Al-Qasar, le groupe qui dynamite le rock psychédélique oriental
Ce mercredi 12 juin à Strasbourg (Espace Django) et ce jeudi 13 juin à Paris (Plage de Glazart), Al-Qasar se prépare à ramener au public français une bonne dose de rock psychédélique, tout droit sorti du souk.
Cette fenêtre ouverte sur les musiques du monde, ces influences nord-africaines et moyen-orientales, Thomas Bellier, producteur et fondateur du groupe, les a toujours eu ancrées au plus profond de lui-même.
« À 10 ans, j’écoutais déjà du oud, et puis quand j’ai déménagé à Los Angeles, j’ai commencé à l’étudier avec un maître palestinien. À partir de ce moment-là, il n’y avait plus de retour en arrière », déclare-t-il à MEE, amusé.
Pas étonnant que le guitariste franco-américain ait sorti de son chapeau de producteur, il y a de cela un an et demi, Al-Qasar : un projet fusion, où le rock psychédélique rencontre la poésie arabe engagée. On y parle alors d’oppression, de chaos, de pouvoir politique, mais aussi de rêves, de passion et de liberté.
Ces textes militants sont pour la plupart le fruit d’une collaboration avec Fareed al-Madain, un poète jordanien, ami du fondateur du groupe.
« Ces thèmes ne sont pas habituels dans la chanson arabe », reconnaît Thomas Bellier. « Nos collègues dans certains pays ne peuvent pas s’exprimer autant qu’ils le veulent, alors on ne se voyait pas chanter la pluie et le beau temps. »
Un projet qui « casse les codes »
Accompagnés de musiciens français (Nicolas Derolin aux percussions, Paul Void à la batterie, Guillaume Théoden à la basse) et arabes (l’Égyptien Mohammed Abozekry au oud, le Marocain Jaouad El Garouge au chant), Thomas Bellier et « la forteresse » [al-qasar en français] dépoussièrent la pop psychédélique qui fleurit en Turquie, en Iran ou au Liban dans les années 1970.
« Nos collègues dans certains pays ne peuvent pas s’exprimer autant qu’ils le veulent, alors on ne se voyait pas chanter la pluie et le beau temps »
- Thomas Bellier, producteur et fondateur d’Al-Qasar
Au cœur de cette décennie bénite pour la musique rock, même la grande Fairuz s’est laissé tenter par le fameux triptyque : guitare, basse, batterie.
Al-Qasar, c’est un voyage à mi-chemin entre Orient et Occident, la mélodie du oud qui soutient les accords de guitare saturés du garage rock, l’odeur de tabac froid qui se mêle au doux parfum sucré du narguilé, le tintement strident de la darbouka qui vient pimenter le son rond de la batterie.
« Il est toujours bon de rappeler que le rock n’est pas réservé aux Anglais jeunes et blancs, et inversement », déclare à MEE Benoît Van Kote, programmateur à l’Espace Django, salle de musiques actuelles strasbourgeoise. « Ce projet casse les codes, mélange les styles et permet la rencontre des peuples, avec une énergie de dingue sur scène. »
6 000 personnes au Caire pour deux concerts
En juin 2018, Al-Qasar se confronte pour la première fois à un public arabophone. Deux dates en plein cœur du Caire islamique, à deux pas de la mosquée al-Azhar. « La réponse a été incroyable, il y avait 6 000 personnes, parmi lesquelles pleins de jeunes », se souvient Thomas Bellier. « À ce moment-là, on se dit : notre travail artistique est compris. »
Sept mois plus tard, Al-Qasar est programmé au célèbre festival défricheur de pépites indépendantes les Transmusicales de Rennes. C’est la révélation pour le public français.
« Honnêtement, j’ai pris une grosse claque pendant ce concert », admet Benoît Van Kote. « Voir 3 000 personnes danser et chanter alors qu’ils ne connaissaient pas le groupe, ça m’a bluffé ! »
Le premier EP d’Al-Qasar, enrichi de contributions de musiciens égyptiens, enregistrées en mai 2019 lors d’une résidence artistique de Thomas Bellier au Caire, doit sortir à la rentrée prochaine.
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