Le Canada annule ses ventes d’armes à la Turquie en raison du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
Lundi, le Canada a annulé toutes les exportations vers la Turquie dans le secteur de la défense. Une enquête conclut qu’une technologie canadienne a servi dans le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, a annoncé le ministre canadien des Affaires étrangères.
En octobre 2020, Ottawa avait suspendu la vente d’un système sophistiqué d’imagerie pour les drones et d’équipements de défense en raison d’allégations d’utilisation de ces technologies canadiennes par l’Azerbaïdjan, allié clé de la Turquie, pendant les six semaines de violents combats contre l’Arménie dans la région contestée du Haut-Karabakh.
Lundi en début de journée, le ministre des Affaires étrangères turc Mevlüt Çavuşoğlu a exprimé son mécontentement vis-à-vis de l’embargo sur les armes lors d’un appel avec son homologue canadien, Marc Garneau, et l’a appelé à reconsidérer cette décision.
« [Les] Canadiens ont déclaré aux autorités turques qu’ils ne prévoyaient pas de lever la suspension des licences d’exportation de matériel militaire vers la Turquie, au contraire, ils vont annuler toutes les licences d’exportation de matériel militaire suspendues, avec effet rétroactif », a indiqué une personne au fait du dossier à Middle East Eye.
Plus tard dans la journée, Garneau a annoncé que le Canada avait minutieusement examiné l’ensemble des licences d’exportation suspendues et valides et ne vendrait plus de biens et technologies militaires à son allié de l’OTAN.
« À la suite de cet examen, qui a permis de trouver des preuves crédibles indiquant que la technologie canadienne exportée vers la Turquie a été utilisée au [Haut]-Karabakh, j’annonce aujourd’hui l’annulation des licences qui avaient été suspendues à l’automne 2020 », a déclaré Garneau dans un communiqué.
L’année dernière, Ottawa avait lancé une enquête pour savoir si la Turquie avait violé un accord de licence d’utilisation finale en vendant des drones armés par la Turquie à l’Azerbaïdjan.
« Pas conforme à la politique étrangère du Canada »
« Cette utilisation n’était pas conforme à la politique étrangère du Canada ni aux garanties d’utilisation finale fournies par la Turquie », a ajouté Garneau.
Ottawa a initialement imposé un embargo en réaction à l’incursion militaire turque en Syrie en 2019. Elle était revenue partiellement sur sa décision en juin dernier et avait approuvé la vente de système d’imagerie pour les drones après des négociations de haut niveau avec la Turquie.
Mais le Canada a suspendu ses exportations militaires après des vidéos indiquant l’utilisation de systèmes d’imagerie Wescam de fabrication canadienne dans des drones au Haut-Karabakh.
En 2019, la Turquie a acquis deux avions canadiens de type Bombardier Global 6000 pour les utiliser dans le cadre du projet local d’assistance électronique à distance/d’attaque électronique sur plate-forme aéroportée (HAVA SOJ).
Un responsable turc a signalé l’année dernière que le Canada avait également cessé de fournir la formation requise et le transfert de savoir-faire concernant l’avion dans le cadre de son embargo sur les armes.
Une société canadienne a également cessé de fournir les plateformes d’hélicoptère nécessaires au programme national de navires de guerre MILGEM. La Turquie importe aussi des moteurs pour ses avions d’entraînement Hurkus auprès de Pratt & Whitney Canada.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].