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Tunis dément avoir abordé avec Paris « la question des droits et libertés »

Une source officielle tunisienne a affirmé que « la question des droits et libertés n’a[vait] pas été abordée lors de la rencontre » entre la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et son homologue tunisien Nabil Ammar
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna (AFP/Fabrice Coffrini)
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna (AFP/Fabrice Coffrini)
Par AFP

Le ministère tunisien des Affaires étrangères a affirmé mercredi que la question des « droits et libertés » n’avait pas été abordée lors d’une rencontre entre les chefs de la diplomatie tunisienne et française, s’inscrivant en faux contre un communiqué du Quai d’Orsay.

Dans un communiqué rendant compte d’une entrevue mardi à Paris entre la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna et son homologue tunisien Nabil Ammar, le Quai d’Orsay a affirmé que l’entretien « a[vait] été l’occasion de rappeler l’attachement de la France aux droits et libertés publiques partout dans le monde ».

Mais une source au ministère tunisien des Affaires étrangères a affirmé à l’AFP à Tunis que « la question des droits et libertés n’a[vait] pas été abordée lors de la rencontre ».

Position timorée

Dans un communiqué, le ministère tunisien a affirmé que M. Ammar avait souligné lors de l’entretien que « le principal défi de la Tunisie rest[ait] celui de la relance économique, et que tout message sceptique ou attitude négative ne fera[it] que compliquer davantage l’amélioration des conditions socio-économiques dans le pays ».

Plusieurs ONG locales et internationales dénoncent un net recul des libertés en Tunisie depuis que le président Kais Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.

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Mais les défenseurs des droits humains considèrent comme timorée la position de la France à l’égard de ce qu’ils décrivent comme une « dérive autoritaire » du président tunisien : la diplomatie française s’inscrit selon eux dans une longue tradition d’indulgence de Paris vis-à-vis de Tunis.

La Tunisie, endettée à environ 80 % de son PIB, a obtenu un accord de principe du Fonds monétaire international (FMI) à la mi-octobre pour un prêt de près de 2 milliards de dollars, afin de l’aider à surmonter une grave crise financière et un manque de liquidités.

Mais les discussions sont dans l’impasse, faute d’engagement ferme de Tunis à restructurer des dizaines d’entreprises publiques lourdement endettées et à lever les subventions sur certains produits de base.

L’Europe s’inquiète de l’absence d’avancées et d’un possible effondrement de l’économie tunisienne susceptible d’accroître les départs de migrants vers les côtes européennes.

La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, enregistre en effet très régulièrement des tentatives de départ de migrants, majoritairement originaires de pays d’Afrique subsaharienne, vers l’Italie.

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