Iran : les déclarations les plus controversées du nouveau président Raïssi
Le nouveau président iranien s’appelle Ebrahim Raïssi. L’ultraconservateur de 60 ans a été, sans surprise, proclamé vainqueur samedi de l’élection présidentielle.
Selon les résultats officiels définitifs, qui donnent la participation à 48,8 %, le taux le plus faible depuis la proclamation de la République islamique en 1979, Ebrahim Raïssi a obtenu 61,95 % des voix.
Il doit succéder au modéré Hassan Rohani en août, hérite d’un pays en proie à une grave crise économique, conséquence des sanctions imposées par Washington contre l’Iran après la décision de l’ancien président américain Donald Trump de dénoncer en 2018 l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne.
Bien qu’il reste à voir s’il sera à la hauteur de sa réputation d’ultraconservateur, ses propos passés peuvent donner une idée de ce à quoi le monde peut s’attendre.
Middle East Eye revient sur certaines de ses déclarations les plus mémorables et controversées.
Les exécutions de prisonniers en 1988
C’est sans doute pour son implication dans l’exécution massive de dissidents dans les prisons iraniennes en 1988, vers la fin de la guerre Iran-Irak, que Raïssi est le plus connu.
Des milliers de militants de gauche, pour beaucoup communistes ou membres de l’Organisation des moudjahidine du peuple iranien (OMPI) ont été tués une fois les exécutions approuvées par une commission, appelée « commission de la mort », dont Ibrahim Raïssi, alors procureur général adjoint, était membre.
En 2018, il a défendu son implication dans les exécutions, affirmant qu’elles étaient justes et nécessaires pour lutter, entre autres, contre les attaques de l’OMPI contre les partisans de la révolution islamique de 1979.
« À Téhéran, il y avait 100 à 120 assassinats par jour contre les forces révolutionnaires et tous ceux qui prenaient une photo de [l’ayatollah Rouhollah Khomenei]. C’est mon honneur d’avoir lutté contre l’hypocrisie », a-t-il déclaré, utilisant un terme couramment utilisé contre les opposants de la République islamique.
Les hommes et les femmes séparés au travail
Ebrahim Raïssi a défendu les règles imposées par le gouvernement iranien pour limiter les interactions entre hommes et femmes dans les espaces publics, un point de controverse particulier pour les réformistes.
Dans des commentaires repris par l’agence de presse des étudiants iraniens (ISNA) en 2014, il a fait valoir que la ségrégation profitait en réalité aux femmes.
« Empêcher le mélange des hommes et des femmes dans l’environnement professionnel vise à ce que les hommes et les femmes puissent fournir de meilleurs services aux gens. C’est une bonne initiative pour créer un environnement de travail adapté, pour que les femmes puissent travailler de manière appropriée », a-t-il déclaré. « C’est tout à fait défendable et les première à défendre [cette politique] seront les femmes. »
Pas de compromis avec Israël
La normalisation des relations entre l’Iran et Israël semble inimaginable tant qu’Ebrahim Raïssi sera au pouvoir.
En mai 2021, alors qu’il s’exprimait au sujet du bombardement israélien sur Gaza, il a félicité le Hamas pour son combat contre Israël et a appelé à libérer Jérusalem du contrôle israélien.
« La résistance héroïque de la Palestine a une fois de plus forcé le régime sioniste occupant à battre en retraite et à faire un pas de plus vers le noble idéal de libération de [Jérusalem] », a-t-il déclaré.
« La résistance palestinienne à Gaza et la jeunesse palestinienne ont pu apporter une grande victoire à la oumma [communauté] musulmane et arabe, faire honneur aux musulmans et à tous ceux qui recherchent la liberté dans le monde, et compromettre les gouvernements qui rivalisent depuis un certain temps pour normaliser les relations avec le régime israélien qui tue des enfants, et qui se couvrent toujours plus de honte. »
Une « économie de résistance »
Pour tenter de s’attaquer aux problèmes économiques de l’Iran, Raïssi a dans le passé appelé à la culture d’une « économie de résistance » autosuffisante et a expliqué qu’il fallait se concentrer davantage sur l’agriculture plutôt que sur la sécurisation des investissements occidentaux.
« Je vois l’activation d’une économie de résistance comme le seul moyen de mettre fin à la pauvreté et aux privations dans le pays », a-t-il déclaré lors de la campagne électorale présidentielle de 2017.
Lors de cette campagne, il a ajouté qu’il serait erroné d’attribuer tous les malheurs économiques de l’Iran aux sanctions imposées au pays par les États-Unis.
« L’inflation est l’un des graves problèmes auxquels les gens sont confrontés aujourd’hui. Le prix des produits de base a considérablement augmenté », a-t-il relevé.
Le nouveau président a comparé les officiels attribuant tous les problèmes aux États-Unis à « un gardien de but qui a encaissé dix-sept buts… puis dit ensuite : ‘’Sans moi, on aurait pris 30 buts !’’. »
Retour à l’accord sur le nucléaire
Ebrahim Raïssi a promis de s’engager dans l’accord de 2015 avec les puissances occidentales. Cet accord verrait l’Iran limiter ses capacités nucléaires en échange d’une levée des sanctions.
« Nous serons attachés [à l’accord de Vienne] en tant qu’accord approuvé par le guide suprême », a-t-il déclaré lors d’un débat le 12 juin.
« L’accord sur le nucléaire doit être mis en œuvre par un gouvernement fort, vous ne pouvez pas l’exécuter », a-t-il ajouté en faisant référence à son adversaire, Abdolnaser Hemmati.
Il a toutefois précisé dans une interview à la télévision d’État que sa politique étrangère « mettrait les intérêts nationaux au premier plan ». Il a également souligné : « Les sanctions oppressives doivent être levées et aucun effort ne doit être épargné [à cet égard]. »
Traduit de l’anglais (original).
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