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Comment Mohammed VI conditionne sa réponse à l’invitation de Netanyahou

Le souverain marocain joue l’équilibre entre sa politique de normalisation avec Israël et son statut de « défenseur » des droits des Palestiniens
Mohammed VI veut s’imposer comme l’intermédiaire principal entre Abbas et Netanyahou (AFP)
Mohammed VI veut s’imposer comme l’intermédiaire principal entre Abbas et Netanyahou (AFP)
Par MEE

Comment concilier normalisation avec Israël et opinion publique en colère ? C’est à quoi semble s’atteler le roi du Maroc, Mohammed VI, qui tente de « négocier » au prix le plus acceptable pour son opinion interne son rapprochement public avec Israël.

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D’après la lettre confidentielle Africa Intelligence, le souverain marocain, qui a acté la normalisation le 10 décembre, tente de conditionner l’invitation faite par Benyamin Netanyahou à se rendre en Israël par plusieurs actions politiques et symboliques afin de maintenir son statut d’« ardent défenseur de la cause palestinienne ».      

« Un moyen de s’impliquer dans le dossier, tout en désamorçant les accusations de ‘’trahison’’ à ce sujet, alimentées par une frange du parti islamiste PJD [Parti de la justice et du développement] au pouvoir. Celles-ci trouvent un large écho dans l’opinion publique, pas seulement chez les islamistes, mais aussi dans l’opposition de gauche, et jusque dans une partie de l’intelligentsia de Rabat et Casablanca », peut-on lire.

D’abord, Mohammed VI souhaiterait, durant sa visite en Israël, dont la date n’a pas encore été fixée, rencontrer le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, en tentant de s’imposer comme l’intermédiaire principal pour redémarrer les pourparlers, rompus depuis février 2020, entre Israël et l’AP.    

En janvier 2020, l’AP de Mahmoud Abbas a qualifié l’accord de normalisation entre les Émirats arabes unis et de « trahison » de la cause palestinienne, le règlement du conflit israélo-palestinien étant jusque-là considéré comme une condition sine qua non pour une normalisation entre Israël et les États arabes.

« Apparaître en médiateur de bonne foi »

On se rappelle aussi que le roi du Maroc avait, le 23 décembre, alors qu’il recevait une délégation américano-israélienne, appelé Mahmoud Abbas, lui assurant qu’il ne renoncerait « jamais à son rôle dans la défense des droits légitimes du peuple palestinien ».

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« Cette mission de bons offices lui permettrait d’apparaître en médiateur de bonne foi dans le conflit israélo-palestinien, voire de faciliter d’autres normalisations entre des États arabes et Israël », soutient Africa Intelligence.

Mais cette « mission de bons offices » risque de se heurter à plusieurs obstacles sérieux. Netanyahou, qui s’active pour sa réélection après la dissolution de la Knesset fin décembre, poursuit sa politique de colonisation massive pour draguer la droite et les colons. Il a ainsi lancé, début janvier, un projet de constructions de 800 logements en Cisjordanie occupée.

De son côté, Mahmoud Abbas a multiplié les contacts entre son mouvement, le Fatah, et le Hamas en prévision des prochaines élections législatives et présidentielles, les premières depuis quinze ans, en mai et juillet 2021. Hamas est toujours classé « organisation terroriste » par Washington, le parrain des normalisations des États arabes avec Israël.

L’autre geste fort que veut accomplir Mohammed VI est de prier à la mosquée al-Aqsa, manière de réaffirmer son statut de président du Comité al-Qods de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), structure siégeant à Rabat et chargée de la défense de l’identité arabo-musulmane de Jérusalem.

Cela ne devrait pas poser problème côté israélien : le ministre des Affaires étrangères marocain, Nasser Bourita, a déjà accompli ce rituel lors d’un déplacement, en mars 2018, mais ce sont plutôt les autorités religieuses palestiniennes qui risquent de s’opposer à la volonté royale.

Le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Ahmad Hussein, avait émis une fatwa, en août 2020, interdisant aux citoyens des pays arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël de venir y prier, une décision qui visait alors les autorités émiraties, rappelle Africa Intelligence.

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