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Une Palestinienne soumise par l’armée israélienne à une fouille corporelle « intime » fait appel

L’armée israélienne et le personnel du Shin Bet ont admis avoir procédé à un toucher vaginal et anal à la recherche d’une carte SIM lors de son arrestation en 2015 
Un soldat israélien se tient en alerte près de maisons dans la colonie de Rechelim en Cisjordanie lors d’un exercice militaire nocturne simulant une attaque à l’intérieur d’une colonie israélienne, le 13 août 2018 (AFP)
Par MEE

Une Palestinienne qui aurait été soumise par les forces de sécurité israéliennes à une fouille invasive avec pénétration a interjeté appel dimanche après le classement, en avril dernier, d’une enquête sur cet incident.

Cette femme demande dans son appel que tous les officiers impliqués soient accusés de « viol et sodomie », selon le journal israélien Haaretz

L’affaire implique trois membres du Shin Bet (sécurité intérieure d’Israël) et trois soldats. La plaignante accuse les commandants de terrain d’avoir ordonné à deux soldates de fouiller son vagin et son anus lors de son arrestation en 2015. 

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Les faits se sont produits lorsque les forces israéliennes sont entrées dans la maison de cette Palestinienne en Cisjordanie occupée au milieu de la nuit et l’ont trouvée endormie dans sa chambre. 

La jeune femme, qui ne constituait aucune menace, raconte qu’à ce moment-là, un commandant du Shin Bet a ordonné à deux soldates, une médecin militaire et une commis de la compagnie, de la prendre à part et de fouiller ses cavités corporelles.

Ses vêtements ont ensuite été enlevés et chacune des deux soldates l’a fouillée, à la fois par voie vaginale et anale, allègue-t-elle.

Le Shin Bet et l’armée cherchaient une petite carte SIM, qui a été retrouvée plus tard dans sa chambre, selon Haaretz

À l’époque, la plaignante avait été arrêtée parce qu’elle était soupçonnée d’avoir aidé et encouragé des « activités terroristes », mais a finalement été reconnue coupable de crimes mineurs et condamnée à deux ans de prison. 

L’enquête sur cet incident de 2015 a été close en avril 2021 par manque de preuves, bien que certains des militaires impliqués aient admis cette version des faits, selon les transcriptions des interrogatoires publiées par Haaretz

« J’ai inséré mes doigts d’un demi-centimètre à un centimètre à l’intérieur », a rapporté la médecin de l’armée lors de l’interrogatoire.

« Parce que j’étais mal à l’aise et qu’il était clair que cela lui faisait mal, j’ai arrêté. Je pense qu’elle gémissait de douleur et m’a même demandé en anglais ce que je faisais, alors j’ai reculé. »

« Je me souviens aussi que la fille m’a dit, en anglais : ‘’Qu’est-ce que vous faites ? Je suis vierge.’’ »

La commis qui a effectué la fouille avec la médecin de l’armée a témoigné que l’ordre venait du « gars haut placé du Shin Bet ».

« La fille n’arrêtait pas de nous dire que c’était une humiliation », déclare-t-elle. 

Ni le Shin Bet ni l’armée israélienne n’ont dans l’immédiat répondu aux sollicitations de MEE.

Traumatisée  

L’appel, déposé par le Comité public contre la torture en Israël, fait valoir qu’« il est scandaleux et insupportable que personne ne soit puni, dans une situation où il n’est pas contesté que des actes qui constituent un viol et une sodomie ont été commis, [alors qu’]il y a suffisamment de preuves », rapporte Haaretz.

Il a ajouté que la soldate avait admis le caractère présumé intrusif de la fouille et qu’un commandant de compagnie avait également reconnu en avoir donné l’ordre.

« Il ne fait aucun doute que cette fouille humiliante, qui équivaut à de graves crimes sexuels, n’avait aucun lieu d’être »

- Une amie de la femme concernée 

« La justification selon laquelle ils ont commis ces actes parce qu’ils en ont reçu l’ordre de leurs supérieurs ne peut servir de défense dans la perpétration d’actes aussi graves et inhumains », soutient l’appel, « parce que cet ordre était clairement illégal et n’aurait en aucun cas dû être suivi ».

Pour des raisons de sécurité, l’identité de la jeune femme et des personnes impliquées n’a pas été rendue publique. 

Cette femme est ressortie « humiliée et impuissante » de cet incident, confiait anonymement une de ses amies à Haaretz en 2018.

« Après l’incident, elle était sous le choc. Encore à ce jour, elle n’arrive pas à oublier ni à se confier. Elle craint que sa famille ne le prenne pas bien, qu’elle lui reproche de ne pas avoir résisté. »

« Il ne fait aucun doute que cette fouille humiliante, qui équivaut à de graves crimes sexuels, n’avait aucun lieu d’être », ajoute cette amie.

Sa famille n’est toujours pas au courant de l’incident, qui l’a traumatisée, selon les quelques personnes à qui elle s’est confiée, indique Haaretz

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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