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Syrie : deux enfants meurent chaque semaine dans un camp pour familles de l’État islamique

L’ONG Save the Children affirme que les enfants abandonnés par leurs gouvernements « maigrissent à vue d’œil » dans les camps d’al-Hol et de Roj, dans le nord-est de la Syrie
Entre janvier et la mi-août 2021, 62 enfants sont morts dans le camp d’al-Hol, dans le nord-est de la Syrie, selon Save the Children (AFP)
Par MEE

En moyenne, deux enfants meurent chaque semaine dans un camp du nord-est de la Syrie qui accueille des membres présumés des familles de militants de l’État islamique (EI), indique Save the Children.

L’organisation caritative indique dans un rapport publié jeudi que des dizaines de milliers d’enfants « maigrissent à vue d’œil » dans les camps d’al-Hol et de Roj, et qu’il est « plus urgent que jamais » que les gouvernements étrangers rapatrient leurs ressortissants.

« L’ampleur de la violence, des difficultés, des privations et des traumatismes que connaissent chaque jour les enfants vivant dans ces camps ne peut être surestimée », soutient le rapport.

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Save the Children avance qu’un total de 40 000 enfants d’une soixantaine de pays vivent dans des conditions désastreuses dans les camps d’al-Hol et de Roj.

L’ONG a déjà prévenu que le camp d’al-Hol en particulier, sous le contrôle des autorités kurdes, apparaît comme une poudrière extrémiste.

Le camp a été créé pour abriter les familles des personnes détenues pour leurs liens présumés avec l’EI, mais il abrite également des réfugiés qui ont fui les combats et l’occupation de l’EI.

Selon l’ONG, 163 personnes sont mortes dans le camp d’al-Hol entre janvier et la mi-août 2021, dont 62 enfants. En outre, 73 personnes ont été assassinées, dont 3 enfants tués par balles – en moyenne, ce sont 2 enfants qui meurent chaque semaine.

Le chef de l’armée américaine au Moyen-Orient, le général Kenneth McKenzie, a averti par le passé que les enfants « en particulier » étaient radicalisés par les sympathisants de l’EI au sein du camp. « Si nous ne trouvons pas un moyen de les rapatrier, de les réintégrer et de les déradicaliser, nous nous offrons des combattants d’ici cinq à sept ans », a-t-il mis en garde. 

« Je ne supporte plus cette vie »

Save the Children s’est entretenu avec certains enfants pris au piège du camp derrière des barbelés.

« Je ne supporte plus cette vie. Nous ne faisons rien d’autre que d’attendre », a déclaré une Libanaise de 11 ans interrogée en mai et qui aurait été tuée lors d’une tentative d’évasion ratée dans un camion livrant de l’eau.

L’organisation caritative exhorte les gouvernements, y compris les États membres de l’UE, à rapatrier leurs ressortissants, affirmant que « de nombreux pays parmi les plus riches du monde n’ont pas ramené à la maison la majorité de leurs enfants ».

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« Ce qu’on constate ici, c’est que les gouvernements abandonnent purement et simplement les enfants, qui sont d’abord et avant tout victimes du conflit », estime Sonia Khush, directrice de l’action de Save the Children en Syrie.

Cette dernière précise que 83 % des opérations de rapatriement jusqu’à présent concernaient l’Ouzbékistan, le Kosovo, le Kazakhstan et la Russie.

Alors que 1 163 enfants ont été rapatriés depuis 2017, seuls 14 rapatriements ont eu lieu cette année, selon le rapport.

« Save the Children exige que tous les gouvernements ayant des ressortissants dans les camps prennent leurs responsabilités et ramènent les enfants et leurs familles chez eux », insiste l’ONG.

« Chaque jour où des enfants étrangers et leurs familles sont laissés pour compte par leurs gouvernements, chaque jour où ils se voient refuser la possibilité de rentrer chez eux, se voient refuser les services spécialisés dont ils ont désespérément besoin et le droit de vivre en sécurité et de se remettre de ce qu’ils ont vécu est un jour de trop. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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