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Le Maroc pourrait accueillir le Forum du Néguev fin octobre

Après plusieurs reports, le sommet des pays signataires des accords d’Abraham est annoncé au Maroc à la fin du mois. Mais il devrait porter un autre nom
Les drapeaux du Maroc, d’Israël et des États-Unis sur un avion El Al après l’atterrissage à Rabat, du premier vol commercial direct Israël-Maroc, le 22 décembre 2020 (AFP)
Les drapeaux du Maroc, d’Israël et des États-Unis sur un avion de la compagnie El Al après l’atterrissage, à Rabat, du premier vol commercial direct Israël-Maroc, le 22 décembre 2020 (AFP)
Par MEE

Selon un média marocain, la deuxième édition du forum du Néguev devrait finalement se tenir fin octobre au Maroc.

Ce sommet, créé en 2022 et destiné à rassembler les pays signataires des accords d’Abraham, s’était réuni pour la première fois à Sde Boker, en Israël, en mars 2022.

À ce moment-là, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, d’Israël, d’Égypte, de Bahreïn et du Maroc avaient décidé de faire du forum un rendez-vous annuel.

La deuxième édition devait se tenir en mars 2023 au Maroc mais avait été une première fois reportée en raison de tensions entre Israéliens et Palestiniens alors que la fête juive de Pessah (Pâques) tombait pendant le mois du Ramadan.

Selon le journal israélien Haaretz, une nouvelle date avait été avancée au 25 juin. Le Maroc aurait ensuite demandé un ajournement du sommet en raison de la fête de l’Aïd al-Adha.

Une nouvelle date avait été fixée à la mi-juillet, avant que Rabat ne renonce finalement à accueillir le sommet pour exprimer son opposition aux mesures israéliennes visant à étendre de manière significative ses colonies en Cisjordanie occupée, selon le site israélien The Times of Israël.

Un obstacle aux progrès sur la normalisation

En cause : l’annonce par le ministre des Finances Bezalel Smotrich, également ministre délégué au sein du ministère de la Défense, d’avancer les projets de construction de plus de 4 500 nouveaux logements dans les colonies.

Quelques heures plus tard, le gouvernement Netanyahou avait adopté une résolution conférant à Smotrich la quasi-totalité du contrôle de l’approbation des plans de construction dans les colonies de Cisjordanie.

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Mais le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, avait aussi condamné l’attaque militaire à grande échelle menée par Israël à Jénine, qui avait fait au moins dix morts du côté palestinien, évoquant les « actes provocateurs et unilatéraux » d’Israël qui « sapent les efforts de paix dans la région ».

Le roi Mohammed VI préside le Comité al-Qods, une organisation réunissant les soutiens de la cause palestinienne au sein du monde arabe et, officiellement, le Maroc soutient une solution permettant à la Palestine d’établir un État indépendant, viable et souverain avec Jésuralem-Est pour capitale, conformément à la solution à deux États.

Le Maroc n’est pas le seul à considérer que les actions israéliennes posent un problème pour les pays signataires des accords d’Abraham : le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait lui aussi déclaré que la violence en cours en Cisjordanie occupée rendait presque impossible tout progrès sur la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël.

Juste après la réaction marocaine, Israël avait conditionné sa décision de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, avant de céder quelques jours plus tard.

La nouvelle était venue des Affaires étrangères marocaines, qui avaient évoqué une lettre envoyée par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou au roi Mohammed VI pour lui annoncer officiellement cette reconnaissance.

Tensions entre Rabat et Washington

Le site marocain Le Desk avait quant à lui évoqué une autre origine à ces reports – il y en aurait eu quatre –, liée plutôt à « des divergences entre Rabat et Washington » sur les modalités d’organisation de l’événement.

« Entre Antony Blinken et Nasser Bourita, c’est tout d’abord la question du lieu de l’événement qui se pose », explique le site. « Les Américains, peu désireux de suivre l’héritage trumpien, ne semblent pas souhaiter participer à un Forum du Néguev qui se tiendra au Sahara occidental, à Dakhla. »

La nomination d’un envoyé spécial pour les accords d’Abraham, exactement un « conseiller principal pour l’intégration régionale pour les affaires du Proche-Orient », en l’occurence Daniel Shapiro, posait aussi un problème car, en l’absence d’Antony Blinken, elle affectait le niveau de représentation américain au sommet.

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Selon Morocco Intelligence, c’est en marge de l’Assemblée générale des Nations unies que les représentants d’Israël, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Maroc, de l’Égypte et des États-Unis se sont réunis pour fixer la date, l’ordre du jour du sommet, mais aussi son nouveau nom.

En effet, Washington souhaiterait que le Forum du Néguev ne soit plus spécifiquement associé à Israël. Les Marocain ont fait une première proposition : AMENA PD (Association des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord pour la paix et le développement).

Un nouveau nom serait aussi rendu nécessaire par le souhait des États signataires de voir d’autres pays à majorité musulmane rejoindre le processus de normalisation des relations avec Israël.

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