlement et de les mettre à la disposition du gouvernement », a-t-elle dit.
Traduit de l’anglais (original).
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