Les sept principaux styles de calligraphie arabe
La calligraphie arabe, reconnaissable dans les logos de marques arabes telles qu’Al Jazeera, est une forme d’art qui remonte à plusieurs siècles avec une histoire riche en anecdotes.
Connue pour ses caractères fluides et incurvés, et surtout écrits à la main à l’encre colorée sur carton ou papier épais, la calligraphie constitue une partie importante du patrimoine arabe culturel du Moyen-Orient, où ceux qui l’étudient passent des années à apprendre de leurs aînés pour maîtriser cette compétence très respectée.
Les matériaux originaux sont le parchemin, le cuir et le bois et l’une des raisons pour lesquelles la calligraphie a vu le jour, c’était pour garder une trace et préserver des écrits tels que le Coran.
Comme elle transmettrait l’harmonie et la beauté de la parole, la calligraphie est souvent utilisée pour écrire de la poésie ou des messages puissants.
Une grande partie de l’apparence des caractères tient aux outils de l’artiste. Afin d’obtenir les lignes nettes et lisses recherchées, les calligraphes apprennent à aiguiser leurs stylos et à préparer leur propre encre.
Traditionnellement, ils utilisaient des roseaux creux séchés et coupés en pointe, ainsi que du bambou et d’autres plantes.
Au fil des siècles, la calligraphie arabe, inscrite par l’UNESCO sur sa liste du patrimoine culturel immatériel en 2022, s’est développée sous diverses formes distinctes.
Différents styles ont vu le jour en fonction des influences locales et des approches philosophiques, ce qui rend relativement facile de dater la période à laquelle un manuscrit coranique a été produit et d’où il vient.
Middle East Eye se penche sur sept styles de calligraphie.
1. Le coufique
Originaire de la ville de Koufa dans le sud de l’Irak, autrefois centre d’apprentissage islamique, l’écriture coufique est l’un des styles les plus célèbres et les plus abondants de la calligraphie arabe.
Ce style, qui s’est développé entre le VIIe et le Xe siècle, est gravé sur d’anciennes mosquées et palais de l’Espagne à l’Afrique du Nord en passant par l’Iran, ainsi que dans des écrits religieux, en particulier dans les premiers manuscrits du Coran.
On l’a vu commencer à apparaître sur les pierres tombales, les bâtiments et les pièces de monnaie au cours des siècles suivants.
Le coufique est connu pour ses lignes verticales courtes et ses longs traits horizontaux, le tout en typographie de type gras, le produit final ayant souvent l’air « carré ».
L’aspect espacé de ce style le rendait relativement facile à lire, ce qui était utile pour les premiers convertis à l’islam qui voulaient lire le Coran. À cette époque pré-imprimerie, la tâche de reproduction du texte aurait été facilitée par l’accent mis par le coufique sur des coups de pinceau clairs et larges.
2. Le divani
Ce style ottoman a été introduit au cours des XVIe et XVIIe siècles, et se distingue par sa cursivité et sa fluidité.
Largement utilisé à des fins ornementales et décoratives, le divani a été développé sous le règne du sultan Soliman le Magnifique par Housam Roumi.
Pendant le règne de Soliman entre 1520 et 1566, il était utilisé pour des documents importants, des décrets et de la correspondance juridique.
Il est resté en usage officiel jusqu’au XXe siècle, et est aujourd’hui utilisé principalement sur les cartes de vœux et les invitations de mariage.
Son nom vient du mot « divan », organisation administrative ottomane où se réunissaient les hauts fonctionnaires.
Traditionnellement, le divani était écrit à l’encre noire ou à la peinture dorée. Les entrelacs le rendaient également plus difficile à lire que d’autres styles.
3. Le thuluth
« Troisième » en arabe, le nom thuluth tient au fait que ce style faisait un tiers de la taille des autres styles utilisés pendant la période omeyyade.
Nécessitant des connaissances complexes à maîtriser en matière de proportions, le thuluth se caractérise par ses lettres courbes et son aspect légèrement cursif.
Ce style de typographie a été rarement utilisé pour écrire le Coran, et se trouve surtout sur les manuscrits, les pierres tombales et les céramiques.
Le tissu qui recouvre la Kaaba dans la ville sainte musulmane de La Mecque est un exemple notable de thuluth.
Cette calligraphie est fréquemment utilisée dans l’art pour représenter la forme d’un animal ou de figures humaines.
En raison de l’espacement des caractères et de la typographie légèrement plus grande, il est plus facile à lire que d’autres styles.
4. Le naskh
Le naskh, qui en arabe signifie « copier », est une forme arrondie et fluide de calligraphie qui est principalement utilisée pour transcrire le Coran et d’autres écrits islamiques, ainsi que des manuscrits littéraires et culturels.
Il est facilement lisible et les preuves de son utilisation remontent au premier siècle après la création de l’islam.
Ce style, légèrement plus petit que les autres formes de calligraphie, permet à l’écrivain de déplacer son stylo plus rapidement et est donc pratique pour copier des textes volumineux.
On pense qu’il a été popularisé par le calligraphe et ministre abbasside Ibn Muqla al-Shirazi au IXe siècle et découle de l’écriture coufique.
Plus tard, les calligraphes turcs et arabes ont également contribué à développer ce style.
5. Le rayhani
Le nom rayhani vient de la plante appelée rayhan, qui signifie « plante odorante » et désigne le myrte ou le basilic.
Cette écriture tire son nom de son style facile à lire et esthétique. Elle est utilisée pour le texte coranique.
On dit que le rayhani est né au cours de l’ère abbasside. Son invention est attribuée à Ibn As-Sitri, qui avait passé sa carrière à affiner des écritures de calligraphie antérieures.
Étudiant en droit, il avait mémorisé tout le Coran et en aurait produit 64 exemplaires à la main.
Le rayhani comporte une pointe prononcée sur les lettres initiales des mots, ce qui le distingue des autres écritures. Il a des lettres plus pointues que le style naskh.
6. Le muhaqqaq
Le terme muhaqqaq signifie « accompli » ou « clair » en arabe et a été utilisé pour décrire toute calligraphie d’exception.
En raison de sa lisibilité, il était un style privilégié pour transcrire le Coran, et est considéré comme l’une des plus belles formes d’écriture arabe par les calligraphes.
L’une des premières références au style muhaqqaq se trouve dans le Kitab al-Fihrist, un recueil du savoir et de la littérature dans le monde islamique du Xe siècle, compilé par Idn al-Nadim.
Le livre a servi d’ouvrage de référence pour la littérature médiévale et islamique.
7. Le riqa
Développé à la fin du XIXe siècle, ce style de calligraphie comprend des éléments de thuluth, mais est plus arrondi et a des lignes horizontales plus courtes.
Le mot riqa vient du nom arabe ruqa, qui signifie pièce ou morceau de matériau – ce nom a été donné à ce style parce que les gens l’utilisaient sur de petits morceaux de parchemin.
Ce style d’écriture densément structuré a été privilégié par les calligraphes ottomans et affiné par les créateurs de l’empire.
Il se distingue par sa qualité similaire en quelque sorte à une écriture manuscrite ordinaire tout en conservant l’élégance et les qualités esthétiques de la calligraphie traditionnelle.
Aujourd’hui, ce style est utilisé dans la conception graphique moderne, les magazines et les publicités.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].