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Séismes en Syrie : une association demande une enquête sur la réponse de l’ONU

Le directeur de Baytna Syria accuse les Nations unies d’avoir « laissé les Syriens mourir seuls » au cours de la période la plus critique des 72 heures suivant le premier tremblement de terre
Un convoi de Médecins sans frontières transportant de l’aide aux victimes des tremblements de terre entre en Syrie via le passage frontalier d’al-Hamam, le 19 février 2023 (AFP)
Par MEE à WASHINGTON D.C., États-Unis

Un groupe de la société civile syrienne a appelé à une enquête sur la réponse des Nations unies lors des 72 premières heures qui ont suivi les tremblements de terre dévastateurs en Turquie et en Syrie le mois dernier.

« L’ONU a échoué [à porter secours] aux Syriens. L’ONU a laissé les Syriens mourir seuls pendant au moins 72 heures, les 72 heures les plus critiques après le tremblement de terre », a déclaré mardi Assaad al-Achi, directeur exécutif de Baytna Syria, lors d’un webinaire hébergé par l’Arab Center, un groupe de réflexion basé à Washington.

« Nous avons besoin d’une enquête sérieuse sur ce qui s’est passé au cours de ces 72 premières heures, et la raison pour laquelle l’aide n’a pas été [livrée], pourquoi ces équipes n’ont pas été mobilisées pour la Syrie. Pour toute la Syrie, pas seulement pour le nord-ouest. »

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Middle East Eye a contacté le bureau du porte-parole du secrétaire général de l’ONU, mais n’avait pas reçu de commentaire au moment de la publication.

Les tremblements de terre du 6 février qui ont frappé la Turquie et la Syrie ont tué plus de 50 000 personnes dans les deux pays et blessé des dizaines de milliers d’autres.

Dans le nord-ouest de la Syrie, alors que les associations locales ont immédiatement commencé les opérations de recherche et de sauvetage, l’indispensable assistance internationale a mis des jours à arriver.

Des centaines de civils sont morts sous les décombres en raison d’un manque d’aide vitale – notamment la fourniture d’engins pour retirer les décombres – dans les trois premiers jours qui ont suivi la catastrophe, selon les équipes de sauvetage locales.

La catastrophe a tué plus de 4 500 personnes dans le nord-ouest de la Syrie tenu par les rebelles, selon les Nations unies.

Les excuses de l’ONU « ne ramèneront pas les morts »

Les convois de premiers secours de l’ONU dans le nord-ouest de la Syrie sont arrivés le 9 février, soit trois jours après le séisme. Depuis, plus de 280 camions sont entrés dans la région, a déclaré la semaine dernière à Reuters le coordinateur humanitaire régional pour la Syrie.

L’ONU a indiqué jeudi dernier qu’elle allait augmenter les livraisons d’aide dans les zones tenues par les rebelles dans les prochains jours afin de porter secours aux millions de personnes touchées.

Le 13 février, l’organisation mondiale avait annoncé que la Syrie avait accepté d’ouvrir deux autres passages frontaliers dans le nord-ouest. Auparavant, elle n’était autorisée à fournir de l’aide dans la zone d’Idleb que par un seul passage frontalier, celui de Bab al-Hawa.

L’ONU a également lancé un appel à l’aide humanitaire de 400 millions de dollars pour la Syrie, mais jeudi, seulement 27 % de cette somme avaient été financés.

Martin Griffiths, le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, a reconnu les lacunes de l’organisme international en Syrie, affirmant sur Twitter le 12 février que le peuple syrien avait raison de se sentir abandonné.

« Martin Griffiths a offert ses excuses, mais malheureusement, elles ne ramèneront pas les morts sous les décombres », a déploré le directeur de Baytna Syri.

Traduit de l’anglais (original).

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