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Qatar 2022 : la Libye fait de l’ombre à l’Égypte

La Libye, autorisée à recevoir à domicile depuis le mois de février 2021, est en train de chambouler la hiérarchie du groupe F (Angola, Gabon, Égypte) des éliminatoires de la Coupe du monde
Les Chevaliers de la Méditerranée chantent leur hymne national avant un match de qualification pour la Coupe arabe de la FIFA 2021 contre le Soudan, le 19 juin 2021 (AFP/Karim Jaafar)
Les Chevaliers de la Méditerranée chantent leur hymne national avant un match de qualification pour la Coupe arabe de la FIFA 2021 contre le Soudan, le 19 juin 2021 (AFP/Karim Jaafar)

Interdite d’évoluer sur son territoire pour des raisons sécuritaires depuis sept ans, la Libye a accueilli avec fierté la décision du comité d’urgence de la Confédération africaine de football (CAF), au mois de février.

L’instance panafricaine avait dépêché une mission d’inspection (du 8 au 15 février) à Tripoli et Benghazi, menée par une équipe d’experts de la CAF, pour « évaluer le niveau de préparation en matière de sûreté et de sécurité » et « évaluer la conformité des hôtels sélectionnés du point de vue de la sûreté et de la sécurité des équipes d’accueil et des officiels ».

Malgré les quelques réserves émises autour des « conditions relatives à l’aptitude du stade à accueillir des matchs de la CAF », l’enceinte de Benghazi, rebaptisée stade des Martyrs de Benina – alors qu’elle portait le nom de l’ancien président vénézuélien Hugo Chávez jusqu’à la chute de Mouammar Kadhafi –, accueillait en mars dernier la première rencontre des Chevaliers de la Méditerranée (l’équipe nationale de Libye) face à la Tunisie (2-5), en marge de la 5e et avant-dernière journée des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2021, au Cameroun. 

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Baladée entre l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc pour préparer et accueillir ses rencontres, la sélection libyenne n’ira pas au Cameroun l’hiver prochain pour prendre part à la 33e édition de la CAN du 9 janvier au 6 février 2022.

Avec cinq défaites et seulement une victoire en six matchs de qualification, la Libye (3 points) a fini à la dernière place du groupe J des éliminatoires de la CAN 2021, loin derrière la Tunisie (16 points), la Guinée équatoriale (9 points) et la Tanzanie (7 points).

Une absence qui explique en partie la bonne entame de la campagne des éliminatoires de la Coupe du monde selon Skander Mouayed, journaliste sportif à la télévision Al Wassat.

« La Libye a entamé les éliminatoires de la prochaine Coupe du monde dans la peau du Petit Poucet, dans un groupe où il y a l’Égypte de [la star du football] Mohammed Salah et le Gabon de [l’international gabonais Pierre-Emerick] Aubameyang », explique-t-il à Middle East Eye.

« Un statut qui a permis aux joueurs d’évoluer sans pression et de surprendre leurs deux premiers adversaires. »

Un coach qui connaît bien la Libye

Deux victoires, dont une qui vaut son pesant d’or à l’extérieur face à l’Angola et qui fait de la Libye la 122e nation au classement FIFA, ainsi que le concurrent direct de l’Égypte dans la course à la qualification pour le troisième et dernier tour des éliminatoires.

Pour rappel, cinq pays africains sont éligibles à la phase finale de la Coupe du monde de la FIFA. Après un tour préliminaire, la seconde phase est composée de 40 pays répartis en dix groupes de quatre équipes. La première de chaque groupe est qualifiée pour le troisième et dernier tour.

Javier Clemente avait mené la Libye, en pleine guerre, à son premier sacre continental, lors du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2014, en Afrique du Sud (AFP/Fethi Belaïd)
Javier Clemente avait mené la Libye, en pleine guerre, à son premier sacre continental, lors du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2014, en Afrique du Sud (AFP/Fethi Belaïd)

Les dix qualifiés seront tirés au sort pour l’ultime manche disputée en un match aller-retour. Les cinq vainqueurs représenteront le continent en 2022 au Qatar.

La performance de la Libye est aussi à mettre sur le compte du sélectionneur, l’Espagnol Javier Clemente.

Le technicien de 71 ans, élu plusieurs fois meilleur entraîneur de la Liga (Espagne) dans les années 1980, connaît bien la maison. Il avait mené la Libye, en pleine guerre, à son premier sacre continental, lors du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2014, en Afrique du Sud, une compétition réservée aux joueurs évoluant exclusivement sur le continent.

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Sous sa conduite, la Libye avait fait sensation et sorti le Ghana en finale (0-0/4-3 aux tirs au but). Obligé de quitter le pays pour des raisons sécuritaires, il a été rappelé par le président de la Fédération libyenne de football (LFF) et membre du comité exécutif de la CAF Abdulhakim El Shalmani.

Un choix payant, puisque Javier Clemente a retrouvé certains de ses cadres, à l’image du gardien de but Muhammad Nashnoush, du défenseur Ali Salama et de l’attaquant Faisal Saleh Al Badri avec qui il était allé à la conquête du continent en 2014.

Malgré l’absence de la star de l’équipe, Ali Musrati (FC Braga, Portugal), blessé lors des deux premières journées des éliminatoires, la Libye a montré un joli visage et a su compter sur des éléments tels que Hamdi Elhouni, l’attaquant de l’Espérance de Tunis, et Muaid Ellafi, du Wydad Casablanca.

« Le coach peut compter sur une pléiade de joueurs évoluant dans les meilleurs championnats du continent et même ailleurs. Des joueurs d’expérience et d’un grand apport en plus de ceux qui jouent en Libye, principalement à Al-Ahly Tripoli ou au NASR Benghazi », souligne Skandar Mouayed.

Mais la double confrontation du mois d’octobre prochain (dates à définir entre le 4 et le 11) face à l’Égypte s’annonce plus compliquée.

Un derby des plus incertains

Les Chevaliers de la Méditerranée, qui devraient bénéficier du retour de leur milieu de terrain Ali Musrati, ne pourront plus compter sur l’effet de surprise. Cependant, les Égyptiens, septuples champions d’Afrique, traversent l’une des périodes les plus délicates de leur histoire depuis le triplé historique à la CAN (2006, 2008 et 2010).

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Sortis dès les 8e de finale de leur CAN en 2019, les Diables Rouges, emmenés par la star de Liverpool Mohamed Salah, sont obligés de réaliser un sans-faute lors des quatre prochains matchs pour rester en vie et espérer rallier la capitale qatarie Doha en novembre 2022.

Après des débuts poussifs, avec une courte victoire (1-0) à domicile face à l’Angola et un match nul (1-1) arraché dans les toutes dernières minutes de jeu face au Gabon, à Franceville, la Fédération égyptienne de football (EFA) a mis fin au contrat du sélectionneur Hossam El Badry.

Le technicien portugais Carlos Queiroz lui a succédé à la tête des Pharaons, avec comme objectif d’emmener l’équipe au Qatar l’année prochaine. Mondialiste avec l’Iran en 2018, il était pressenti pour prendre la sélection algérienne avant que Djamel Belmadi ne lui soit préféré.

Un choix à double tranchant pour la fédération égyptienne à une semaine de la 3e journée des éliminatoires de la Coupe du monde, qui commence le 5 octobre.

Carlos Queiroz doit rapidement trouver la bonne formule et jouer deux finales coup sur coup pour maintenir intactes les chances de l’Égypte de disputer son troisième Mondial après ceux de 1934, 1990 et 2018.

En face, la sélection libyenne veut faire vibrer ses supporteurs et apporter sa pierre à l’édification du nouvel État libyen, quitte à froisser le voisin égyptien.

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