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Qatar : les femmes peu présentes au scrutin législatif

Bien que les candidates soient peu nombreuses, la participation des femmes à l’élection législative de ce samedi au Qatar a été saluée comme un progrès
Leena al-Dafa, candidate aux élections du conseil de la Choura du Qatar, assiste à un événement de campagne à Doha, le 26 septembre 2021 (AFP)
Par AFP à DOHA, Qatar

Les candidates qataries se préparent à l’élection samedi de la majorité des membres de l’organe législatif du pays, premier scrutin du genre dans ce pays du Golfe, mais elles sont beaucoup moins nombreuses que les hommes.

Sur les 284 candidats, il y a seulement 28 femmes. Les élections du 2 octobre, les premières au Qatar, permettront d’élire 30 membres du Majlis al-Choura, un organe consultatif composé de 45 sièges. Les 15 restants seront choisis par l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani.

« C’est extrêmement positif que les femmes fassent partie de ce processus », déclare Elham Fakhro, une analyste de l’ONG International Crisis Group (ICG).

« Cependant, je pense que nous devons limiter nos attentes [sur leur influence]. Comme il n’y a que 28 candidates. Cela ne devrait pas être surprenant », ajoute-t-elle.

Pour Leena al-Dafa, l’une des candidates au conseil de la Choura, la priorité est d’accorder la nationalité qatarie aux enfants de femmes qataries et la promotion de l’éducation pour les femmes.

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 Au Qatar, la nationalité est transmise aux enfants uniquement par le biais du père. Les enfants des femmes qataries mariées à des étrangers ne peuvent pas recevoir la nationalité. Ils ne sont pas considérés comme des citoyens du pays et ne peuvent donc pas bénéficier des aides de l’État comme l’attribution de terres.

Candidate dans la 17e circonscription face à deux autres femmes et sept hommes, Leena al-Dafa se dit « très heureuse et optimiste quant au grand nombre de femmes qui se présentent ».

D’après elle, le mérite est plus important que le genre : « Je ne considère pas qu’il y ait une compétition entre les hommes et moi, je vois les hommes comme complémentaires pour les législatives – et nous parlons de mérite, pas de genre. »

« Équilibre des genres »

Selon Elham Fakhro, l’émir pourrait élire des femmes directement « pour améliorer l’équilibre des genres » si peu d’entre elles gagnent les élections.

« L’inclusion des femmes dans les processus politiques [...] est un premier pas très important vers l’avancement des droits des femmes dans les domaines du droit de la famille, du divorce, de la garde des enfants »

- Elham Fakhro, analyste à l’International Crisis Group

Au Qatar, les femmes sont plus représentées que dans le reste des pays du Golfe comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis. Le ministère de la Santé est dirigé par une femme et le pays dispose d’une porte-parole pour le ministère des Affaires étrangères.

Les femmes jouent aussi un rôle important dans le comité d’organisation de la Coupe du monde de football en 2022 dans l’émirat. Et elles occupent des postes importants dans les secteurs de l’art, de la médecine, du droit et des affaires.

Cependant, le pays a été critiqué par des organisations de défense des droits humains. En mars, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé le système de « tutelle » qui exige aux femmes l’obtention de l’accord d’un homme pour des activités quotidiennes.

Ces hommes sont souvent des proches des femmes, le mari, le père, le frère, l’oncle ou même le cousin. Une femme qatarie ne peut donc pas être le tuteur légal de ses enfants, même en cas de décès du père.

Malgré de réels progrès, les femmes « continuent à faire face aux discriminations dans presque tous les aspects de leur vie », a indiqué HRW dans un rapport appelant le pays à faire des réformes.

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« L’inclusion des femmes dans les processus politiques [...] est un premier pas très important vers l’avancement des droits des femmes dans les domaines du droit de la famille, du divorce, de la garde des enfants », estime Elham Fakhro.

Les autorités qataries avaient déjà placé « l’égalité des genres et l’émancipation des femmes » comme des priorités pour le succès du pays.

Des sources diplomatiques ont indiqué à l’AFP que des responsables qataris cherchaient à répondre aux demandes des femmes sur la question du système de tutelle. Selon eux, le sujet a été abordé lors de réunions tendues.

L’année dernière, nombre de femmes qataries ont critiqué la tutelle sur les réseaux sociaux, se plaignant de certaines obligations, comme le besoin d’une autorisation pour voyager.

Pour HRW, les femmes qataries ont déjà « franchi des barrières et ont fait d’importants progrès ». Le nombre de femmes diplômées est par ailleurs plus important que le nombre d’hommes, selon l’ONG.

Par Anne Levasseur et Gregory Walton.

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