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« Une bataille gagnée » : la Tunisie renvoie en Italie des déchets illégalement importés

Un accord a été conclu entre la Tunisie et l’Italie pour que soient réexpédiés en Italie plus de 280 conteneurs de déchets ménagers, dont l’exportation était interdite par la législation tunisienne comme par les conventions internationales
La population et la société civile n’ont pas cessé de se mobiliser pour que les déchets soient renvoyés en Italie : ici, des Tunisiens manifestent à Sousse, le 28 mars 2021 (AFP/Bechir Taieb)
Par MEE

« Bataille gagnée » : c’est par un tweet que le député des Tunisiens de l’Italie Majdi Karbai a salué lundi soir l’accord conclu pour le retour de plus de 280 conteneurs de déchets ménagers importés illégalement en 2020 d’Italie en Tunisie.

Flashback. Pendant l’été 2020, des douaniers du port de Sousse, ville de l’est de la Tunisie, saisissent 70 conteneurs puis 212 autres. La douane et le ministère de l’Environnement se renvoient la balle, et dans la foulée, le chef de gouvernement de l’époque, Hichem Mechichi, limoge le ministre Mustapha Aroui.

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Les cargaisons mises en cause contiennent des déchets ménagers, dont l’exportation est interdite par la législation tunisienne comme par les conventions internationales, qui les qualifient de « dangereux ».

Elles ont été importées de Campanie, région du sud de l’Italie, par une entreprise tunisienne, Soreplast, quelques semaines seulement après que cette société en sommeil a relancé ses activités avec pour seule autorisation de recycler des rebuts plastiques industriels destinés à l’exportation.

Depuis, la population et la société civile n’ont pas cessé de se mobiliser : plusieurs manifestations ont eu lieu en Tunisie pour réclamer le renvoi de ces déchets en Italie.

Le député Majdi Karbai s’est notamment emparé du dossier et a multiplié les contacts pour que l’affaire ne soit pas enterrée, d’autant que les enquêteurs italiens ont acquis la certitude que cette affaire n’est pas isolée et qu’il existe un système mafieux de trafic de déchets entre les deux pays. 

Huit personnes en prison

L’affaire a fait scandale, d’autant que les infrastructures tunisiennes ne permettent pas au pays de traiter ses propres déchets : selon un rapport récent de la Banque mondiale, seuls 61 % des déchets de la capitale sont par exemple collectés, et la majorité aboutit dans des décharges à ciel ouvert.

Vingt-six personnes sont poursuivies en Tunisie pour leur implication présumée dans l’importation illégale de ces déchets, parmi lesquelles des cadres de la douane et Mustapha Aroui, qui a été arrêté. 

Huit sont en prison et un en fuite : le gérant de la société importatrice, qui avait signé avec une société italienne un contrat pour l’élimination de 120 000 tonnes maximum, au prix de 48 euros par tonne, soit un total dépassant les cinq millions d’euros.

« Un accord de coopération institutionnelle a été signé, vendredi 11 février 2022, entre la Tunisie et l’Italie concernant la réexpédition des déchets vers leur pays d’origine [Italie] », a indiqué lundi le ministère tunisien de l’Environnement dans un communiqué.

L’accord en question « définit les engagements qui incombent à chacune des parties en matière de rapatriement, en premier lieu, de 213 conteneurs de déchets, actuellement stockés au port de Sousse, vers l’Italie », a précisé le ministère.

Selon lui, « la réexpédition de ces déchets s’effectuera à bord du premier navire Arkas, le 19 février 2022 ».

La réexpédition du reste des déchets, qui sont stockés dans un entrepôt à Sousse endommagé par un incendie en décembre, fait l’objet de « concertations » entre les deux parties, a ajouté le communiqué.

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