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« Une grave erreur » : limogé, l’ambassadeur tunisien à l’ONU paye son soutien aux Palestiniens

Il voulait élaborer un projet de résolution condamnant l’« accord du siècle ». La présidence tunisienne, évoquant un manque de coordination avec les autorités du pays, a convoqué puis remercié Moncef Baati, qui représentait les pays arabes à l’ONU
Moncef Baati était retraité lorsqu’il lui avait été demandé en 2019 de reprendre du service pour devenir ambassadeur à l’ONU pour les deux ans de présence de ce pays au Conseil de sécurité (Twitter)
Par MEE

La Tunisie a justifié, samedi 8 février, le limogeage de son ambassadeur à l’ONU en expliquant qu’il avait commis une « grave erreur » en distribuant un document devant servir à rédiger un projet de résolution condamnant le plan américain sur le Proche-Orient « sans consulter son pays ».

Moncef Baati siégeait depuis le 1erjanvier au Conseil de sécurité de l’ONU, où il représente les pays arabes.

Le ministère tunisien des Affaires étrangères a annoncé vendredi son limogeage, parlant d’un « manque de coordination » avec ce ministère.

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Selon des sources diplomatiques à l’ONU, ce rappel est lié à un projet palestinien de résolution condamnant le plan annoncé le 28 janvier par le président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.

Moncef Baati a « distribué un document qui devait servir à élaborer un projet qui sera présenté à la prochaine réunion du Conseil de sécurité », a indiqué samedi à la radio privée Shems FM Rachida Ennaifer, conseillère du président tunisien Kais Saied, chargée des médias et de la communication. 

« C’est une grave erreur diplomatique car le diplomate n’a pas consulté au préalable la présidence de la République ni le ministère des Affaires étrangères », a-t-elle expliqué.

Elle a par ailleurs nié qu’il y ait eu des « pressions » de la part de l’administration américaine pour que Tunis rappelle son ambassadeur.

D’après une source diplomatique à l’ONU, Moncef Baati aurait été plus loin que ne l’aurait voulu Tunis sur le dossier du Proche-Orient en apportant un soutien trop appuyé aux Palestiniens, au risque d’altérer la relation entre la Tunisie et les États-Unis.

L’ancien ambassadeur de Tunisie en Corée du Sud, Elyes Kasri, regrette : « Ce lâchage d’un serviteur de l’État a tourné au dénigrement, tant par la présidence de la République que par le ministère des Affaires étrangères, au vu et au su de toutes les chancelleries du monde. »

Son limogeage a été très commenté en Tunisie, notamment de la part de diplomates.

« La politique de non alignement est séduisante mais elle ne peut nous assurer une diplomatie apaisée avec nos alliés traditionnels, même quand il s’agit du conflit palestinien. On ne peut se comparer à l’Algérie, championne du non alignement mais puissance pétrolière ayant les moyens de sa politique », analyse la diplomate Sémia Zouari, pour qui « il est évident [que Moncef Baati] a servi de fusible sous la pression de la Maison-Blanche et de Jared Kuschner. »

« Il s’agit en tout état de cause d’une première nationale. Jamais le chef de l’État n’a été autant marginalisé dans une décision de nature régalienne. Il s’agirait même d’une première internationale : de mémoire d’homme, jamais un ambassadeur en exercice n’a été rappelé, durant son mandat et à quelques jours d’une réunion du Conseil de sécurité ! », commente le site tunisien Espace Manager.

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Le président palestinien Mahmoud Abbas a multiplié les initiatives diplomatiques pour rallier les oppositions au plan américain.

Après avoir reçu le soutien de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), il a prévu de se rendre à un sommet de l’Union africaine dimanche et lundi avant d’aller mardi devant le Conseil de sécurité.

Les Palestiniens veulent à cette occasion soumettre à un vote du Conseil un projet de résolution dénonçant le plan américain. 

Mardi, ils avaient fait remettre au Conseil de sécurité par la Tunisie et l’Indonésie un premier projet de texte, selon des diplomates.

Diplomate de carrière chevronné et apprécié de ses homologues, Moncef Baati était retraité lorsqu’il lui avait été demandé, en 2019, de reprendre du service pour devenir ambassadeur à l’ONU pour les deux ans de présence de ce pays au Conseil de sécurité. 

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