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Maroc : Ilyas El Omari, le leader de l'opposition, démissionne

Le secrétaire général du principal parti d'opposition au Maroc a démissionné lundi soir en invoquant une « décision individuelle ». Mais pour les médias, il paye plusieurs échecs
Ilyas El Omari était secrétaire général du PAM depuis 2016 (AFP)
Par AFP à RABAT, Maroc

Ilyas El Omari, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM, libéral), principal parti d'opposition au Maroc, a présenté lundi soir sa démission, a annoncé sa formation dans un communiqué.   

Ancien militant d'extrême gauche, Ilyas El Omari, également président de la région nord du Maroc, avait pris début 2016 les rênes du PAM, formation fondée en 2008 par Fouad Ali el-Himma, un proche conseiller du roi du Maroc.

À la tête de ce parti libéral, il s'était livré à une intense bataille électorale avec le Parti justice et développement (PJD), première force politique du pays, se posant comme un rempart « moderniste » au parti islamiste. 

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Accusé par ses détracteurs d'agir en service commandé pour le Palais pour affaiblir les islamistes, le PAM d'El Omari était arrivé deuxième aux élections législatives d'octobre dernier derrière le PJD, grand vainqueur du scrutin.  

Le parti avait depuis lors perdu peu à peu de son influence sur la scène politique, au profit du Rassemblent national des indépendants (RNI), autre parti libéral ayant les faveurs du Palais, devenu le nouveau contrepoids aux islamistes.  

« Le secrétaire général assume la responsabilité politique des différentes étapes de la vie du parti depuis un an et demi, dont le résultat des élections », souligne le communiqué du PAM. 

Le parti avait depuis lors perdu peu à peu de son influence sur la scène politique

Selon la presse locale, la démission d’Ilyas El Omari serait également liée à la crise d'Al Hoceima, épicentre d'un mouvement de contestation qui secoue la région du Rif (nord) depuis dix mois. 

Car les élus locaux de la région, pour la plupart issus du PAM, n'ont pas su nouer le dialogue avec les protestataires pour apaiser les tensions. 

Elle intervient une semaine après un discours critique du roi envers des « partis aux abonnés absents », qui « ne remplissent nullement leur mission », notamment dans la gestion de la crise dans le Rif.

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Mardi en conférence de presse, le désormais ex-patron du PAM a évoqué une décision « individuelle » et « indépendante », qui n'a « aucune relation avec ce qui se passe à Al Hoceima », mais qui se justifie par « le non-respect » de certains élus du PAM des « orientations » du parti et des « engagements pris envers les électeurs », se présentant lui-même comme le « premier responsable ». 

« Ilyas El Omari a échoué à évincer le PJD de la première place du podium aux législatives du 7 octobre 2016 et a failli dans sa mission de médiateur entre l’État et le Rif », décryptait mardi le site d'information Yabiladi en faisant allusion à ses fonctions de président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. 

« Poussé à la démission, El Omari est la première tête qui roule après la colère royale exprimée à plusieurs reprises suite à la crise Al Hoceima », résumait de son côté Le Desk.

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