Aller au contenu principal

Partout au Moyen-Orient, des avions rapatrient des ressortissants ayant fui l’Ukraine

Des milliers de personnes, originaires des pays de la région MENA, sont toujours bloquées dans l’Ukraine en guerre. Ces derniers jours, les rapatriements se multiplient, du Maroc à l’Iran en passant par Israël
Des passagers arrivant d’Ukraine sur un vol de sauvetage sont accueillis par leur famille à leur arrivée à l’aéroport israélien Ben Gourion de Lod, près de Tel Aviv, le 1er mars 2022 (AFP/Jack Guez)
Des passagers arrivant d’Ukraine sur un vol de sauvetage sont accueillis par leur famille à leur arrivée à l’aéroport israélien Ben Gourion de Lod, près de Tel Aviv, le 1er mars 2022 (AFP/Jack Guez)

De premiers vols vers des pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont été organisés ces derniers jours afin de rapatrier des citoyens qui résidaient en Ukraine, une semaine après le début de l’offensive russe ayant poussé des centaines de milliers de personnes sur les routes de l’exode.

Guerre en Ukraine : des milliers d’étudiants arabes bloqués sous les bombardements
Lire

« Je ne peux pas croire que je sois toujours en vie », a déclaré Marina, une étudiante israélienne ayant fui la ville ukrainienne de Kharkiv ciblée par les forces russes, à son retour à Tel Aviv.

La compagnie israélienne Israir a organisé un vol de rapatriement depuis la Roumanie, l’espace aérien ukrainien ayant été fermé à l’aviation civile. Les passagers rapatriés ont payé eux-mêmes leurs billets, a précisé Israir.

D’après la radio publique israélienne, 160 personnes étaient à bord de l’avion mais ce nombre n’a pas été confirmé par le ministère israélien des Affaires étrangères, qui a indiqué avoir facilité la sortie de quelque 4 000 Israéliens hors d’Ukraine depuis le début de l’offensive russe jeudi.

À l’aéroport de Tel Aviv, les retrouvailles ont donné lieu à de nombreuses embrassades et accolades.

« J’ai l’impression que je reviens à la vie », a témoigné avec des trémolos dans la voix Ouda Abou Saied, dont le fils Mohammed, étudiait en Ukraine. « J’ai imaginé toutes sortes de scénarios, comme un missile les frappant et les tuant ou peut-être qu’ils seraient capturés ».

Lundi, le ministère israélien des Affaires étrangères a rapporté la mort d’un Israélien en Ukraine, tué alors qu’il tentait de fuir vers la Moldavie.

Les universités ukrainiennes sont très prisées des étudiants du monde arabe et au-delà, notamment pour les études de médecine et d’ingénierie

De 6 000 à 8 000 Israéliens vivaient en Ukraine avant l’invasion russe, d’après cette source.

Israël a annoncé l’envoi de 100 tonnes d’aides à destination des civils en Ukraine, notamment du matériel médical et des médicaments.

Côté palestinien, le ministère des Affaires étrangères a indiqué être mobilisé pour aider quelque 2 600 Palestiniens, parmi lesquels des centaines d’étudiants.

Le difficile retour des étudiants

Ailleurs dans la région, un premier avion effectuant un rapatriement a atterri mardi matin à l’aéroport de Téhéran en provenance de Pologne, avec à son bord 100 passagers dont des étudiants, a rapporté le média d’État iranien Irna.

Ils ont été accueillis par des responsables et des proches, dont certains venus avec des bouquets de fleurs, d’après des images diffusées par la télévision d’État. 

En Jordanie, une cellule de crise a été créée pour assister les quelque 3 500 Jordaniens installés en Ukraine qui chercheraient à quitter le pays. Selon le ministère des Affaires étrangères, 415 Jordaniens ont déjà fui ces derniers jours.

Retrouvailles entre une jeune Tunisienne évacuée d’Ukraine et sa famille, à l’aéroport de Tunis-Carthage le 1er mars 2022 (AFP/Fethi Belaid)
Retrouvailles entre une jeune Tunisienne évacuée d’Ukraine et sa famille, à l’aéroport de Tunis-Carthage le 1er mars 2022 (AFP/Fethi Belaid)

Des étudiants égyptiens doivent également être rapatriés prochainement, alors que l’Égypte, le plus peuplé des pays arabes, compte 6 000 ressortissants en Ukraine, dont plus de la moitié sont des étudiants, en majorité inscrits à Kharkiv (nord-est).

Pour les 700 à 750 étudiants libanais bloqués en Ukraine – contre 1 300 présents avant l’invasion russe – la situation est critique.

« J’ai quitté le Liban à cause de l’effondrement économique », raconte Samir, 25 ans, arrivé il y a un mois et demi seulement à Kharkiv. « Il n’y a pas de directives des autorités », se plaint-il. Il voudrait gagner la Pologne, « mais c’est risqué » car il devra traverser toute l’Ukraine. 

À Beyrouth, les autorités ont dit préparer une évacuation des Libanais en Ukraine ou réfugiés en Pologne et Roumanie par voie aérienne « à une date ultérieure ». En attendant, elles conseillent de rester « dans des endroits sûrs ».

Ali Mohammad, un étudiant irakien en ingénierie de 25 ans, appelle constamment son ambassade sans succès depuis Tchernivtsi (ouest), proche de la frontière roumaine.

« On a vécu un cauchemar, dans des conditions de guerre exceptionnelles »

- Aymen Badri, étudiant tunisien en ingénierie informatique

« On est partis d’Irak pour changer de mode de vie, la guerre, les galères. On est venus en Ukraine et c’est la même chose », a-t-il déclaré par téléphone.

Selon un responsable gouvernemental, l’Irak compte 5 500 ressortissants en Ukraine, dont 450 étudiants.

« Nous demandons à rentrer », indique Ali, assurant que « les étudiants qui ont des problèmes sont les Irakiens et les Syriens ».

Les universités ukrainiennes sont très prisées des étudiants du monde arabe et au-delà, notamment pour les études de médecine et d’ingénierie.  

« Un cauchemar »

En Tunisie, un premier groupe de 106 étudiants est arrivé mardi à Tunis à bord d’un avion militaire spécialement affrété en provenance de Bucarest.

Ils ont été accueillis à leur arrivée par des parents émus et visiblement soulagés après avoir connu plusieurs jours d’angoisse. 

Guerre en Ukraine : pour les russophones israéliens, le conflit est douloureux et personnel
Lire

Selon le ministre tunisien des Affaires étrangères, Othman Jerandi, venu les accueillir à l’aéroport, 480 autres étudiants tunisiens doivent être rapatriés prochainement à bord d’avions en provenance de Roumanie et de Pologne.

« On a vécu un cauchemar, dans des conditions de guerre exceptionnelles », a affirmé Aymen Badri, étudiant en ingénierie informatique.

Le Maroc, un autre pays du Maghreb qui compte une forte communauté d’expatriés en Ukraine avec au moins 12 000 personnes, doit commencer à rapatrier ses ressortissants qui le désirent à partir de mercredi avec trois vols spéciaux au départ de Varsovie, de Bucarest et de Budapest.

L’Algérie et la Libye ont pour leur part mis en place un dispositif pour faciliter le départ vers des pays limitrophes de l’Ukraine, mais aucun vol de rapatriement n’est prévu à ce stade.

Plus de 660 000 personnes fuyant l’invasion russe ont afflué vers les pays voisins de l’Ukraine, un compteur qui augmente de façon « exponentielle », a alerté mardi le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].