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Le président tunisien ne veut plus de croquettes pour animaux ou de maquillage pour les femmes !

Les déclarations de Kais Saied sur les importations de « produits superflus » ont provoqué la colère des Tunisiennes et des Tunisiens
La Tunisie de Kais Saied traverse une grave crise économique (AFP/Fethi Belaid)
La Tunisie de Kais Saied traverse une grave crise économique (AFP/Fethi Belaid)
Par MEE

Le lundi 26 septembre, le président tunisien Kaïs Saïed a, lors d’une audience avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, appelé à « maîtriser l’importation des produits superflus pour mettre un terme au déséquilibre de labalance commerciale avec nombre de pays, ce qui est préjudiciable aux finances publiques, et ne profite qu’aux parties exportatrices ».

Traduction : « Rencontre entre le président Kais Saied et la cheffe de gouvernement Najla Bouden. »

« Comment pourrait-on expliquer l’importation d’aliments pour animaux domestiques, ou des produits cosmétiques des maisons de parfums étrangères, et là on trouve les devises, alors que les citoyens souffrent, en majorité, du manque du minimum vital », s’est-il interrogé.

Le communiqué sanctionnant cette audience reprend les termes du président tunisien : « le devoir national exige un partage des responsabilités pour surmonter les difficultés ».

Cette sortie du chef de l’État a provoqué colère et consternation sur les réseaux sociaux et au-delà.

Sur les colonnes du site L’Économiste maghrébin, la présidente de l’Association femmes et leadership, Sana Ghenima,estime que « cet aspect populiste ne sert guère aux besoins urgents de la population. Encore moins face à la situation socio-économique que le président de la République dit vouloir défendre. Alors, ce qu’il est en train de faire est de dévier l’attention des vulnérables de l’essentiel. Et ce, en utilisant de faux débats comme la rationalisation des importations ».

« Or, s’il veut en effet limiter les importations, il devra commencer par interdire les produits turcs. Mais ce que Kaïs Saïed veut, c’est s’attaquer clairement aux femmes tunisiennes. Après les avoir éliminées de la représentation aux élections législatives. Il en va de même pour les binationaux en les considérant comme des citoyens de seconde zone », poursuit Sana Ghenima.

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Mi-septembre, une dizaine d’associations ont dénoncé l’évincement des femmes du processus électoral avec la non-imposition de la parité dans la nouvelle loi électorale. Elles ont réclamé la révision de cette dernière afin de garantir la parité homme-femme dans toutes les prochaines étapes électorales.

Cette nouvelle loi interdit par ailleurs aux binationaux de se porter candidats aux 151 circonscriptions en Tunisie. Ils ne peuvent se présenter qu’au niveau des circonscriptions de l’étranger, au nombre de dix.

Dans le même média, Nazih Zghal, médecin, indique en outre que « s’attaquer aux produits cosmétiques va favoriser la contrebande, la contrefaçon. Sachant que ces produits contrefaits sont non testés dermatologiquement. Plus encore, cela peut entraîner un problème de santé publique. Sans compter que cette mesure mettra à la porte des milliers de travailleurs, en leur faisant perdre leur emploi ».  

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