Bachar al-Assad prépare-t-il son fils Hafez à sa succession ?
Un jeune Syrien de 21 ans vient d’obtenir, le 1er juillet, sa maîtrise en mathématiques pures, avec mention d’honneur au regard de ses résultats à l’Université d’État de Moscou.
Ce brillant étudiant a fait partie de l’équipe de l’Olympiade internationale de mathématiques à plusieurs reprises, il est devenu ensuite entraîneur pour les étudiants de l’Olympiade pendant plusieurs années.
Les médias officiels syriens et russes ont célébré cet « exploit » académique, non sans raison… car il s’agit en fait de Hafez al-Assad, fils de Bachar, qui porte le même prénom que son grand-père, l’ancien président syrien de 1970 à 2000.
La première dame syrienne, Asma al-Assad, invitée officiellement en Russie à l’occasion, est apparue en train d’enlacer son fils aîné après l’obtention de son diplôme, « ce qui a été considéré par les cercles de l’opposition syrienne comme faisant partie des mécanismes de préparation à l’héritage du pouvoir en Syrie, comme l’a fait feu le président Hafez al-Assad lorsqu’il a préparé son fils Bachar à sa succession », note le site Arabi21.
&mdash ; Souria Post – سوريا بوست (@souriapost) June 29, 2023
Traduction : « Asma al-Assad étreint son fils Hafez après l’obtention de son diplôme à l’Université de Moscou. »
Selon Arabi21, « l’opposition a mis en garde contre la gravité de ce qui se pass[ait], estimant que le choix par Assad d’une université russe pour que son fils parachève ses études [venait] de montrer que Moscou ne s’oppos[ait] pas aux arrangements ‘’précoces et longs’’ préparés par le président du régime pour assurer la succession de son fils, étant donné que la Russie est le décideur en Syrie ».
Asma al-Assad a même donné une interview à Russia Today pour affirmer « l’unité de la Syrie et de la Russie ». Et d’ajouter : « Le défi le plus global au monde est le défi du libéralisme moderne qui s’impose aux peuples dans le but de dissoudre et de contrôler leur identité nationale et humaine. »
Il y a deux ans, d’après Arabi21, « Hafez [avait] accéléré ses études afin de suivre simultanément les cours de deux années, privilège offert aux meilleurs étudiants ».
Ahmad al-Qirbi, chercheur au Centre de dialogue syrien, explique à Arabi21 que le « régime syrien repose d’abord sur la famille, puis sur le clan, puis sur la communauté », ajoutant : « Nous avons vu comment le pouvoir a été transféré après la mort de Hafez al-Assad en l’an 2000 avec le consentement de la famille et de la communauté [alaouite]. »
« La question du niveau d’instruction est une formalité, car la succession au pouvoir est une question convenue entre les piliers de la famille Assad et la communauté alaouite qui détient le pouvoir. On peut dire que la succession de Hafez est une question réglée, car la succession est garante de l’intérêt de la famille et de la communauté [alaouite] en Syrie », développe-t-il.
Suivre le le schéma du père
Pour ce chercheur, « la succession en Syrie est consacrée depuis le transfert du pouvoir à Bachar al-Assad, et nous sommes confrontés à un plan clair, à moins que les circonstances ne changent ».
L’écrivain et analyste Bassel al-Maarawi explique au même média que « l’obtention par Hafez al-Assad d’une maîtrise, puis [prochainement] d’un doctorat, ouvre la voie à l’octroi de postes ‘’non officiels’’ prestigieux, afin de le préparer au poste de prochain président ».
« L’obtention par Hafez al-Assad d’une maîtrise, puis [prochainement] d’un doctorat, ouvre la voie à l’octroi de postes ‘’non officiels’’ prestigieux, afin de le préparer au poste de prochain président »
- Bassel al-Maarawi, écrivain et analyste syrien
De fait, la nouvelle Constitution syrienne ne permet pas à Bachar al-Assad de briguer un troisième mandat (deux des quatre mandats effectués par Bachar el-Assad sous une autre Constitution ne sont pas pris en compte), « ce qui signifie que l’âge de Hafez al-Assad ne le qualifie pas pour diriger le pays à la fin du mandat actuel de son père en 2028 [l’âge légal pour devenir président en Syrie étant de 40 ans].
Selon al-Maarawi, cependant, « le régime est habitué aux amendements à la Constitution ou à son adaptation à l’échelle de la gouvernance », précise Arabi21.
Prochaine étape ? Il est possible, selon al-Maarawi, que le jeune Hafez rejoigne l’armée pour reproduire le schéma suivi par son père Bachar.
Sur les réseaux sociaux, l’exaltation par les médias officiels des performances académiques du fils de Bachar al-Assad a été tournée en dérision.
« Quels que soient les messages que le régime voulait exporter, la cérémonie de remise des diplômes a suscité une moquerie généralisée sur les réseaux sociaux, en raison des ‘’mauvais’’ résultats obtenus par Hafez Bachar al-Assad dans les concours internationaux dans le domaine des mathématiques. »
— هادي العبدالله Hadi (@HadiAlabdallah) June 29, 2023
Traduction : « Les médias du régime syrien célèbrent l’obtention de la maîtrise de Hafez, fils de Bachar al-Assad, à l’Université de Moscou. Il est à noter que Hafez s’est classé 528e sur 615 à l’Olympiade de mathématiques de Rio de Janeiro en 2017. Il a également obtenu un autre faible résultat en Roumanie en 2018. »
« Ainsi, les opposants ont mis en doute la valeur du diplôme universitaire obtenu par Hafez al-Assad, estimant que son but était de dissimuler les résultats précédents », conclut Arabi21.
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