Des gardes de sécurité israéliens tuent une Palestinienne à un check-point de Cisjordanie
Du personnel de sécurité israélien a abattu une Palestinienne au poste de contrôle de Qalandiya en Cisjordanie occupée ce mercredi matin, selon la police israélienne et des témoins palestiniens.
Une vidéo – dont l’authenticité a été confirmée par Middle East Eye – circule sur les réseaux sociaux montrant des hommes armés de fusils et portant l’uniforme d’une entreprise de sécurité privée face à une femme se tenant à quelques mètres d’eux. On entend un tir et elle s’effondre, laissant tomber quelque chose au sol, que l’un des gardes de sécurité vient éloigner du pied.
« Ils étaient cinq soldats et elle était à environ sept mètres. Ils l’ont tuée délibérément »
- Mohammed Hammad Jaradat, témoin
Des témoins ont raconté à MEE que cette femme avait reçu quatre balles après avoir manqué une voie réservée aux piétons à Qalandiya, le plus important check-point séparant Jérusalem-Est du centre de la Cisjordanie.
Mohammed Hammad Jaradat, un témoin de Jérusalem, a déclaré à MEE que cette femme semblait avoir pénétré à pieds dans la mauvaise section du poste de contrôle et tentait de rejoindre l’arrêt de bus.
Les forces de sécurité israéliennes se sont mises à lui crier dessus et à la poursuivre. Alors, précise Jaradat, elle a levé un petit couteau.
« Ils auraient pu la contrôler », affirme Jaradat. « Ils étaient cinq soldats et elle était à environ sept mètres. Ils l’ont tuée délibérément, non seulement dans le but de la tuer, mais aussi pour faire peur aux Palestiniens qui traversent quotidiennement le check-point entre Ramallah et Jérusalem. »
Le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne a confirmé que la femme, dont l’identité demeure inconnue, avait succombé à ses blessures dans un hôpital israélien à Jérusalem-Est. Le Croissant-Rouge palestinien a déclaré dans un communiqué que les forces israéliennes avaient empêché ses médecins de rejoindre la femme et de lui administrer les premiers secours.
Un porte-parole de la police israélienne a déclaré dans un communiqué qu’une « terroriste [avait] tenté de commettre une attaque à l’arme blanche » au poste de contrôle de Qalandiya, en affichant une photo d’un couteau sur l’asphalte.
Alaa Rimawi, directeur du Center for Jerusalem Studies, a indiqué à MEE qu’une étude réalisée par le centre avait estimé que 56 % des Palestiniens tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem depuis 2015 avaient été tués aux postes de contrôle, ajoutant que Qalandiya était un point chaud pour ces fusillades meurtrières.
« Ces exécutions répétées sont devenues une préoccupation pour les Palestiniens qui sont contraints de traverser quotidiennement les check-points »
- Alaa Rimawi, Center for Jerusalem Studies
« Ces exécutions répétées sont devenues une préoccupation pour les Palestiniens qui sont contraints de traverser quotidiennement les check-points », a déclaré Rimawi.
À la suite de cette fusillade, les forces israéliennes s’en sont pris aux civils palestiniens présents dans la zone, ont pulvérisé du gaz lacrymogène et ont empêché les travailleurs de pénétrer dans le poste de contrôle avant de le fermer dans les deux sens.
La Cisjordanie était déjà bloquée mardi pour les élections législatives israéliennes, empêchant environ 150 000 Palestiniens détenteurs de permis de travail israéliens de passer les postes de contrôle, selon des responsables palestiniens.
Rimawi a dénoncé des procédures inappropriées, telles que des sommations insuffisantes de la part des soldats avant le tir, l’utilisation de balles réelles et un non-respect des règles de l’armée, stipulant qu’il faut viser les membres inférieurs des assaillants présumés pour éviter des pertes de vies humaines.
Il a également déclaré que son organisation avait documenté au moins 36 cas depuis 2015 dans lesquels des Palestiniens avaient été tués malgré « l’absence de preuve indiquant la possession d’un objet menaçant la vie de soldats ».
Documenter les meurtres
Pour Helmi al-Araj, directeur du Centre for Defense of Liberties and Civil Rights, les preuves photographiques et vidéo des meurtres perpétrés par les forces israéliennes servent à dénoncer une pratique récurrente dans les territoires palestiniens occupés, que les Palestiniens représentent ou non une menace réelle.
« Tous les documents sont extrêmement importants afin de les utiliser contre des soldats et des colons israéliens et de les poursuivre pour crimes de guerre et contre l’incitation continuelle à tuer des Palestiniens », explique Araj à MEE – citant le meurtre du Palestinien Abd al Fattah al-Sharif à Hébron en 2016.
La vidéo du meurtre de Sharif à la manière d’une exécution avait suscité la condamnation de la communauté internationale et conduit à un procès largement médiatisé suite auquel le soldat Elor Azarya était devenu l’un des rares soldats israéliens à être condamné à une peine de prison – bien que brève – pour avoir tué un Palestinien.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), les forces israéliennes ont tué 20 Palestiniens en Cisjordanie cette année au 2 septembre.
Entre 2015 et 2016, une vague de violence a causé la mort d’environ 236 Palestiniens et environ 34 Israéliens ; une grande partie des victimes palestiniennes avaient été tuées par les forces israéliennes à Jérusalem-Est annexée et en Cisjordanie occupée.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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