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Liban : un père hypothèque une voiture à l’hôpital pour récupérer la dépouille de son bébé

Hussein al-Baarani n’avait pas assez d’argent pour payer les soins de son bébé de 25 jours, décédé à l’hôpital Habtoor dans le nord du Liban
Un énième drame qui rappelle la situation catastrophique qui frappe les Libanais (Twitter)
Un énième drame qui rappelle la situation catastrophique qui frappe les Libanais (Twitter)
Par MEE

Une image bouleverse profondément le Liban, une illustration de plus de la détresse des Libanais face à la grave détérioration de leurs conditions de vie.

Un homme, Hussein al-Baarini, porte dans ses bras le corps inanimé de son fils, décédé à 25 jours de sa naissance, emmitouflé dans un tissu bleu. L’image a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux au Liban, car au-delà de la photo tragique, l’histoire l’est encore plus.

Traduction : « Il a hypothéqué sa voiture à l’hôpital, puis ils lui ont remis son fils mort, dans ce qu’on appelle une ‘’patrie’’. Un citoyen de la ville de Fnaidek a hypothéqué sa voiture auprès de l’hôpital Habtoor après que l’administration a refusé de remettre le corps de l’enfant, sa facture s’élevait à 2 500 dollars. Le père n’a pas pu la payer, alors il leur a donné la voiture comme hypothèque et est rentré chez lui à pied. »

D’après plusieurs médias libanais locaux, Hussein al-Baarini, originaire de Fnaidek, dans le gouvernorat septentrional du Akkar, a été obligé d’hypothéquer à l’hôpital la voiture de son neveu pour pouvoir récupérer la dépouille de son fils, décédé dans sa couveuse et dont les soins ont couté 2 400 dollars que le père ne pouvait payer.

Traduction : « Comme si la mort de son bébé n’était pas assez dure, Husseil al-Baarini hypothèque la voiture de son neveu pour sortir le corps de son fils de l’hôpital. »

Le père raconte que le médecin qui suivait le cas de son fils, en couveuse depuis 25 jours, l’a appelé pour l’informer du décès du bébé. Arrivé à l’hôpital Khalaf al-Habtoor à Hrar, dans le Akkar, la responsable de la comptabilité de l’établissement lui a demandé de payer les frais des soins, 2 400 dollars. Une association lui avait auparavant fait don de 350 dollars et il était en possession d’une somme de 400 dollars, mais il devait encore payer la totalité de ce qu’exigeait de lui l’hôpital.

« Je n’avais pas le reste de la somme, alors la responsable de la comptabilité m’a demandé s’il pouvait trouver un garant, mais la personne avait son téléphone éteint. Alors elle m’a demandé de laisser là la voiture que j’ai prise pour me rendre à l’hôpital pour pouvoir récupérer la dépouille du bébé », raconte Hussein al-Baarani.

« Inacceptable »

La responsable de la comptabilité a fini par lui prendre les clés de la voiture de son neveu « quand elle a su que la voiture coûtait dans les 2 000 dollars », témoigne encore le père. « J’ai laissé la voiture sur place, et je suis rentré chez moi à pied avec la dépouille de mon fils », poursuit-il. C’est cette scène, le père marchant avec la dépouille du petit Ahmed Hussein dans les bras, qu’on voit sur la photo qui a choqué tant d’internautes.

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Mais quelque temps après, des hommes armés ont fait irruption dans l’hôpital, ont tiré en l’air et ont repris la voiture. Les médias locaux n’ont pas donné plus de détails sur cet incident. Par contre, d’autres médias ont annoncé que la responsable de la comptabilité avait été déférée en conseil de discipline par les responsables de cet hôpital privé, propriété d’un homme d’affaires émirati.

Ce dernier, Khalaf Ahmad al-Habtoor, a twitté un message de prière pour le bébé, tout en disant « refuser tout comportement qui favorise l’intérêt aux dépens des positions humanistes ». Le riche homme d’affaire a également exigé des « éclaircissements » à l’administration de l’hôpital.  

« Le bébé est resté 25 jours en couveuse et ses soins étaient très onéreux, mais nous n’avons pas ménagé d’efforts pour lui prodiguer les soins nécessaires », a twitté le directeur de l’hôpital, le docteur Rabii Assamad, qui a précisé : « Ce qui s’est passé avec le père est inacceptable, et l’employée sera sévèrement sanctionnée. »

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