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Cinq nouvelles découvertes archéologiques au Moyen-Orient à couper le souffle

Considérée comme le « berceau de la civilisation », la région continue d’offrir aux chercheurs des indices sur la vie des populations antiques
Statuettes représentant les déesses égyptiennes Isis (à gauche) et Nephthys exhumées dans la nécropole de Saqqarah en 2022 (AFP/Khaled Desouki)
Statuettes représentant les déesses égyptiennes Isis (à gauche) et Nephthys exhumées dans la nécropole de Saqqarah en 2022 (AFP/Khaled Desouki)

C’est un fait établi que, selon la conception occidentale, la civilisation moderne commence avec les peuples qui vivaient au Proche-Orient et en Égypte il y a environ 6 000 ans.

Ces civilisations ont donné au monde ses premières formes d’écriture, techniques agricoles, ses premiers codes juridiques et idées religieuses qui continuent d’influencer les hommes encore aujourd’hui. 

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Témoignage de l’impact considérable des premiers peuples du Moyen-Orient : l’industrie touristique qui s’est développée autour des vestiges qu’ils ont laissés derrière eux et le fait que la plupart des plus grandes universités du monde ont des départements dédiés à l’étude de l’Égypte ancienne et d’autres civilisations, telles que celles des Babyloniens, des Assyriens, des Hébreux et des Perses.

Cependant, malgré des centaines d’années d’études, les archéologues continuent de faire des découvertes et 2022 se révèle une année particulièrement chargée pour les fans de l’histoire ancienne du Moyen-Orient.

Middle East Eye passe en revue certaines des découvertes les plus importantes de ces derniers mois :

1. Sarcophages et statues à Saqqarah, en Égypte

En mai, des chercheurs ont trouvé une mine d’objets anciens dans la nécropole de Saqqarah, près de la capitale égyptienne Le Caire.

Cette importante collection archéologique comprenait 250 sarcophages contenant des momies et environ 150 statues et statuettes de dieux égyptiens anciens, dont Isis et Nephthys, datées d’environ -500.

À peine deux mois plus tôt, des chercheurs avaient mis au jour des tombes sur le même site, qui remontaient à 2 700 ans avant notre ère, pendant l’Ancien Empire.

Des centaines d’objets ont été retrouvés à Saqqarah en mai (AFP/Khaled Desouki)
Des centaines d’objets ont été retrouvés à Saqqarah en mai (AFP/Khaled Desouki)

Saqqarah a servi de lieu de sépulture aux dynasties égyptiennes successives qui vivaient dans leur capitale Memphis, également située dans ce qui est aujourd’hui la région du Grand Caire.

Le site abrite certaines des plus anciennes pyramides de l’Égypte ancienne, y compris la pyramide de Djéser, vieille de 4 700 ans.

Au cours des millénaires, l’Égypte a abrité de nombreuses civilisations, notamment grecque, romaine, arabe et ottomane ; toutes ont laissé une empreinte sur la culture et l’histoire du pays.

En avril, des chercheurs du nord-ouest de la province du Sinaï ont mis au jour un temple construit en l’honneur du dieu grec Zeus Kasios, dieu de la météo, sur le site archéologique de Tell el-Farama.

Des rumeurs selon lesquelles un temple dédié à Zeus était situé dans la région avaient circulé tout au long du XXe siècle, bien qu’aucune fouille n’ait eu lieu jusqu’à récemment.

À l’époque gréco-romaine, la région nord-ouest du Sinaï était connue sous le nom de Pelusium (Péluse), stratégiquement située près de l’embouchure du Nil.

2. Une ville autrefois sous les eaux réémerge en Irak

Après avoir passé plus de deux décennies au fond du réservoir de Mossoul le long du Tigre dans le nord de l’Irak, une équipe d’archéologues kurdes et allemands a découvert une ville de l’âge du bronze vieille de 3 400 ans, datant de la période de l’empire Mittani.

Ce dernier contrôlait de larges pans du nord de la Mésopotamie et de la Syrie entre -1550 et -1350, après quoi l’Empire assyrien moyen domina la région.

L’Irak est l’un des pays les plus touchés par les effets du changement climatique, et l’assèchement du Tigre, dû à la hausse des températures, a contribué à exposer les vestiges de la ville.

Les restes étaient en très bon état compte tenu du temps passé sous l’eau (Universités de Fribourg et de Tübingen)
Les restes étaient en très bon état compte tenu du temps passé sous l’eau (Universités de Fribourg et de Tübingen)

Les chercheurs rapportent que le site, dont la découverte a été annoncée en mai 2022, comptait une ville étendue avec un palais et de nombreux bâtiments imposants, et suggèrent qu’il pourrait s’agir de l’ancienne cité perdue de « Zakhiku ».

Les murs du complexe sont en bon état même s’ils sont faits de briques de boue séchées et ont passé plus de 40 ans sous l’eau.

3. La Jordanie découvre des sculptures en pierre vieilles de 9 000 ans

Dans le désert du sud-est de la Jordanie, des chercheurs français et jordaniens ont fait en février dernier une découverte antérieure au début de la civilisation.

Le site présente des sculptures rudimentaires de piliers en pierre qui auraient eu une signification spirituelle, ainsi que des pièges en pierre utilisés pour capturer les animaux.

Les marques faciales sur les pierres suggèrent un but spirituel (AFP/département jordanien des Antiquités)
Les marques faciales sur les pierres suggèrent un but spirituel (AFP/département jordanien des Antiquités)

Les archéologues impliqués disent que le site pourrait être l’une des premières constructions humaines existantes.

Des ossements d’animaux et des poteries ont également été découverts à proximité et on pense que les piliers et les sculptures indiquent leur utilisation pour les cérémonies sacrificielles.

4. Un jeu de société vieux de 4 000 ans à Oman

En janvier 2022, une équipe de chercheurs omanais et polonais a découvert des artefacts près du village d’Ayn Bani Saidah, dans une zone dont il a été établi qu’elle abritait des zones de peuplement humain de l’âge du bronze et de l’âge du fer.

Le plus remarquable dans ces découvertes, c’est un plateau comportant des marques et des trous, probablement utilisé pour jouer à des jeux.

Les preuves suggèrent que les résidents de l’ancien Oman interagissaient avec des populations jusqu’en Mésopotamie (Université de Varsovie)
Les preuves suggèrent que les résidents de l’ancien Oman interagissaient avec des populations jusqu’en Mésopotamie (Université de Varsovie)

Le professeur Piotr Bielinski de l’Université de Varsovie a déclaré qu’avec d’autres découvertes dans la région, l’artefact prouvait qu’il s’agissait d’« un site important dans la préhistoire, et peut-être aussi dans l’histoire de tout Oman ».

Des similitudes avec des découvertes en Mésopotamie suggèrent qu’à l’âge du bronze, les résidents d’Oman et les populations vivant dans ce qui est aujourd’hui l’Irak interagissaient.

5. Un cimetière romain à Gaza 

Des ouvriers du bâtiment dans le nord de la bande de Gaza creusaient les fondations d’un projet d’habitation lorsqu’ils ont déterré quelque chose qui semblait très vieux et important.

Ils ont immédiatement appelé des archéologues, lesquels ont confirmé qu’ils avaient trouvé un cimetière romain vieux de 2 000 ans et d’une superficie de 50 mètres carrés contenant au moins 20 tombes richement ornées.

En raison de la forme et des décorations trouvées sur les tombes, elles appartenaient très probablement à des membres de l’élite romaine.

Les ruines et les artefacts remontent au Iersiècle, lorsque la région faisait partie de la province romaine de Judée.

Cimetière romain contenant des tombes richement décorées, à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 février 2022 (AFP)
Cimetière romain contenant des tombes richement décorées, à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 février 2022 (AFP)

Les responsables palestiniens à Gaza l’ont qualifiée de découverte locale la plus importante de la décennie et de preuve de la richesse de l’histoire de la région.

Située le long de la côte méditerranéenne, au nord du Sinaï et au pied du Levant, Gaza fut longtemps prisée pour son emplacement stratégique et fut gouvernée notamment par des Égyptiens, des Israélites, des Romains, des Grecs, des Arabes, des Turcs et des Européens.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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