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Sibylle Rizk : « La classe politique libanaise en place est incapable de transformer le Liban en ‘’Norvège du Moyen-Orient’’ »

Pour la présidente du conseil de l’ONG Lebanese Oil and Gas Initiative (LOGI), le nouvel accord entre le Liban et Israël sur leur frontière maritime et le partage des ressources gazières en Méditerranée orientale sert surtout les intérêts israéliens
Un navire de la marine libanaise patrouille dans les eaux méditerranéennes au large de Rosh Hanikra, une zone à la frontière entre Israël et le Liban (Ras al-Naqoura), le 4 mai 2021 (AFP/Jack Guez)
Un navire de la marine libanaise patrouille dans les eaux méditerranéennes au large de Rosh Hanikra, une zone à la frontière entre Israël et le Liban (Ras al-Naqoura), le 4 mai 2021 (AFP/Jack Guez)
Par Muriel Rozelier à BEYROUTH, Liban

Le Liban et Israël ont signé le 27 octobre un accord présenté comme « historique » sur leur frontière maritime et le partage du gaz en Méditerranée orientale.

Les deux pays, qui n’ont jamais eu de relations diplomatiques et dont les frontières terrestres restent encore à déterminer, ont accepté la version finale du compromis rédigé par le diplomate américain Amos Hochstein, après plusieurs années de tentatives infructueuses.

L’accord, pour lequel les États-Unis se sont portés garants des conditions de son application, a également reçu le feu vert du Hezbollah et de son parrain régional, l’Iran, sans lesquels il n’aurait pas pu aboutir.

Pour la région, il traduit une volonté de stabilisation, au moins à moyen terme, même si rien ne garantit, en l’état, qu’un nouveau cycle de violence ne puisse démarrer à plus long terme entre les deux pays.

Côté israélien, il lève la menace que représentait le Hezbollah sur le gisement gazier de Karish, à portée de ses missiles et dont la production a démarré. Ce champ gazier contiendrait 1,75 billion de pieds cubes (TCF en anglais) de gaz, pour une valeur de 3 milliards de dollars selon des estimations israéliennes.

Côté libanais, si l’accord éloigne pour la population le risque d’une guerre avec son voisin, l’exploration accuse, elle, de très gros retards et les retombées financières – s’il y en a – ne sont pas attendues avant 2030.

D’autant que certains termes de l’accord demandent encore à être définis. Les gains sont plus probants pour la classe politique libanaise qui a besoin de faire oublier sa responsabilité dans la crise économique et son incapacité à la résoudre.

Pour Middle East Eye, Sibylle Rizk, présidente du conseil de l’ONG libanaise Lebanese Oil and Gas Initiative (LOGI), qui milite pour renforcer la gouvernance et la transparence du secteur, décrypte cet accord.

Middle East Eye : Le Liban et Israël ont signé un accord pour délimiter leur frontière maritime, que beaucoup de commentateurs estiment être « historique ». Est-ce une ébauche de normalisation des relations entre les deux pays ?

Sibylle Rizk : Entre le Liban et Israël, le statu quo se maintient et les deux pays restent officiellement en état de belligérance. Le compromis qu’ils ont signé se limite à un accord sur la délimitation de leur frontière maritime et le partage des ressources en Méditerranée orientale.

Israël affirme qu’il s’agit d’un début de normalisation, ce que les autorités libanaises démentent formellement. En tout état de cause, la négociation et la signature, de façon séparée, du compromis ont vocation à faire prévaloir la version libanaise d’un point de vue légal même si, sur le plan politique, toutes les interprétations sont possibles.

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Il s’agit certainement d’un nouveau chapitre dans l’histoire des deux pays avec un engagement réciproque à « calmer le jeu », ce qui devrait éviter une confrontation ouverte à moyen terme. C’est un gain notable alors que la situation était encore extrêmement volatile entre ces deux parties cet été.

J’y vois cependant un avantage plus marqué pour Israël, qui a eu l’assurance immédiate de pouvoir procéder à l’exploitation du gisement de Karish, avec les garanties de sécurité nécessaires.

Tandis que, côté libanais, la menace était moins directe, liée à des représailles militaires israéliennes si le Hezbollah menait une éventuelle action sur Karish, dans le cadre de la négociation de la frontière.

Cette menace n’en était pas moins grave et faisait courir au pays un risque sécuritaire important. Il y a bien entendu un débat très tendu au Liban sur la légitimité de l’usage des armes du Hezbollah et du bien-fondé de ses agissements en dehors du cadre institutionnel alors qu’ils engagent le pays tout entier. Indépendamment de cela, pour la population, cette stabilité sécuritaire est en soi un soulagement.

MEE : Le Liban n’a-t-il pas autant de bénéfices économiques à attendre de l’accord conclu que son voisin ?

SR : Disons, comme Kassem Ghorayeb, professeur à l’Université américaine de Beyrouth, que l’accord apporte à « Israël des bénéfices certains et immédiats tandis que ceux du Liban ne sont que probables et différés ».

Pour l’heure, la présence d’hydrocarbures au large des côtes libanaises n’est pas prouvée : aucun forage n’a encore été mené dans le champ présumé baptisé Cana. Le consortium mené par TotalEnergies, chargé de l’exploration et de l’exploitation du bloc 9 dans lequel se situe une partie de ce gisement, côté libanais, devrait reprendre dès 2023 l’exploration, mais on ignore encore si on y trouvera du gaz et, le cas échéant, si son volume sera commercialement intéressant.

Pour le médiateur américain Amos Hochstein, l’accord permettra de « créer de l’espoir et des opportunités économiques » et d’instaurer « la stabilité » pour Israël et le Liban (AFP)
Pour le médiateur américain Amos Hochstein, l’accord permettra de « créer de l’espoir et des opportunités économiques » et d’instaurer « la stabilité » pour Israël et le Liban (AFP)

Israël, au contraire, a commencé à exploiter ses gisements dès 2004, avec Léviathan [son plus grand gisement gazier offshore] et Tamar. L’accord lui accordant la pleine souveraineté sur Karish, l’exploitation a débuté dès que l’encre de la signature a séché.

On est très, très loin des chiffres jetés en pâture à l’opinion publique libanaise qui se déclinent en dizaines voire en centaines de milliards de dollars

MEE : Les Israéliens estiment que le champ gazier de Karish contiendrait 1,75 billion de pieds cubes de gaz, pour une valeur de 3 milliards de dollars, quelles sont les hypothèses pour Cana ?

SR : Seul un forage déterminera les volumes. Certaines estimations pour le champ gazier présumé de Cana tournent autour de 1,5 à 2,5 TCF.

Selon une étude réalisée pour le compte de LOGI et de l’association libanaise Kulluna Irada dans laquelle je travaille, dans la meilleure des hypothèses, basée sur la découverte dans les blocs 9 et 4 de 16 billions de pieds cubes sur la base d’un baril à 6 dollars par millions de BTU [unité de mesure de l’énergie], les revenus varieraient de 6 à 8 milliards de dollars à partir de 2030 – si la découverte est immédiate – répartis sur une durée de quinze ans.

En termes annualisés et en valeur nette, on est très, très loin des chiffres jetés en pâture à l’opinion publique libanaise qui se déclinent en dizaines voire en centaines de milliards de dollars. 

MEE : Pourquoi en survendre les bénéfices escomptés côté libanais ?

SR : L’ensemble de la classe politique libanaise promeut cet accord comme le point d’entrée de la relance d’une économie en plein effondrement.

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Ce lien est présent notamment dans le discours de Hassan Nasrallah. Car, comme les autres partis communautaires, le Hezbollah a besoin de calmer la grogne sociale de sa base et faire oublier ses responsabilités dans la crise économique.

À tous, l’accord offre l’opportunité de « changer le narratif », au moins temporairement, en vendant des promesses de lendemains qui chantent, qui ne s’appuient sur rien de sérieux.

MEE : L’accord s’est déroulé sous les auspices des États-Unis, qui ont mis tout leur poids pour parvenir à un texte d’entente. Comment l’expliquez-vous ?

SR : La détermination de la politique étrangère du Liban n’est malheureusement pas souveraine. Parmi les puissances influentes, il y a d’un côté l’Iran, de l’autre les États-Unis, chacun avec leurs relais locaux.

L’intervention des États-Unis depuis des années sur ce dossier s’inscrit avant tout dans le cadre de son alliance étroite avec Israël, même s’ils affirment avoir aussi à cœur les intérêts libanais. Les motivations de l’Iran, parrain du Hezbollah, sont plus ambiguës.

Il y a manifestement un intérêt de Téhéran à contribuer à la dynamique de désescalade en cours dans la région. Dans un contexte de crise énergétique mondiale liée à la guerre en Ukraine, il est aussi intéressant de noter que l’Iran s’est davantage aligné sur les intérêts des États-Unis que leurs alliés traditionnels dans la région, à savoir l’Arabie saoudite, qui a refusé d’augmenter ses quotas de production de pétrole.

MEE : Les autorités libanaises entendent mettre en place assez rapidement un fonds souverain dont 20 % des revenus futurs seraient affectés au remboursement de la dette. Qu’en pensez-vous ?

SR : Il vaudrait mieux s’interroger sur la gouvernance du secteur. Notamment en réactivant l’Autorité de régulation du secteur, dont le mandat a pris fin en 2018 et n’a pas été renouvelé.

Beyrouth a certes aussi obtenu le droit d’entamer l’exploration de Cana. Mais, contrairement à ce qu’affirment les autorités libanaises, l’accord ne lui en donne pas les pleins droits. Israël a consacré des droits sur les gisements transfrontaliers, à commencer par celui de Cana

La classe politique libanaise en place est incapable de transformer le pays en « Norvège du Moyen-Orient ». Les négociateurs qui ont présidé à l’accouchement de cet accord côté libanais sont – rappelons-le – les responsables de l’une des crises économiques les plus monumentales que le monde ait connues depuis le XIXe siècle. Et ce sont eux qui auraient en charge le processus pétrolier ?

La façon dont la question du fonds souverain est posée montre aussi à quel point le débat public – peu nourri au Liban – est sujet à manipulations.

Le principe du fonds a été inscrit dans la loi comme garde-fou contre la captation directe des ressources par une oligarchie kleptocrate qui a asservi les ressources publiques à ses intérêts.

Mais au-delà du principe, l’opportunité de la création de ce fonds dépendra des découvertes et des revenus attendus. Il est fort possible que des découvertes futures servent seulement à approvisionner une partie des centrales électriques libanaises. Ce serait déjà beaucoup.

MEE : Le Liban a-t-il vraiment obtenu Cana en échange de la reconnaissance des droits d’Israël sur Karish ?

SR : Les autorités libanaises expliquent que l’accord est le fruit d’une équation mettant en balance la possibilité pour le Liban d’exploiter Cana en échange de celle d’Israël à exploiter Karish.

De fait, Israël a eu le feu vert sur Karish, entré en production immédiatement. Côté libanais, les choses sont plus ambiguës. Beyrouth a certes aussi obtenu le droit d’entamer l’exploration de Cana. Mais, contrairement à ce qu’affirment les autorités libanaises, l’accord ne lui en donne pas les pleins droits. Israël a consacré des droits sur les gisements transfrontaliers, à commencer par celui de Cana.

Un véhicule de la force des Nations-unies chargée du maintien de la paix au Liban (FINUL) est stationné le long de la route principale près de la ville de Naqoura, dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 27 octobre 2022 (AFP/Mahmoud Zayyat)
Un véhicule de la force des Nations unies chargée du maintien de la paix au Liban (FINUL) est stationné le long de la route principale près de la ville de Naqoura, dans le Sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 27 octobre 2022 (AFP/Mahmoud Zayyat)

L’accord prévoit ainsi qu’Israël se mette d’accord avec l’opérateur français TotalEnergies sur la redevance qui lui sera versée, indépendamment et préalablement à l’accord d’investissement que TotalEnergies doit ensuite conclure avec le Liban.

Il est possible aussi que la détermination de la localisation du forage soit discutée avec Israël. Le Liban n’a donc certainement pas la pleine souveraineté sur Cana et les États-Unis sont, en vertu de l’accord, les seuls garants de « l’esprit positif » censé prévaloir concernant toute une série de décisions futures. Cela me paraît un peu maigre comme assurance.  

MEE : Toute une partie de l’accord a porté sur la délimitation des frontières. Entre la ligne 1, la 23 et la 29 ou encore la ligne Hoff, le public se perd. Pouvez-vous nous en résumer l’enjeu ?  

SR : C’est un dossier à la fois ancien et complexe qui, de l’aveu même des responsables politiques, a été très mal géré. Le terme de « fautes » a même souvent été utilisé, sans bien sûr que personne ne cherche à établir de responsabilités dans un système politique fondé sur l’impunité.

Une chose est sûre, la ligne de démarcation qui a prévalu, soit la ligne 23, n’a pas de fondements solides en droit international de la mer. Celui-ci tient compte de données techniques et de règles précises pour définir le concept d’équité.

La ligne 23 a été présentée comme une ligne d’équidistance, mais elle ne l’est pas techniquement.

La ligne 1 revendiquée, cette fois, par Israël n’a pas davantage de fondement technique, car elle est le fruit de l’opportunisme israélien qui a exploité une erreur libanaise commise dans le cadre de ses négociations frontalières avec Chypre.

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Seules les lignes Hoff – du nom du médiateur américain qui l’a établie – et 29, présentée par la délégation libanaise dans le cadre des négociations entamées avec Israël sous l’égide des Nation unies à Naqoura [à la frontière entre les deux pays], avaient cette qualité.

La première est une ligne d’équidistance donnant plein effet à l’îlot Tekhelet situé au large des côtes israéliennes – à l’avantage donc d’Israël – tandis que la seconde ne lui en donne aucun. Si les négociateurs s’étaient appuyés sur le droit international, les discussions auraient dû porter sur le degré d’effet à accorder à Tekhelet, en tenant compte notamment des investissements déjà réalisés par Israël sur le gisement de Karish.

Cela aurait offert davantage d’espace maritime au Liban avec, par exemple, une frontière finale donnant un demi-effet à Tekhelet, préservant du même coup l’intégralité du champ de Cana pour le Liban. Mais Beyrouth n’a pas retenu cette position.

Ce faisant, le pays s’est privé de la seule arme valable et efficace fondée sur le droit international face à ceux qui utilisent la loi du plus fort, y compris en interne. Il faut rappeler que l’impossibilité de recourir à un tribunal ou un arbitrage international dans le cas du litige entre les deux voisins est liée au refus d’Israël d’adhérer à la convention internationale du droit de la mer de Mantego Bay.

Le compromis établit aussi un précédent pour les négociations ultérieures du Liban avec Chypre et la Syrie, voire sur d’autres dossiers.

Pourquoi avoir renoncé à cette ligne de négociation plus favorable et identifiée dès 2011 dans un rapport ?

Pourquoi avoir renoncé à cette ligne de négociation plus favorable et identifiée dès 2011 dans un rapport de l’Unité hydrographique britannique UKHO ?

Cette question mérite d’être élucidée par une commission parlementaire ouverte et transparente. Rétablir la possibilité de rendre des comptes et d’assumer des responsabilités politiques est au cœur de tout processus de rétablissement de la démocratie au Liban.

MEE : Au cours de ses négociations, le Hezbollah a régulièrement menacé Israël d’intervenir militairement si un accord n’était pas trouvé. Ce compromis est-il une victoire pour le « parti de Dieu » puisqu’il aurait fait « plier Israël », intraitable autrement ?  

SR : Le Hezbollah a envoyé des drones au-dessus de Karish et menacé d’intervenir militairement pour appuyer l’équation suivante : « pas de gaz libanais à Cana ; pas de gaz israélien à Karish ».

Rétablir la possibilité de rendre des comptes et d’assumer des responsabilités politiques est au cœur de tout processus de rétablissement de la démocratie au Liban

Dans un entretien télévisé, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre [CPL], qui est l’un des principaux acteurs de la négociation en coulisses, affirme que l’accord n’aurait jamais abouti sans cette menace.

En contrepartie, le chef des Forces libanaises [FL], Samir Geagea, qui se présente comme le principal opposant au Hezbollah, a salué l’acceptation par ce dernier d’un accord avec Israël.

Il y a là donc matière à interprétations. Pour les uns, c’est une nouvelle « victoire » du Hezbollah. Pour d’autres, une première inflexion de sa position de « résistance » à Israël. Il est notamment intéressant de noter les nombreuses critiques émanant de milieux proches du Hezbollah concernant la gestion de ce dossier.

MEE : Quels sont les points à régler d’urgence ?

SR : Le premier est celui du consortium. Lorsque celui-ci a remporté l’appel d’offres en 2017, il se composait du Français Total, de l’Italien Eni et du Russe Novatek.

L’accord frontalier stipule que, dans les blocs frontaliers, aucune compagnie sous sanction n’est admise, ce qui explique a posteriori le retrait de Novatek.

L’accord stipule aussi qu’aucune compagnie libanaise ne peut figurer dans le consortium. Cette concession à la souveraineté du pays est sans doute liée au fait que Beyrouth ne souhaitait pas se retrouver en contact direct avec Israël. Mais cela signifie qu’il faut trouver un nouvel acteur pour remplacer l’État libanais qui a momentanément repris les parts de Novatek.

Or, la transaction s’est faite de façon opaque, sans qu’aucun détail financier ou légal n’ait été divulgué. Le ministre de l’Énergie a annoncé l’intérêt du Qatar à figurer au sein du consortium et, de son côté, TotalEnergies a signalé la création de deux véhicules légaux ouvrant la voie à des prises de participation. Tout le monde se félicite de cela sans se poser de questions quant aux modalités de passation des marchés publics dans le pays, aux conditions financières de ces arrangements, etc.

Je crains fortement que l’enthousiasme entretenu autour de cet accord maritime ne relègue une nouvelle fois au second plan toutes les considérations essentielles en matière de gouvernance de ce secteur clé.

On fait mine d’oublier que si le Liban a autant de retard en matière d’exploration de ses fonds marins, ce n’est pas seulement en raison de son incapacité pendant des années à délimiter ses trois frontières, mais aussi pour toute une série de raisons intrinsèquement liées à la nature du régime politique libanais kleptocrate qui a transformé le système politique en vétocratie et paralysé l’État.

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