Sylvain Cypel : « Malgré leur énorme supériorité, les Israéliens ne peuvent pas gagner »
Au-delà de l’impunité dont semble jouir Israël, le journaliste Sylvain Cypel interroge dans son nouveau livre, L’État d’Israël contre les juifs, la fascination que cet État semble exercer sur des dirigeants nationalistes tels l’Indien Narendra Modi, le Hongrois Viktor Orbán ou encore l’Américain Donald Trump.
À travers les principes de « guerre préventive », « ethnicité de la citoyenneté », « guerre contre le terrorisme », mépris du droit international au profit du culte de la force, l’auteur retrace ce qu’il appelle l’« israélisation du monde », à savoir « la soumission progressive des Israéliens à un État sécuritaire où l’abandon, imposé ou volontaire, de tout ce qui fait l’État de droit devient la norme ».
Or, selon le mot de l’anthropologue Jeff Halper, que rappelle l’auteur, « l’israélisation des États et de leurs forces militaires et policières, c’est notre propre palestinisation à tous ».
Autre point longuement abordé dans l’ouvrage, celui du fossé, voire du schisme, qui se creuse entre le judaïsme israélien et le judaïsme américain. Le soutien des juifs américains à la politique d’Israël n’est plus inconditionné et aveugle, tandis que des voix dissidentes et fortes se font entendre au sein de la jeune génération.
Cette situation contraste avec les instances représentatives du judaïsme français, qui jamais n’ont semblé autant alignées sur la politique israélienne. Le livre de Sylvain Cypel, lequel connait bien Israël et les États-Unis pour y avoir vécu et travaillé, offre une réflexion poussée et salubre sur le sionisme originel, son développement et ses contradictions, ses points de rupture et de continuité.
Middle East Eye : Le sionisme est traversé de nombreux paradoxes, voire apories originelles. Il est une idéologie créée par des laïcs qui s’est implantée sur une terre porteuse d’un imaginaire religieux…
Sylvain Cypel : La plupart des jeunes sionistes étaient athées ou laïques. David Ben Gourion, pour ne citer que lui, ne croyait pas en Dieu et ne respectait aucune fête religieuse juive. La mouvance religieuse était initialement très hostile au sionisme, car elle postulait qu’un État juif ne pouvait advenir qu’avec la venue du Messie.
Mais assez rapidement, une partie mineure du judaïsme religieux a soutenu le sionisme. Ces juifs religieux, s’appuyant sur la prophétie biblique selon laquelle le Messie devait arriver sur un âne, voyait dans le sionisme cette « monture » du Messie. Une sorte d’âne de la rédemption permettant de restaurer le royaume de David. Avec le recul, ce n’était pas mal vu.
MEE : Est-ce une utopie qui a réussi quand toutes les autres se sont effondrées ? Pour le communisme, 1917 ouvre le champ des possibles mais, 70 ans après, la chute de l’URSS et du bloc soviétique entérine l’échec. Pour le sionisme, 1948 porte la création d’Israël et 70 ans après, il y a le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.
SC : Après la théorie marxiste, l’URSS a illustré l’échec du socialisme réel. Dans le sionisme, il y avait quelque chose d’attrayant dans l’idée de permettre aux juifs européens discriminés ou persécutés d’avoir enfin leur pays, une vie souveraine où ils seraient protégés.
Il y a eu chez la plupart des sionistes une part de déni qui consistait à ne pas tenir compte du fait que leur rêve se faisait au détriment de la population locale
Mais dès la Palestine ottomane, certains des juifs venus accomplir ce rêve sioniste se rendaient bien compte que quelque chose n’était pas juste. Ils constataient que le sionisme achetait ou s’emparait de terres de propriétaires (dont certains vivaient même hors de Palestine) et que cela se faisait au détriment des paysans locaux.
Il y a eu toutefois chez la plupart des sionistes une part de déni qui consistait à ne pas tenir compte du fait que leur rêve se faisait au détriment de la population locale. Max Nordau avait écrit à Théodore Herzl [tous deux cofondateurs de l’Organisation sioniste mondiale] que le slogan du sionisme, « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », était faux. Il avait constaté de visu que la Palestine était habitée.
Tout au long de l’histoire du sionisme, il y a cette prise de conscience qui a conduit des sionistes à rompre avec le sionisme. Comme certains communistes ont pu rompre avec le communisme.
MEE : Mais l’Israël actuel cristallise-t-il l’aboutissement du sionisme ou en est-il une rupture ?
SC : Les germes étaient là dès le début du sionisme et, pourtant, l’Israël actuel rompt avec ce sionisme originel. C’est le paradoxe. Tout était présent au départ. Il suffit de lire les travaux de l’historien Benny Morris.
Les sionistes originels savaient que leur politique devait avancer masquée car leur ambition réelle, qui était de s’emparer de la terre appartenant à un autre, ne pouvait être clairement affichée. J’ai moi-même rompu d’abord avec la politique israélienne, puis avec le sionisme, quand j’ai compris que cette politique ne venait pas de nulle part, qu’elle était l’aboutissement de l’idée sioniste.
Le sionisme originel était préoccupé de préserver une image d’Israël qui soit propre. […] Désormais, beaucoup d’Israéliens disent ouvertement que l’erreur a été de ne pas expulser alors tous les Palestiniens
La situation actuelle correspond à une évolution normale, une aggravation des choses. Mais en même temps, c’est plus compliqué. Le sionisme fondateur et le sionisme messianique et ultra-nationaliste qui est aujourd’hui au pouvoir ne sont pas identiques. Il y a eu un basculement.
Certes, ils ont en commun l’ethnicisme, « les juifs d’abord ». Mais ils diffèrent aussi profondément. Cette droite nationaliste arrive au pouvoir en 1977 et, depuis, elle l’a gardé 39 années sur 43. Le sionisme laïc, historiquement majoritaire, est désormais minoritaire.
Autre différence, le sionisme originel était préoccupé de préserver une image d’Israël qui soit propre. En 1948, le « roman national » israélien avait posé comme dogme que les populations palestiniennes étaient parties d’elles-mêmes, « sans expulsion ». Désormais, beaucoup d’Israéliens disent ouvertement que l’erreur a été de ne pas expulser alors tous les Palestiniens. Israël est passé d’un déni à une revendication claire, avec l’affirmation que si l’occasion d’expulser les Palestiniens se représentait, il faudrait « saisir cette chance ».
MEE : Ce triomphe est-il certain ? Israël n’est-il pas une puissance extrême et fragile à la fois ?
SC : Le sentiment d’un triomphe absolu du sionisme est effectivement prégnant. Israël a, en Donald Trump, un président qui lui accorde tout ce que les autres présidents américains lui refusaient. Ces présidents voulaient au moins faire semblant de respecter le droit international.
Mais Israël vit dans la rupture totale vis-à-vis de ce droit depuis sa création. Israël ne reconnaît qu’une seule résolution de l’ONU, celle qui crée l’État d’Israël. Mais aucune de toutes celles prises ensuite ne sont respectées : ni sur [le statut de] Jérusalem, ni sur [le droit au retour des] réfugiés, ni sur [l’arrêt de] la colonisation, sur rien ! Donald Trump fait la même chose, il ignore le droit international.
Le mouvement palestinien est dans une situation de difficultés presque aussi grande qu’après la grande grève de 1936-1939 [pour revendiquer un État arabe indépendant et la fin de l’immigration juive sioniste]. Cette grève fut écrasée sur le terrain par le colonisateur britannique avec la complicité concrète des sionistes. L’expulsion et la fuite éperdue des Palestiniens en 1948 [la « Nakba »] ne se comprend qu’à l’aune de cet échec dix ans plus tôt.
Désormais, il faut se rendre compte que la défaite de la deuxième Intifada a été très profonde. Le territoire des Palestiniens est divisé, le mouvement nationaliste l’est tout autant entre laïques et religieux. Les Israéliens jouent de cette division. Le rapport de force entre Israël et les Palestiniens est disproportionné de façon inouïe. Les Israéliens sont plus forts car ils ont un État souverain, une économie développée, des développements technologiques, culturels, artistiques.
Le fossé entre Palestiniens et Israéliens est aujourd’hui beaucoup plus profond qu’un simple rapport de force. En même temps, cette réalité cache une autre réalité qui rend les Israéliens fous. Malgré leur énorme supériorité, ils ne peuvent pas gagner. Car si les Palestiniens ne peuvent pas vaincre, ils ne peuvent pas non plus perdre. Tant qu’ils restent, cela suffit à empêcher la victoire des Israéliens.
Le rapport de force entre Israël et les Palestiniens est disproportionné de façon inouïe
Ceux-ci rêvent du jour où ils pourront vivre dans un entre-soi juif. Mais pour y aboutir, il faudrait un chaos régional de grande ampleur qui permettrait à Israël de procéder à une nouvelle expulsion.
Aujourd’hui, cela paraît aussi inenvisageable qu’une fin de l’occupation israélienne. Les Palestiniens ont tiré les leçons de leurs erreurs passées, ils ne partiront pas. Et s’ils sont au creux de la vague : je pense qu’une nouvelle génération viendra renouveler la lutte nationale palestinienne.
MEE : Y a-t-il un point de basculement ou de rupture dans l’histoire du pays ?
SC : 1967 est une date charnière, parmi d’autres. Mais je retiens plutôt les processus. De 1967 à 1993, en 26 ans, se sont installés seuls 30 % du nombre actuel des colons installés dans les territoires palestiniens occupés. Depuis, en 27 ans, 70 % d’entre eux l’ont fait, et le processus s’est particulièrement accéléré après l’échec des négociations de Camp David à l’été 2000, au cours d’une période où la droite ultranationaliste a dominé le pays.
Désormais, l’esprit colonial se manifeste ouvertement, et il est dominant. N’oublions pas qu’aujourd’hui, les Israéliens de moins de 50 ans n’ont jamais connu un autre pays que celui qui occupe les Palestiniens. Or, ils sont la grande majorité.
L’occupation est devenue la normalité. Et le niveau de pression sur les Palestiniens a augmenté de façon considérable. Durant la première Intifada, aucun tank n’est rentré dans un village palestinien. Dès le cinquième jour de la seconde Intifada, un missile Apache est lancé sur un bâtiment civil abritant des jeunes militants du Fatah.
MEE : Benyamin Netanyahou est-il l’incarnation de l’évolution ou a-t-il accéléré ce changement ?
SC : Les deux. Il est l’homme qui incarne le mieux cette évolution. Il y a 40 ans, il aurait été qualifié de fasciste en Israël, incarnant l’extrême droite de l’extrême droite. Désormais, il a à sa droite des gens plus extrêmes que lui, plus fous aussi.
Il y a 40 ans, [Netanyahou] aurait été qualifié de fasciste en Israël, incarnant l’extrême droite de l’extrême droite. Désormais, il a à sa droite des gens plus extrêmes que lui, plus fous aussi
Netanyahou n’est pas un mystique, pas plus qu’un foudre de guerre. Il est prudent. Ce qui est extraordinaire est qu’il se retrouve presque au centre de l’échiquier politique. La durée de son pouvoir a forcément influé sur le processus.
Toutes les lois votées depuis 2015, ségrégationnistes, liberticides, toutes ont été présentées plusieurs fois comme des projets de loi. Elles étaient restées à l’état de projet. Mais peu à peu, Benyamin Netanyahou a pu les faire passer, hélas avec beaucoup de talent. Il sait que l’idée qui domine dans le pays est qu’Israël n’est pas l’État de tous ses citoyens. Il est l’État de ceux qui sont juifs. C’est là le fondement de l’ethnicisme, la loi du sang et de la naissance.
MEE : L’une des craintes d’Israël est le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), jusqu’à créer un ministère des Affaires stratégiques dédié à contrer cette plateforme. Pourquoi ?
SC : Aujourd’hui, qu’est-ce que BDS ? Sur les campus américains, la moitié des membres et soutiens sont des juifs américains. Pour l’autre partie, ce sont des membres des diasporas arabes ou palestinienne. Il y a là le ferment de quelque chose. Comme un contre-exemple à ce que prône Israël, pays qui valorise l’entre-soi, les murs. Ce mouvement dit et illustre l’inverse.
L’impact du BDS n’est ni politique, ni économique. Il est dans la perception d’Israël dans le monde. Car il transforme le pays en nation paria
L’investissement d’Israël dans la lutte contre le BDS interpelle effectivement. Cette plateforme pose un danger car elle met en lumière l’illégitimité de ce que fait Israël aux Palestiniens. Pourtant, le BDS ne propose aucune solution politique, aucun choix entre un État ou deux. Le mouvement demande seulement que cesse l’occupation.
En effet, désormais, l’occupation est la question centrale. Elle est une horreur pour les Palestiniens. Elle ronge aussi la société israélienne. L’impact du BDS n’est ni politique, ni économique. Il est dans la perception d’Israël dans le monde. Car il transforme le pays en nation paria.
MEE : Vous montrez comment la vie entière des Palestiniens est accablée par l’occupation. Mais Israël est-il, selon le mot de Maxime Rodinson, un « fait colonial » ?
SC : Oui, pour dire les choses. Mais ce n’est pas une colonisation à l’Algérienne. Elle est de type Australie, États-Unis, une colonisation de peuplement. Il ne s’agit pas d’exploiter la population locale à son propre profit. Il s’agit de créer sa propre société sans tenir compte de la population locale.
MEE : La figure de l’ennemi palestinien ou arabe est-elle la figure nécessaire qui cimente la société israélienne ?
SC : La société israélienne est effectivement terriblement divisée. La question du racisme intérieur des juifs européens à l’égard des juifs orientaux est partiellement résorbée, même si elle n’a pas disparu. Mais le clivage religieux/laïcs demeure puissant. Des deux côtés, certains sont à gauche de l’échiquier politique, d’autres à droite. Par exemple, [l’ancien ministre israélien de la défense et actuel député] Avigdor Lieberman, qui se situe à l’extrême droite, est laïque.
Un autre phénomène m’interpelle cependant. Des milliers d’Israéliens ont fait une demande de nationalité européenne, sur la base de leurs origines. Ceci traduit un doute intérieur qui travaille toute la société. Elle est plus faible qu’elle n’apparaît.
Une forme d’« israélité » s’est toutefois quand même créée. Celle-ci s’observe dans le rapport qui s’envenime entre juifs israéliens et juifs américains. Ils ne sont pas les mêmes. Les premiers sont massivement dans une vision très ethniciste des rapports sociaux, alors que les seconds s’inscrivent très majoritairement dans une modernité multiculturelle.
MEE : Notez-vous un fossé entre les juifs américains et Israël ?
SC : Une minorité de juifs américains soutient Israël de façon indéfectible. Mais il se pourrait que les juifs américains développent leur propre judaïsme et qu’ils abandonnent peu à peu leur soutien à Israël. Mais Israël en a-t-il encore besoin ? Les juifs américains sont 6,5 millions et sont plutôt marqués à gauche.
Les évangéliques sont 60 millions et ils sont d’extrême droite. Et parfois antisémites. On dit qu’en préférant aux juifs l’alliance avec les évangélistes, Netanyahou a fait un calcul simple, celui de la force et du nombre.
Au-delà, c’est aussi parce qu’il s’entend avec eux, avec leurs idées de suprémacisme raciste. Comme il s’entend bien avec les nationalistes tels que Narendra Modi ou Viktor Orbán, lequel est pourtant entouré d’antisémites. Ce fossé entre judaïsme américain et judaïsme israélien ira croissant.
MEE : Vous développez la question de l’israélisation du monde. Pouvez-vous expliquer cette idée ?
SC : Les Israéliens ont réussi à imposer des idées très anciennes chez eux et qui, désormais, sont acquises. Le rapport à l’immigration du pays fait qu’il est donné en exemple par des gens comme Orbán ou Trump. C’est une société israélienne qui construit d’ailleurs le mur à la frontière mexicaine.
La théorie de la guerre préventive, prônée depuis longtemps par Israël, est désormais considérée comme acceptée et acceptable par beaucoup d’autres. Voilà pourquoi tous ces régimes identitaires, voire antisémites, soutiennent Israël : ce pays incarne ce qu’ils voudraient pouvoir eux-mêmes mettre en place.
MEE : Et la France dans tout cela ? Le soutien des juifs français à Israël est-il plus solide ou affirmé ?
SC : Le judaïsme français comporte plusieurs caractéristiques. Le facteur d’attachement à la République reste fort chez les juifs français. Mais le judaïsme communautaire français est désormais dominé par des juifs maghrébins qui, pour beaucoup, ont gardé un esprit de revanche après la vague de décolonisation dans les pays arabes.
Le judaïsme communautaire français est désormais dominé par des juifs maghrébins qui, pour beaucoup, ont gardé un esprit de revanche après la vague de décolonisation dans les pays arabes
L’autre élément est la couardise et l’esprit de groupe. Nous sommes dans une phase, en France, de glissement sur les questions migratoires et identitaires.
Le CRIF [Conseil représentatif des institutions juives de France] joue un rôle important dans ces questions. Il installe un rapport à Israël qui rappelle le rapport qu’avaient les communistes à l’URSS. C’est l’ambassadeur d’Israël qui fixe la ligne du CRIF. Mais pourquoi n’entend-on pas de voix pour dire que cela suffit ? C’est énigmatique. On peut penser que cela viendra.
L’autre question est combien de juifs français le CRIF représente-t-il ? Certains disent que c’est de l’ordre de 60 000 personnes, donc 10 % des juifs français. Je ne le pense pas. Le CRIF ne se résume pas à ses seuls membres. Je dirais qu’il représente la moitié des juifs de France.
Mais surtout, les autres sont inaudibles et ce silence change tout. Il tranche avec la parole portée de grands intellectuels juifs américains qui se sont ouvertement exprimés contre la loi israélienne sur Israël en tant qu’État-nation du peuple juif. Aux États-Unis, ce sujet a suscité un énorme débat dans la communauté. Et 120 professeurs juifs américains ont signé une pétition contre la criminalisation du BDS.
En France, le silence est dû à la peur de réveiller l’antisémitisme en participant à la critique d’Israël. Cet argument est faux et même dangereux. En vérité, c’est de ne pas en parler, ne pas se démarquer de la politique israélienne, qui fait monter l’antisémitisme.
Mais le CRIF réussit à imposer le silence dans les rangs et une seule position sur la politique israélienne. Au fond, ce n’est pas tant l’antisémitisme qui fait peur que la crainte de se retrouver seul, expulsé de la communauté, si on tient une position différente. La question est : jusqu’où peut-on aller dans l’acceptation des crimes ?
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