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Libre, le militant palestinien Ramy Shaath arrive en France après avoir été contraint de renoncer à la nationalité égyptienne

Le militant égypto-palestinien Ramy Shaath a été libéré après plus de 900 jours de détention. Sa famille affirme qu’il a dû renoncer à la citoyenneté égyptienne afin de sortir de prison
Un policier à l'entrée de la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire, le 11 février 2020 (AFP)
Un policier à l'entrée de la prison de Tora, dans la banlieue sud du Caire, le 11 février 2020 (AFP)

Le militant politique égypto-palestinien Ramy Shaath est arrivé samedi 8 janvier à Paris, visiblement soulagé après avoir passé plus de 900 jours de détention en Égypte. Sa famille a néanmoins regretté qu’il ait été contraint de renoncer à sa nationalité égyptienne pour obtenir sa libération.

« C’est énorme. Je suis très heureux d’être ici », a-t-il lancé en anglais quelques minutes après être sorti de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, le bras levé tout en tenant la main de son épouse, la Française Céline Lebrun-Shaath, qui avait elle-même été expulsée d’Égypte au moment de son arrestation.

« J’ai passé les deux dernières années et demi entre des prisons, des lieux de disparition forcée, certains sous terre, d’autres à l’isolement, d’autres encore où j’étais avec énormément de monde soumis à un traitement particulièrement inhumain », a-t-il déclaré.

Ramy Shaath a été libéré « dans la soirée du jeudi 6 janvier, après plus de 900 jours de détention arbitraire », a écrit sa famille dans un communiqué. Les autorités égyptiennes l’ont ensuite remis à un représentant de l’Autorité palestinienne à l’aéroport du Caire, d’où il a pris un avion pour Amman. Il a atterri en France dans l’après-midi.

Disant partager le « soulagement » de l’épouse de Ramy Shaath, le président français Emmanuel Macron a salué, sur Twitter, « la décision des autorités égyptiennes » et dit « merci à tous ceux qui ont joué un rôle positif dans cette heureuse issue ».

Une figure de la révolution égyptienne

« Depuis plus de deux ans, les autorités françaises ont été pleinement mobilisées auprès des autorités égyptiennes afin que la situation de M. Shaath puisse trouver une issue positive », a de son côté commenté le ministre des Affaires étrangères français dans un communiqué.

« Personne ne devrait avoir à choisir entre sa liberté et sa citoyenneté »

- La famille de Ramy Shaath

Ramy Shaath, 48 ans, est une figure de la révolution égyptienne de 2011 et le coordinateur en Égypte du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Il était détenu depuis juillet 2019 pour avoir voulu soi-disant fomenter des « troubles contre l’État ».

Après « deux ans et demi de détention injuste dans des conditions inhumaines », sa famille regrette que les autorités égyptiennes l’aient « contraint » à « renoncer à sa citoyenneté égyptienne comme condition préalable à sa libération ».

« Personne ne devrait avoir à choisir entre sa liberté et sa citoyenneté », a-t-elle déploré dans le communiqué. 

Céline Lebrun-Shaath : « Ramy Shaath a été arrêté car il était une des grandes voix publiques en Égypte »
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En décembre, cinq organisations de défense des droits humains avaient interpellé le président français Emmanuel Macron sur le sort de ce militant, fils du dirigeant politique palestinien Nabil Shaath.

Un an plus tôt, au cours d'une visite à Paris du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi le 7 décembre 2020, Emmanuel Macron avait affirmé s'être entretenu avec lui de « cas individuels », dont celui de Ramy Shaath.

L’Égypte compte plus de 60 000 détenus d'opinion, selon des ONG. Les États-Unis estiment que le pays viole les droits humains dans tous les domaines et ont en conséquence gelé 10% de leur aide.

La libération de Ramy Shaath ne met pas fin à « la nécessité d’une action internationale contre le bilan catastrophique du gouvernement égyptien en matière de droits humains », estiment dans un communiqué onze ONG, dont Amnesty international et la Fédération internationale des droits de l’homme.

Parmi les « innombrables prisonniers » encore « arbitrairement détenus » en Égypte figurent beaucoup de « militants pacifiques, défenseurs des droits humains, avocats, universitaires et journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d'expression, de réunion pacifique et d'association », ont listé ces organisations, appelant Le Caire à libérer ces opposants.

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