Un clandestin algérien retrouvé dans un avion à Orly provoque une crise à Alger
Dix officiers et agents de police algériens placés en détention provisoire et des sanctions administratives à venir pour le directeur technique d’Air Algérie et les directeurs de l’aéroport d’Oran.
La découverte, le 28 décembre à l’aéroport de Paris-Orly, dans le train d’atterrissage d’un vol d’Air Algérie en provenance d’Oran, d’un jeune Algérien en situation irrégulière, a provoqué une crise à Alger.
Certains médias algériens estiment même que le limogeage du patron de la police nationale, Farid Bencheikh, annoncé lundi 8 janvier, serait directement lié à l’affaire.
Le jeune homme, sans documents d’identité et dont l’âge est estimé entre 20 et 30 ans, avait été découvert en « hypothermie sévère » et transporté dans un état grave à l’hôpital.
Le 4 janvier, un communiqué du ministère de l’Intérieur a annoncé que le président Abdelmadjid Tebboune avait chargé le Directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), le général-major Djamel Kehal Medjdoub, d’ouvrir une enquête préliminaire approfondie sur « l’incident de l’intrusion ».
Un précédent en 2022
Selon le ministère de l’Intérieur, les investigations de la DGSI ont prouvé « la responsabilité directe de sept fonctionnaires de la Police aux frontières [PAF] relevant de la Direction générale de la sûreté nationale [DGSN], du commissaire, du chef de la deuxième brigade de la PAF à l’aéroport d’Oran et du commissaire principal chargé de la sécurité de l’aéroport ».
Les dix officiers et agents de police, ainsi qu’un mécanicien d’Air Algérie, ont été placés en détention provisoire après avoir été entendus par un juge d’instruction d’un tribunal d’Oran.
Ils ont été inculpés pour « infractions involontaires mettant en péril la vie des personnes à bord de l’avion et celle d’autrui, ainsi que la sécurité de l’avion ».
Un épisode similaire avait eu lieu en mars 2022, à l’aéroport de Constantine (est), quand un mineur de 16 ans avait réussi à monter clandestinement dans un avion d’Air Algérie à destination de la France. Il y était arrivé sain et sauf après avoir fait le voyage dans la soute à bagages.
Il avait aussi expliqué, en montrant un plan de l’aéroport Mohamed Boudiaf de Constantine, avoir pénétré cette enceinte en passant sous la clôture de barbelés, avant de se cacher un moment, le temps qu’un gardien quitte son poste, pour atteindre le tarmac et l’avion qu’il visait.
Dans une vidéo, une fois arrivé en France, l’adolescent avait raconté son aventure, qui n’était pas sans risques, vu le manque d’oxygène, l’épuisement et le froid qui le menaçaient durant les deux heures de vol.
Trois mois plus tard, les corps sans vie de deux hommes avaient été découverts dans le train d’atterrissage d’un avion à l’aéroport international d’Alger.
Les deux victimes d’une vingtaine d’années étaient des Algériens qui cherchaient à se rendre clandestinement en Europe en se cachant dans l’avion qu’ils pensaient en partance pour Barcelone (Espagne) alors qu’il effectuait une rotation sur Dubaï. La durée du trajet dans les conditions frigorifiques de la soute leur avait été fatale.
Plusieurs gradés ont été suspendus à la suite de cette affaire, dont le directeur général de la police des frontières, le responsable de la PAF à l’aéroport, le chef de la brigade de sécurité des avions, le chef de la brigade de sécurité et de contrôle, le commissaire responsable de la sûreté ainsi que l’officier responsable de la piste de l’aéroport.
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