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D’Ertuğrul à Bir Başkadır, sept séries turques à découvrir

La Turquie a beaucoup à offrir en matière de divertissement, des feuilletons mélodramatiques aux épopées fantastiques et historiques
Engin Altan Düzyatan (à droite) joue le rôle de l’amiral ottoman Arudj Reïs dans Barbaroslar (TRT)
Par MEE

Des épopées/fictions historiques comme Barbaroslar: Akdeniz'in Kılıcı aux études introspectives des relations entre les groupes sociaux comme Bir Başkadır, les drames turcs ont conquis un large public à travers le monde.

Connues sous le nom de diziler, abrégé en dizi, ces séries télévisées se muent en source lucrative de revenus pour l’économie turque : les responsables espèrent que le secteur engrangera 1 milliard de dollars par an d’ici 2023

L’amour retrouvé de la Turquie pour tout ce qui est ottoman
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Le lancement d’une édition doublée en ourdou de la série Ertuğrul sur YouTube en mai 2020, qui a attiré dix millions d’abonnés sur la plate-forme en près de cinq mois, constitue le témoignage le plus récent de leur popularité.

Des traductions officielles des séries les plus populaires sont disponibles en arabe, ourdou, kirghize, français et espagnol, ainsi que dans d’autres langues, ce qui fait des séries télévisées l’une des principales exportations culturelles de la Turquie.

Elles touchent un public d’environ 650 millions de personnes à travers le monde, dont un immense public dans le monde arabe.

Mais cette tendance n’est pas sans opposants car les séries comme Ertuğrul sont accusées de promouvoir une lecture idéalisée de l’histoire régionale en contradiction avec les interprétations des pays qui subirent la domination ottomane pendant des siècles.

Alors que les relations entre la Turquie et les États arabes tels que l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont détériorées à la suite des soulèvements arabes, les autorités religieuses de ces pays ont interdit à leurs adeptes de regarder ces séries.

Compte tenu de ces controverses, certains pourraient avoir d’autant plus envie de voir de quoi il s’agit. C’est pourquoi Middle East Eye a compilé une liste de séries par lesquelles tout jeune fan devrait commencer.


1) Diriliş: Ertuğrul

L’exportation de dizi la plus réussie pour la Turquie est peut-être une série de 150 épisodes diffusée pour la première fois en 2014. Dans l’Anatolie du XIIIe siècle, Diriliş: Ertuğrul suit les aventures du patriarche de la dynastie ottomane éponyme.

On sait peu de choses avec certitude sur le personnage historique, mais cette série romancée est fortement influencée par les traditions des Ottomans concernant leurs origines.

Le héros turc légendaire est le fils de Süleyman Şah, le chef de la tribu Kayı appartenant aux Oghouz, qui migrent des steppes d’Asie centrale vers l’Anatolie.

Au cours de ce voyage, Ertuğrul et sa bande de guerriers nomades affrontent des conditions météorologiques extrêmes et une myriade d’ennemis, allant des Mongols aux traîtres dans leurs propres rangs, en passant par les restes des forces croisées en Anatolie et au Levant.

L’histoire lie également la romance entre Ertuğrul (Engin Altan Düzyatan) et Halime Hatun (Esra Bilgiç), qui se noue après le sauvetage de cette dernière de ses ravisseurs templiers dans les premiers épisodes de la série.

Ertuğrul se déroule dans l’Anatolie du XIIIe siècle pendant les croisades et les invasions mongoles (AA/TRT)
Ertuğrul se déroule dans l’Anatolie du XIIIe siècle pendant les croisades et les invasions mongoles (AA/TRT)

À la mort de son père, Ertuğrul prend la tête de sa tribu et entreprend d’établir le beylik, qui deviendra l’Empire ottoman, sous son fils Osman Ier.

La suite de la série, Kuruluş: Osman, se focalise sur le successeur d’Ertuğrul, qui poursuit la mission de son père.

Malgré son vaste succès, certains critiques accusent la série de promouvoir des « fantasmes néo-ottomans » et d’être un véhicule du soft power turc dans le monde islamique.

Ces critiques semblent avoir peu d’importance pour les fans de la série, sa chaîne en ourdou sur YouTube ayant à elle seule récolté plus de 5 milliards de vues au cours des dix-huit mois qui ont suivi son lancement.


2) Şahsiyet

Connue sous le nom de El Asesino del Olvido au Mexique, où elle est sortie en août, cette série est la dernière production turque en date à être adaptée en telenovela. Ce faisant, elle rejoint Kara Para Aşk (Diamants noirs) devenue Imperio de Mentiras et Ezel, adaptée en Yago pour le public mexicain.

Şahsiyet suit Agâh Beyoğlu, un sexagénaire souffrant d’oublis, qui se rend chez un psychiatre après que son chat est mort de faim parce qu’il avait oublié de le nourrir. Souffrant d’un Alzheimer précoce, Beyoğlu craint de se perdre dans la maladie, mais y voit aussi la chance de régler de vieux comptes tant qu’il s’en souvient encore. Se lançant dans une vengeance élaborée, le greffier à la retraite décide de faire la loi lui-même.

Haluk Bilginer (à gauche) a remporté un International Emmy du meilleur acteur pour son rôle principal dans Şahsiyet (Ay Yapim)
Haluk Bilginer (à gauche) a remporté un International Emmy du meilleur acteur pour son rôle principal dans Şahsiyet (Ay Yapim)

Cette série policière de onze épisodes est réalisée par Onur Saylak, et Beyoğlu est interprété par Haluk Bilginer, une performance qui lui a valu un International Emmy.

Le vieux tueur laisse des notes sur le front de ses victimes à l’intention d’une détective nommée Nevra (Cansu Dere). Alors qu’elle tente de résoudre les meurtres et de trouver les indices, elle est contrainte de déterrer des bribes de son passé qu’elle aurait préféré laisser enterrées.


3) Le Protecteur d’Istanbul (Muhafız)

La première série originale turque de Netflix s’infiltre dans le genre assez méconnu de la science fantasy, mélangeant action explosive, histoire et enchevêtrements romantiques.

Basée sur le roman turc Karakalem ve Bir Delikanlının Tuhaf Hikayesi, la série suit Hakan (20 ans), qui travaille dans la boutique d’antiquités de son père dans le Grand Bazar d’Istanbul de nos jours.

Le Protecteur d’Istanbul est la première série originale turque produite par Netflix (Netflix)
Le Protecteur d’Istanbul est la première série originale turque produite par Netflix (Netflix)

Magouilleur, Hakan rêve d’un avenir au-delà de la boutique de son père et finit bientôt par s’associer au mystérieux magnat de l’immobilier Faysal Erdem, qui travaille sur un projet de rénovation à Sainte-Sophie. Mais leurs chemins divergent lorsque Hakan découvre une chemise magique, qui l’entraîne dans une bataille contre les forces du mal, déterminées à détruire Istanbul.

La série en est à sa quatrième saison sur Netflix.


4) Barbaroslar: Akdeniz'in Kılıcı

Barbaroslar: Akdeniz'in Kılıcı est une autre série pour les fans de l’histoire turque, et aussi d’Ertuğrul en particulier, car Engin Altan Düzyatan y a à nouveau un rôle majeur.

Se déroulant au XVIe siècle, la série de fiction historique suit les aventures de Khayr ad-Din Barberousse (dit « Barberousse », et interprété par Ulaş Tuna Astepe), un corsaire ottoman et plus tard amiral de la marine ottomane sous le règne du sultan Soliman Ier

Né sous le nom de Hızır Reïs à Lesbos, d’une mère grecque chrétienne orthodoxe et d’un soldat ottoman, Barberousse et ses trois frères sont tous marins. 

Barbaroslar: Akdeniz'in Kılıcı, la dernière série historique turque, suit les aventures d’un corsaire du XVIe siècle (ES Films)
Barbaroslar: Akdeniz'in Kılıcı, la dernière série historique turque, suit les aventures d’un corsaire du XVIe siècle (ES Films)

Le drame historique montre comment Barberousse et son frère Arudj Reïs (Düzyatan) ont établi la suprématie ottomane en Afrique du Nord, repoussant les forces françaises et espagnoles.

La série a été diffusée sur TRT 1 en Turquie avant d’être diffusée par TRT à un public mondial. Son premier épisode, disponible uniquement en turc sur YouTube, a déjà été vu près de 10 millions de fois sur YouTube.


5) Bir Başkadır 

Cette mini-série turque utilise habilement les vies entrelacées de plusieurs personnages principaux pour examiner les divisions sociales, culturelles et raciales dans le pays.

Dans le premier épisode, les téléspectateurs rencontrent Meryem, une jeune femme issue d’une famille religieuse qui travaille à temps partiel comme femme de ménage pour les riches d’Istanbul.

Bir Başkadır est une série en huit épisodes qui met en lumière les fractures socioculturelles en Turquie (Krek Films)
Bir Başkadır est une série en huit épisodes qui met en lumière les fractures socioculturelles en Turquie (Krek Films)

Cette série juxtapose la vie des riches et des pauvres, la laïcité et la religion à travers les histoires personnelles des différents personnages.

Meryem ne cesse de s’évanouir. Étant donné que, selon un médecin, ce n’est pas une question médicale, elle consulte un psychologue pour mieux comprendre ce qui déclenche ces malaises (tout ce qui a trait aux mariages). Sa thérapeute, Peri, est une « Turque blanche », terme utilisé pour décrire les Turcs éduqués et laïcs. Elle vient d’une vieille famille riche et est l’opposée de Meryem. À son tour, Peri suit une thérapie pour sa propre tristesse et ses préjugés.

Suivant la théorie des six degrés de séparation, des liens sont faits avec une foule d’autres personnages : la série en huit épisodes présente également les souffrances d’un homme religieux, connu sous le nom de hodja en Turquie, et de sa fille, qui accepte sa propre sexualité ; un riche playboy qui cherche désespérément le bonheur ; et un ancien soldat, entre autres.

Bien que chacun ait une histoire différente à raconter, ils semblent tous être enfermés dans une souffrance provoquée par leur identité, à laquelle ils ne peuvent échapper.


6) L’ombre de Fatma

Fatma Yilmaz (Burcu Biricik) est une femme de ménage qui doit annoncer la triste nouvelle de la mort de son fils à son mari mafieux Zafer, récemment libéré de prison.

Ne parvenant pas à le retrouver, le personnage finit par être entraîné dans son univers criminel et tue un membre de gang. 

Puisqu’elle est initialement négligée comme suspecte potentielle par les policiers en raison de son comportement sans prétention, les anciens associés de son mari voient l’intérêt de la garder.

L’Ombre de Fatma raconte l’histoire d’une femme de ménage qui finit par prendre goût à tuer (Netflix)
L’Ombre de Fatma raconte l’histoire d’une femme de ménage qui finit par prendre goût à tuer (Netflix)

Ainsi commence la vie de Fatma en tant que tueuse de la mafia et sa transformation de femme timide en meurtrière impitoyable, motivée par les injustices qu’elle a subies dans sa vie.

La mini-série n’a que six épisodes et est sortie sur Netflix en avril.


7) Le Siècle magnifique (Muhteşem Yüzyıl)

Autre fiction historique extrêmement populaire, Le Siècle magnifique se base sur la vie et les amours du sultan Soliman le Magnifique, le dixième souverain de l’Empire ottoman, au règne le plus long.

Cette production de 2011 est la série la plus populaire de son époque avec des millions de téléspectateurs dans 72 pays.

Cette fiction historique a provoqué la colère du président turc Recep Tayyip Erdoğan (Tims Productions)
Cette fiction historique a provoqué la colère du président turc Recep Tayyip Erdoğan (Tims Productions)

Se déroulant au XVIe siècle, le drame en costumes à gros budget suit la vie dans le harem du sultan, avec l’acteur Halit Ergenç dans le rôle principal. 

Dépeint comme un coureur de jupons et un buveur dans la série, le sultan tombe amoureux et épouse plus tard sa concubine la sultane Hürrem, une captive roumaine qui est devenue l’une des femmes les plus influentes de l’histoire turque. Cette série populaire qui met du temps à s’installer (elle compte 139 épisodes) s’est attiré l’ire de Recep Tayyip Erdogan, alors Premier ministre, qui l’a trouvée factuellement inexacte et « humiliante ».

« Ceux qui jouent avec ces valeurs devraient apprendre une leçon dans les limites de la loi », a-t-il affirmé.

Un constant qui n’a pas été partagé par le président turc de l’époque, Abdullah Gül : « Le fait que des événements historiques ou des personnes soient abordés dans des films ou des séries télévisées est un développement bienvenu. »

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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