Pakistan : pour le Premier ministre, insulter le prophète Mohammed doit être puni comme nier la Shoah
Les pays occidentaux doivent punir ceux qui insultent le prophète Mohammed comme ceux qui nient la Shoah, a déclaré samedi le Premier ministre pakistanais Imran Khan.
Il s’exprimait après une semaine de violentes manifestations antifrançaises au Pakistan à l’instigation d’un parti islamiste radical, le Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), après l’arrestation lundi à Lahore (est) de son chef, Saad Rizvi, pour avoir appelé à une marche destinée à réclamer l’expulsion de l’ambassadeur français.
Le TLP a été à l’origine de plusieurs rassemblements antifrançais depuis l’automne 2020. Le président Emmanuel Macron avait alors défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression, au cours de l’hommage rendu à un enseignant tué le 16 octobre après avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans la foulée de la republication de représentations du prophète Mohammed par l’hebdomadaire Charlie Hebdo.
Pour Imran Khan, insulter le prophète blesse les musulmans du monde entier.
« Nous, musulmans, avons le plus grand amour et respect pour notre prophète », a-t-il tweeté. « Nous ne pouvons pas tolérer ce genre de manque de respect et d’abus. »
« J’appelle les gouvernements occidentaux qui ont interdit tout commentaire négatif sur l’Holocauste à utiliser les mêmes règles pour punir ceux qui diffusent délibérément leurs messages haineux contre les musulmans en insultant notre prophète », a poursuivi Imran Khan.
Nier la Shoah est illégal dans plusieurs pays d’Europe – dont l’Allemagne et la France – et peut être puni par une peine de prison.
Le TLP interdit
Dans un courriel laconique de trois lignes, accompagné de la mention « urgent », l’ambassade de France à Islamabad a recommandé jeudi à ses ressortissants et aux entreprises françaises de partir temporairement du Pakistan, en raison des « menaces sérieuses » qui pèsent sur les intérêts français, sans plus de précisions sur la nature du risque. Mais cet appel semble être resté largement lettre morte.
« Oui, il y a énormément de risques à vivre ici, mais on n’affole pas, on ne met pas la panique dans toute la communauté française avec des mots qui sont à peine choisis », regrette Jean-Michel Quarantotti, professeur de français à l’école américaine d’Islamabad.
« On se demande un petit peu pourquoi la France a eu besoin de faire publicité de ce message au niveau international, quand elle aurait pu donner un message beaucoup plus discret à la communauté [française]. »
Beaucoup des Français contactés par l’AFP se sont donc interrogés sur la pertinence du message de l’ambassade, alors que le gouvernement pakistanais venait d’annoncer l’interdiction du TLP et semblait avoir plutôt le contrôle de la situation, après avoir durement réprimé les manifestations.
Après des jours de manifestations durant lesquelles quatre policiers ont été tués, le gouvernement d’Imran Khan a effectivement annoncé mercredi que le TLP serait désormais interdit, le qualifiant de « groupe terroriste ».
Imran Khan a suggéré que le gouvernement n’avait pas décidé d’interdire le TLP parce qu’il n’était pas en accord avec ses motivations, mais plutôt avec ses méthodes.
« Laissez-moi être clair avec les gens ici et à l’étranger : notre gouvernement a pris des mesures contre le TLP en accord avec notre loi antiterroriste, car ils ont défié l’autorité de l’État, en utilisant la violence de rue et en attaquant les forces de l’ordre », a-t-il tweeté. « Personne ne peut être au-dessus de la loi et de la Constitution. »
Vendredi, le gouvernement pakistanais a ordonné le blocage des réseaux sociaux et des applications de messagerie instantanée dans le pays pour quelques heures le jour de la prière hebdomadaire qui donne lieu à des rassemblements, après plusieurs jours de violentes manifestations antifrançaises.
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