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Élections en Turquie : le rival d’Erdoğan s’engage à obtenir l’exemption de visa pour l’Europe en trois mois

Le candidat à la présidentielle Kemal Kılıçdaroğlu affirme qu’il peut apporter en un trimestre tous les changements juridiques nécessaires à l’exemption de visa pour les ressortissants turcs voulant se rendre en Europe
Kemal Kılıçdaroğlu, président du principal parti d’opposition turc, le Parti républicain du peuple (CHP), s’exprime au Parlement à Ankara, le 7 mars 2023 (AFP)
Par Ragip Soylu à ANKARA, Turquie

Le candidat commun de l’opposition turque à la présidence, Kemal Kılıçdaroğlu, a déclaré qu’il parviendrait à faire exempter de visa les citoyens turcs souhaitant se rendre en Europe trois mois seulement après son entrée en fonction.

« Nous arriverons au pouvoir. Nous allons gagner la présidence. Nous résoudrons les problèmes de visa », a-t-il déclaré lors d’une interview télévisée sur Habertürk TV mercredi. « D’ici trois mois, nos citoyens pourront entrer en Europe sans visa. »

La Turquie et l’Union européenne ont entamé un dialogue sur la libéralisation des visas en 2013 après la signature par Ankara d’un accord de réadmission qui permettait aux pays de l’UE de renvoyer les migrants illégaux entrant sur leur territoire depuis la Turquie. En 2016, dans le cadre d’un accord sur les migrants, l’UE avait promis d’accorder l’exemption de visa aux ressortissants turcs dans l’espace Schengen. Cependant, la Turquie n’a pas atteint 5 des 72 critères de référence pour atteindre cet objectif.

Les critères de référence restants comprennent des modifications législatives sur la lutte contre la corruption, la conclusion d’un accord de coopération opérationnelle avec Europol, la coopération judiciaire avec les États membres de l’UE, la mise à jour de la législation sur la protection des données personnelles et la révision de la législation sur le terrorisme conformément aux normes de l’UE.

Interrogé sur les critères restants, Kılıçdaroğlu a déclaré qu’il apporterait les modifications nécessaires et montrerait à l’Europe que la Turquie est un pays où la liberté d’expression s’exerce sans aucune restriction. « Nous apporterons toutes les règles démocratiques stipulées par l’UE dans notre pays », a-t-il assuré.

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Les observateurs à Ankara affirment cependant que l’exemption de visa pour les citoyens turcs demeure peu probable pendant un certain temps encore, même si la Turquie remplit tous les critères de référence, en raison du nombre croissant de demandeurs d’asile turcs, qui s’élevait à 55 000 personnes l’année dernière.

Le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE traîne depuis 2005 en raison de désaccords bilatéraux et régionaux ainsi que du recul démocratique du gouvernement turc.

Deux responsables européens distincts ont informé Middle East Eye que Kılıçdaroğlu avait promis le mois dernier lors d’une réunion privée avec des ambassadeurs de l’UE de réformer les lois turques afin de se conformer aux normes de l’Union et offrir plus de libertés à la population, y compris dans le domaine des médias et des organisations non gouvernementales. « Nous apporterons ces changements même si vous ne nous prenez pas dans l’UE », a déclaré Kılıçdaroğlu, selon les sources.

Kılıçdaroğlu remporterait 46,4 % des voix selon un sondage

Kemal Kılıçdaroğlu, président du Parti républicain du peuple (CHP), de centre-gauche, et candidat à la présidence au nom de six partis d’opposition, a fait une série de promesses électorales qui pourraient être considérées comme populistes avant les élections du 14 mai.

Il a promis de verser une prime de 15 000 livres turques (788 dollars) à 13 millions de retraités pendant l’Aïd al-Adha s’il remporte la course présidentielle. L’offre pourrait s’avérer coûteuse pour le Trésor car elle nécessiterait un financement de 240 milliards de livres turques (12,4 milliards de dollars).

Kılıçdaroğlu a également déclaré qu’il embaucherait 100 000 enseignants supplémentaires et rouvrirait des écoles dans les villages où des imams, des enseignants, des techniciens agricoles et des vétérinaires serviraient la population. « L’État paierait les primes d’assurance pour tous les jeunes et les femmes qui vivent dans les villages », a-t-il annoncé.

Selon un sondage réalisé par Yon Eylem Research du 27 au 29 mars auprès de 2 655 personnes, la course à la présidentielle donnera probablement lieu à un second tour. L’enquête indique que Kılıçdaroğlu pourrait obtenir 46,4 % des voix tandis que le président sortant Recep Tayyip Erdoğan pourrait obtenir un score de 41,6 %, tandis qu’un autre candidat, Muharrem İnce, serait choisi par 9,1 % des électeurs.

Traduit de l’anglais (original).

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