Le patron de la droite française promet de reconnaître la marocanité du Sahara occidental
Le président du parti de la droite française, Les Républicains (LR), Éric Ciotti, s’est dit prêt à reconnaître officiellement la marocanité du Sahara occidental, à l’instar des États-Unis sous l’administration Trump, s’il est élu un jour président de la République, lors d’un récent entretien avec la chaîne d’information israélienne i24.
Le conflit du Sahara occidental, contrôlé à 80 % par le Maroc mais considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, oppose depuis 1975 Rabat aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger.
« C’est une position qui n’est pas nouvelle, je l’ai exprimée il y a plusieurs mois […] Il suffit de regarder le développement de ces régions du Sahara, administrées de façon exemplaire par le Maroc, pour mesurer qu’il n’y a plus de débat sur le sujet », a déclaré l’homme politique français, également député.
« Il y a des faits historiques, une relation présente, et un développement économique puissant au Sahara », a-t-il notamment avancé.
« On a fait beaucoup de concessions à l’égard de l’Algérie »
Interrogé sur l’impact d’une telle position sur le voisin algérien, Éric Ciotti a déclaré : « Je l’ai dit à nos amis marocains, la France doit pouvoir parler à tout le monde, mais elle ne doit pas mettre au même plan tous nos interlocuteurs, d’autant que certains ont des postures très agressives et nourrissent des alliances avec ceux qui sont aujourd’hui nos ennemis », a répondu le député Ciotti, faisant allusion aux relations de partenariat entre Alger et Moscou.
De toute manière, le président des LR ne se montre pas très enthousiaste sur le dossier bilatéral algéro-français : « On a fait beaucoup de concessions à l’égard de l’Algérie, mais je vois peu de retours », a-t-il expliqué, regrettant les « messages très agressifs hostiles à la France du côté algérien malgré les gestes amicaux du président Emmanuel Macron ».
Ces déclarations interviennent quelques jours après la visite effectuée par Ciotti et Rachida Dati, maire du 7e arrondissement de Paris, ex-ministre de la Justice et cadre des LR, au Maroc, du 3 au 5 mai, où ils ont notamment rencontré le Premier ministre Aziz Akhannouch.
Lors de cette visite, les deux personnalités de droite ont fait la une du magazine marocain Tel quel, dont le titre était : « Nous reconnaissons la souveraineté du Maroc sur le Sahara ».
— TelQuel (@TelQuelOfficiel) May 5, 2023
La visite des deux responsables de LR et les déclarations d’Éric Ciotti interviennent dans un contexte de tensions entre Alger et Rabat.
En outre, les restrictions de visas pour la France aux dépens des Marocains, le rapprochement algéro-français, l’affaire du logiciel d’espionnage Pegasus qui a ciblé des personnalités françaises – y compris le président –, la relation compliquée entre le roi Mohammed VI et le président Emmanuel Macron, dont la visite à Rabat a été reportée, empoisonnent les relations entre les deux pays.
En février 2023, le roi du Maroc avait décidé de mettre fin aux fonctions de l’ambassadeur du royaume en France, sans en nommer un nouveau jusqu’à présent.
Le déplacement de Ciotti a d’ailleurs eu lieu quelques jours après le refus de Rabat d’une visite du président du Sénat français, Gérard Larcher, un proche d’Emmanuel Macron.
Le poids de la question migratoire
Mais cette visite s’inscrit aussi dans une autre perspective, plus franco-française : l’approche des débats autour de la loi sur l’immigration. Le communiqué de LR qui annonçait la visite de sa délégation au royaume soulignait que ce déplacement entendait poursuivre « une relation de fraternité et de responsabilité » autour d’un « même souci d'assurer la stabilité autour de la Méditerranée », allusion faite aux problématiques de l’immigration.
Lors de sa visite au Maroc, « Éric Ciotti a répété un message à ses interlocuteurs marocains : le Maroc doit continuer à jouer le rôle de barrière entre les migrants venus d’Afrique subsaharienne et l’Europe », rapporte RFI.
« Il faut une position de fermeté pour combattre les passages et les passeurs. Et il faut naturellement – l’un n’est pas exclusif de l’autre – un véritable développement économique qui doit permettre aussi aux populations de rester sur place », a indiqué le président de LR selon le même média.
Son accompagnatrice dans ce ce voyage, Rachid Dati a, de son côté, déclaré : « On ne doit pas se détourner du Maroc, parce que demain, s’ils le voulaient, ils laisseraient la frontière ouverte. Et nous serions la première victime de la non-maîtrise des flux migratoires. »
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].