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Au Maroc, la santé de Maâti Monjib, en grève de la faim, inquiète ses soutiens

Reporters sans frontières a dénoncé un « véritable harcèlement judiciaire, policier et médiatique » contre l’historien et militant des droits de l’homme marocain
Maâti Monjib souffre de troubles cardiaques et de diabète (AFP)
Maâti Monjib souffre de troubles cardiaques et de diabète (AFP)

Le comité de soutien de l’historien marocain Maâti Monjib, en grève de la faim depuis plusieurs jours, a exprimé mercredi 11 mars sa « grave préoccupation » pour la santé du militant des droits humains, déjà très affaibli par dix semaines de « détention arbitraire ».

« Le comité renouvelle ses demandes pour la libération immédiate » du « prisonnier d’opinion » Maâti Monjib et « exprime sa grave préoccupation quant aux effets, sur sa santé et sur sa vie, de [sa] grève de la faim », destinée à « protester contre l’injustice dont il a été victime », indique-t-il dans un communiqué.

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La direction de l’administration pénitentiaire (DGAPR) a indiqué dans un communiqué que le détenu, incarcéré à la prison d’El Arjat, près de Rabat, avait été « placé sous suivi médical » lundi.

Maâti Monjib, 60 ans, avait annoncé dans un message diffusé par ses soutiens avoir débuté jeudi dernier une grève de la faim pour « interpeller l’opinion publique » sur sa situation depuis son « arrestation abusive » fin 2020 et protester contre sa condamnation par contumace ainsi que la campagne de « diffamation des médias officiels » visant sa famille et lui-même.

« Mes écrits critiques à l’égard du système politique et de la police et mes activités en faveur des droits humains » sont à l’origine de « ma persécution », y affirmait-il.

La DGAPR dit n’avoir été informée que lundi de sa grève de la faim et conteste qu’elle ait débuté le 4 mars. « L’administration de l’établissement pénitentiaire a tenté de le persuader d’abandonner sa démarche en raison de ses répercussions sur son état de santé, mais il a tenu à ne pas changer d’avis », selon un communiqué publié lundi.

Selon un membre du comité de défense du militant, qui lui a rendu visite en prison vendredi, « l’une des principales raisons de cette grève de la faim est la prolongation par le juge d’instruction de sa détention provisoire, dans le cadre de l’enquête sur ‘’le blanchiment d’argent’’ sans que cette décision ne soit motivée ».

Un « verdict injuste et vengeur »

Interpellé le 29 décembre dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « blanchiment de capitaux », l’intellectuel a parallèlement été condamné à un an de prison le 27 janvier pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’État », au terme d’un procès ouvert en 2015.

Celui-ci concernait des accusations de malversations dans la gestion d’un centre qu’il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d’investigation.

Ce jugement du 27 janvier, qui concerne six autres journalistes et militants des droits humains marocains, a été publié sur un site du ministère de la Justice accessible aux avocats. C’est ainsi que ses défenseurs en ont pris connaissance

Parmi les autres prévenus, trois ont écopé d’un an de prison ferme, un autre de trois mois avec sursis et les deux derniers devront verser des amendes symboliques de 5 000 dirhams (460 euros). 

Trois d’entre eux ont quitté le Maroc et ont obtenu l’asile politique en France et aux Pays-Bas.

« Le but de ces poursuites est de me sanctionner à cause d’une récente déclaration à la radio dans laquelle je parle du rôle de la Direction générale de la surveillance du territoire [DGST, renseignement intérieur] dans la répression des opposants et la gestion des affaires politiques et médiatiques au Maroc », avait affirmé Maâti Monjib.

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Ses avocats et son comité de soutien se sont indignés que le jugement ait été rendu en son absence, sans convocation de sa défense.

La condamnation de l’historien constitue, selon son comité de soutien, un « verdict injuste et vengeur ».

Les autorités judiciaires marocaines affirment pour leur part qu’il a bénéficié d’un « procès équitable ».

Maâti Monjib souffre de troubles cardiaques et de diabète, problèmes médicaux qu’il avait lui-même évoqués sur sa page Facebook en annonçant en novembre qu’il avait été contaminé par le coronavirus.

Dans un communiqué séparé, le comité de soutien à Maâti Monjib en France, pays dont il a également la nationalité, appelle « les autorités françaises, le président de la République et le ministère des Affaires étrangères, déjà saisis de l’affaire depuis le mois de janvier, à mettre tout en œuvre pour obtenir la libération immédiate de Maâti Monjib ».

Dans son dernier rapport annuel, Human Rights Watch estime qu’en 2019, le « Maroc a intensifié sa répression contre des commentateurs des réseaux sociaux, des artistes et des journalistes exprimant des opinions critiques ».

Amnesty International a appelé le Maroc à libérer l’historien : « Les autorités marocaines doivent libérer immédiatement et sans conditions le défenseur des droits humains Maâti Monjib et abandonner toutes les charges retenues contre lui. »

Début janvier, RSF a dénoncé un « véritable harcèlement judiciaire, policier et médiatique » contre le militant. 

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