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Tunisie : le président par intérim d’Ennahdha en grève de la faim

Le principal parti d’opposition en Tunisie, qui compte trois hauts dirigeants en prison, appelle à leur libération
Mondher Ounissi, arrêté début septembre, assumait la présidence par intérim du parti Ennahdha en l’absence de Rached Ghannouchi, en prison depuis avril (X)
Mondher Ounissi, arrêté début septembre, assumait la présidence par intérim du parti Ennahdha en l’absence de Rached Ghannouchi, en prison depuis avril (X)
Par MEE

Mondher Ounissi, président par intérim du parti islamo-conservateur tunisien Ennahdha, arrêté le 5 septembre 2023 et déféré devant le pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, a entamé il y a dix jours une grève de la faim, selon un communiqué du parti publié samedi 6 janvier.

L’ex-vice-président d’Ennahdha entend ainsi protester contre « les ambiguïtés du processus judiciaire » depuis son interpellation.

Le parti affirme que son arrestation est survenue après la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’enregistrements audio qui lui ont été attribués. On peut y entendre une voix, présentée comme celle de Mondher Ounissi, évoquant sa rencontre avec des hommes d’affaires tunisiens influents ainsi que des violations financières qu’aurait commises un responsable d’Ennahdha en percevant de l’argent de l’étranger.

Libération de tous les dirigeants du parti

Ennahdha rappelle que Mondher Ounissi suit un traitement et que l’arrêt de la prise de ses médicaments met sa vie en danger.

Mondher Ounissi s’était déjà mis en grève de la faim peu de temps après son arrestation. Entendu par l’unité de lutte contre le terrorisme en présence de plusieurs avocats, il avait confié à son comité de défense avoir subi une « pression psychologique » pour obtenir des aveux au cours des trois derniers jours, lorsqu’on lui avait annoncé la prorogation de sa période de détention, a rapporté son avocate Ines Harrath.

Le parti demande sa libération et celle de tous les dirigeants d’Ennahdha, dont son chef historique, Rached Ghannouchi.

Ce dernier a été arrêté le 17 avril 2023 à la suite d’une plainte d’un syndicat de policiers dénonçant des propos qu’il avait tenus début 2022 lors de funérailles d’un responsable d’Ennahdha dont il avait assuré qu’il « ne craignait ni les puissants ni les tyrans », ce mot désignant les policiers, selon le dossier d’accusation.

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Sa condamnation à un an de prison ferme pour « apologie du terrorisme » a été durcie en appel le 31 octobre à quinze mois de prison ferme. Condamnant le verdict, sa famille et son équipe de campagne avaient déclaré à Middle East Eye que « l’accusation était invalide et dépourvue de tout fondement légal ».

Un autre haut dirigeant d’Ennahdha, le président de la Choura (sorte de Parlement interne au parti) Abdelkrim Harouni, a été assigné à résidence par les autorités début septembre, puis placé sous mandat de dépôt dans le cadre d’accusations liées à des questions de corruption financière, administrative, et de blanchiment d’argent.

Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants au président Kais Saied, d’hommes d’affaires et d’autres personnalités tunisiennes ont été emprisonnés.

Kais Saied, qui concentre la majorité des pouvoirs depuis son coup de force de juillet 2021, a accusé certains acteurs politiques arrêtés « de conspiration contre la sûreté de l’État et d’avoir provoqué des pénuries et des hausses de prix de produits de consommation » – des accusations rejetées par l’opposition.

Alors que le président tunisien insiste sur l’indépendance de la justice, l’opposition lui reproche de l’instrumentaliser pour traquer les opposants qui dénoncent les mesures exceptionnelles décidées le 25 juillet 2021, dont la dissolution du Parlement, où le bloc Ennahdha était majoritaire.

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