De retour en Algérie, le président Tebboune souhaite une année « bien meilleure que 2020 »
Le président Abdelmadjid Tebboune est rentré mardi en Algérie après un séjour de deux mois en Allemagne, où il a été soigné du COVID-19, mettant fin à une longue période d’incertitude dans un pays confronté à une crise sanitaire, politique et économique.
« C’est difficile d’être loin de son pays et plus difficile encore pour quelqu’un qui a beaucoup de responsabilités », a affirmé le chef de l’État, dont les images ont été diffusées au journal télévisé mardi à 20 h.
L’avion présidentiel avait quitté Berlin en milieu d’après-midi pour atterrir à Alger vers 18 h.
Apparemment en bonne santé, Abdelmadjid Tebboune qui a semble-t-il repris du poids depuis sa dernière intervention télévisée, a laissé entendre qu’il était presque entièrement guéri. Il porte une attelle au pied droit, selon des captures d’écran de la vidéo télévisée.
Il a été accueilli à l’aéroport par plusieurs hauts responsables algériens, dont le Premier ministre Abdelaziz Djerad et le chef d’état-major de l’armée, le général Saïd Chengriha.
Le chef de l’État s’est exprimé très brièvement pour souhaiter « une heureuse année à tous les Algériens », « bien meilleure que 2020 ».
Le Premier ministre s’est dit « heureux de voir le président de la République de retour en convalescence dans sa patrie » et « impatient de continuer le travail pour réaliser les objectifs de la ‘’nouvelle Algérie’’ ».
Son éloignement, le peu d’informations qui ont filtré sur sa santé et l’opacité ayant entouré son absence prolongée, jusqu’à son retour non annoncé, n’ont cessé d’alimenter rumeurs et désinformation, rappelant aux Algériens la fin du règne d’Abdelaziz Bouteflika, qui, après son AVC en 2013, partait régulièrement à l’étranger pour ses soins.
La dernière apparition publique d’Abdelmadjid Tebboune remontait au 13 décembre lorsqu’il avait annoncé via un clip vidéo publié sur son compte Twitter son retour dans les « plus brefs délais ».
«Je suis les événements dans le pays d’heure en heure», avait-il déclaré, en précisant qu’il donnait régulièrement des instructions au Premier ministre, Abdelaziz Djerad.
Âgé de 75 ans et grand fumeur, il avait quitté l’hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger pour un établissement spécialisé en Allemagne le 28 octobre.
Il avait quitté l’hôpital fin novembre, mais avait prolongé son séjour en Allemagne, dans un endroit tenu secret, pour une période de convalescence. « Le 20 décembre, il avait instruit le gouvernement d’entamer les démarches pour acquérir le vaccin anti-COVID afin d’entamer la vaccination en janvier 2021 », rappelle le site d’information TSA.
« Personnalité de l’année 2020 » en Palestine
Pendant sa convalescence, il s’est entretenu au téléphone avec plusieurs responsables politiques, comme Angela Merkel, Emmanuel Macron ou encore Mahmoud Abbas. Il a chargé le président de l’Autorité palestinienne de remercier les Palestiniens qui ont planté un olivier en son nom au mont al-Zaytoun en face de Jérusalem.
La fondation palestinienne Lady of the Earth Foundation (Terre palestinienne) a distingué le président algérien, lundi 28 décembre, personnalité de l’année lors d’un hommage organisé à Qalandiya, près de la ville de Ramallah en Cisjordanie occupée, parallèlement à une autre festivité dans la bande de Gaza en l’honneur du président qui avait déclaré la cause palestinienne « sacrée » et condamné « l’empressement pour la normalisation » avec Israël.
Abdelmadjid Tebboune a officiellement continué à tenir les rênes du pays pendant son séjour à l’étranger, mais dans les faits il n’a pu exercer aucune de ses principales prérogatives depuis plus de deux mois.
Arrivé au pouvoir le 12 décembre 2019 avec la volonté d’incarner « la nouvelle Algérie », Abdelmadjid Tebboune est aujourd’hui confronté à une situation économique (face à la fonte des réserves de change et aux difficultés de construire une économie hors hydrocarbures) mais aussi politique (face à la paralysie des institutions) compliquée.
« Un travail titanesque attend Abdelmadjid Tebboune », affirme le site Algérie patriotique. « Un grand nettoyage dans les rouages de l’Etat, sans doute un large remaniement du gouvernement et la relance de la machine économique complètement grippée depuis près de deux années. »
« Le président de la République aura également la difficile charge de ressouder le front intérieur face aux sérieuses menaces extérieures qui pèsent sur le pays. Une mission extrêmement difficile qui appelle une sorte de nouvelle réconciliation nationale qui passe inéluctablement par l’abandon de la mauvaise pratique héritée de Gaïd-Salah qui consiste à faire de l’emprisonnement et des procès interminables un nouveau mode de gouvernance », poursuit le site.
« De nombreuses voies appellent à la libération de tous les prisonniers politiques et à faire disparaître l’épée de Damoclès suspendue sur la tête des opérateurs économiques, tant privés que publics, pour en finir une fois pour toutes avec le tout-répressif et permettre à l’économie nationale moribonde de reprendre sur des bases saines. »
Il doit aussi signer impérativement la loi de finances pour l’année 2021 d’ici le 31 décembre à minuit.
De plus, le décret portant sur la révision de la Constitution, son projet phare adopté par référendum le 1er novembre, ne peut entrer en vigueur sans son paraphe.
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