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Affaire Georges Ibrahim Abdallah : la France accusée d’obéir à Israël et aux États-Unis

Le militant communiste libanais, « plus ancien prisonnier politique en Europe », est incarcéré en France depuis 35 ans alors qu’il est libérable depuis 1999
Georges Ibrahim Abdallah, le 3 juillet 1986 au tribunal de Lyon (AFP)
Par MEE

L’Association France Palestine solidarité (AFPS) s’est encore mobilisée pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah qui croupit en prison depuis 35 ans. Le militant communiste libanais a été arrêté le 24 octobre 1984 à Lyon et condamné en 1984 pour détention de faux papiers (notamment un passeport algérien), puis il a été renvoyé devant les tribunaux spéciaux en 1987 pour complicité dans les attentats des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises, dont il était membre) et condamné à la prison à perpétuité. 

« Pressions des USA et d’Israël »

« Faut-il rappeler que cette condamnation à la plus lourde peine du code pénal français ne repose sur aucune charge directe mais sur une complicité présumée d’homicide volontaire suite à la revendication par les FARL de l’assassinat de deux responsables israélien et américain des services de renseignements en poste dans l’Hexagone et à la découverte d’armes dans un logement loué au nom de Georges Ibrahim Abdallah ? », rappelle l’Association France Palestine Solidarité.  

Juridiquement libérable depuis 1999 après une période de sûreté de quinze ans, la décision de sa libération, demandée deux fois par la juridiction de l’application des peines, n’a jamais été appliquée « suite à des pressions des USA et d’Israël », indique l’AFPS.

Dans son communiqué du 18 octobre, l’association cite les déclarations de l’ancien patron de la DST française, Yves Bonnet, en 2016 : « Georges Ibrahim Abdallah n’a plus rien à faire en prison ».

https://web.facebook.com/robert.abdallah.14/videos/10157340528536346/

Traduction : « Et à Tripoli : liberté pour Georges  Abdallah »

« Les interférences étrangères dans les affaires internes d’un pays, du fonctionnement de sa justice, ne sont certes pas rares », note l’AFPS. « Mais nous n’acceptons pas l’application en France d’une perpétuité réelle, le refus de fait de toute libération conditionnelle, la seule perspective pour ce résistant politique d’une mort en détention, pour complaire à des États qui ne sont pas les nôtres. »

Solidarité et mobilisation

« Il ne suffit pas que l’État du Liban ‘’exige’’ ou plutôt ‘’demande’’ ma libération, il faut encore que le rapport de force réellement existant puisse faire comprendre aux représentants de l’impérialisme français que mon incarcération commence à peser plus lourd que les possibles menaces inhérentes à ma libération »

- Georges Ibrahim Abdallah

En 2013, Manuel Valls, à l’époque ministre de l’Intérieur, refuse de signer l’arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah vers le Liban, une des conditions de sa remise en liberté, ce qui fait dire au journaliste Daniel Schneidermann et à l’écrivaine Chloé Delaume :

« On n’ose penser que si Manuel Valls tarde à signer, c’est pour ne pas déplaire au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). Ce dernier vient de révéler pourquoi il s’oppose à la libération d’Abdallah : parce qu’il ne s’est pas repenti. C’est aussi la position du gouvernement américain, qui vient de la rappeler. En sens inverse, le gouvernement libanais milite pour la libération d’Abdallah. Mais que pèse le gouvernement libanais ? »

Son avocat, Me Jacques Vergès, avait clairement déclaré, documents du département d’État américain à l’appui : « C’est le gouvernement des États-Unis qui oppose un veto intolérable à sa libération ». 

Le 19 octobre dernier, plusieurs militants communistes et sympathisants ont organisé une manifestation devant la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), où est détenu celui qu’ils considèrent comme le « plus ancien prisonnier politique en Europe ». 

À cette occasion, le militant libanais a envoyé une lettre à ses soutiens : « Sans se bercer de douces illusions, camarades, quant à ma situation, il y a encore ‘’beaucoup’’ à faire pour amorcer une issue favorable. Comme vous le savez, il ne suffit pas que l’État du Liban ‘’exige’’ ou plutôt ‘’demande’’ ma libération, il faut encore que le rapport de force réellement existant puisse faire comprendre aux représentants de l’impérialisme français que mon incarcération commence à peser plus lourd que les possibles menaces inhérentes à ma libération. »

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