Le président égyptien « en quarantaine » après des contacts avec un haut gradé de l’armée mort du COVID-19
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et sa famille ont passé deux semaines en quarantaine après avoir été en contact avec un gradé de l’armée dont la mort due au COVID-19 a été annoncée lundi, a appris Middle East Eye.
La mort de deux généraux de l’armée, Shafea Dawoud et Khaled Shaltout, après avoir été contrôlés positifs au coronavirus, a été rapportée par les médias pro-gouvernementaux dimanche et lundi.
Une source égyptienne a déclaré à MEE que Dawoud, décédé lundi, avait rencontré Sissi quelques jours avant d’être testé positif au coronavirus.
« Il est très probable que Sissi ait été infecté après avoir rencontré Shafea », a affirmé la source, ajoutant que le président et sa famille avaient été placés en quarantaine pendant deux semaines par crainte qu’il ait contracté le virus.
Middle East Eye n’a pas été en mesure de vérifier de façon indépendante si Sissi avait contracté le virus. MEE a contacté l’ambassade d’Égypte à Londres pour obtenir des commentaires, mais n’avait pas reçu de réponse au moment de la publication.
Samedi, lors de la première apparition publique du président depuis la mi-février, celui-ci a déclaré que son gouvernement « n’a[vait] rien caché » aux Égyptiens concernant l’ampleur réelle de l’épidémie de coronavirus dans le pays.
« Nous avons traité le sujet depuis le début et comme toujours avec une transparence totale […] toutes les déclarations du ministère de la Santé et du gouvernement reflètent la réalité de ce que nous vivons », a-t-il assuré lors d’une réunion avec des Égyptiennes de premier plan à l’occasion de la journée de la femme dans le pays.
Malgré les conseils de distanciation sociale, une photo publiée samedi par la présidence égyptienne montrait également Sissi assis à proximité de Mohamed Awad Tag Eldin, son conseiller en matière de santé et de prévention, dans une salle autrement vide du palais présidentiel.
La source de MEE, qui a préféré garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, a déclaré que Dawoud avait contracté le virus après avoir été en contact avec un collègue qui s’était récemment rendu en Italie.
Les médias égyptiens pro-gouvernementaux ont rapporté que Dawoud et Shaltout avaient contracté la maladie « dans leurs efforts pour lutter contre le virus ».
Les deux généraux travaillaient pour l’Autorité d’ingénierie de l’armée, le bras économique de l’armée chargé de réaliser des mégaprojets tels que la construction d’une nouvelle capitale et les projets de développement du canal de Suez.
« Ils assistent habituellement à des réunions avec Sissi pour l’informer de leur travail de gestion des mégaprojets de l’armée », a expliqué la source à MEE.
Un rapport du groupe égyptien de défense des droits de l’homme We Record du 13 mars indiquait que Dawoud et Shaltout avaient été testé positifs au virus, mais qu’une censure médiatique limitait la couverture de leurs cas.
Le groupe a exhorté le gouvernement égyptien à révéler l’ampleur des infections au sein de l’armée afin de protéger « à la fois les civils et les membres des forces armées » et d’empêcher une multiplication des cas dans le pays.
Le ministère égyptien de la Santé a signalé jusqu’à présent 327 cas de CIVID-19 et 14 décès.
Cependant, des spécialistes des maladies infectieuses de l’Université de Toronto (Canada) croient que le nombre d’infections en Égypte est probablement bien plus élevé que ne l’indiquent les chiffres officiels.
Les autorités égyptiennes ont révoqué la licence d’un correspondant du journal The Guardian qui citait les recherches de l’Université de Toronto, l’accusant de « désinformation ».
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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