Syrie : attaque meurtrière contre la prison d’Hassaké par l’État islamique
Quatre jours de combats entre le groupe État islamique (EI) et les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie ont fait plus de 136 morts.
L’EI a lancé un assaut dans la nuit de jeudi à vendredi contre cette prison, située dans la ville de Hassaké, qui abrite quelque 3 500 membres présumés de l’organisation, parmi lesquels des dirigeants du groupe, a indiqué Rami Abdel Rahman, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Selon l’ONG, qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, les membres de l’EI « s’étaient emparés d’armes qu’ils avaient trouvées » dans l’armurerie du centre de détention.
L’OSDH a également affirmé que la prison était encerclée par les forces kurdes avec le soutien des forces aériennes de la coalition internationale et que des centaines de prisonniers de l’EI avaient été arrêtés.
Des dizaines de détenus ont réussi à s’enfuir à la suite de cette attaque, la plus importante depuis la défaite de l’organisation État islamique en 2019 en Syrie, toujours selon l’ONG.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par des combattants kurdes, ont déclaré samedi dans un communiqué que « les opérations de maintien de la sécurité dans la ville de Hassaké et le périmètre de la prison de Ghwayran se poursuiv[aient] », avec l’aide de la coalition internationale et des forces de sécurité intérieure kurdes.
Selon les FDS, les affrontements de samedi se sont concentrés dans les quartiers au nord de Ghwayran, où des raids ont « tué un certain nombre de combattants de l’EI qui avaient attaqué la prison ».
« Des milliers de personnes ont quitté leurs maisons près de la prison, fuyant vers les zones voisines où vivent leurs proches », a déclaré Sheikhmous Ahmed, un responsable de l’administration de la région kurde semi-autonome.
Certains toutefois n’avaient nulle part où aller: « Nous n’avons que Dieu », a confié Abou Anas, en quittant son quartier avec sa femme et leurs quatre enfants.
Vendredi, dans un communiqué diffusé par « son agence de presse » Amaq, l’organisation a revendiqué l’attaque contre la prison, indiquant que l’objectif de cette opération était « de libérer les prisonniers ».
Une cible de choix
« L’EI veut aller au-delà de son statut de réseau terroriste et criminel et, pour ce faire, il a besoin de plus de combattants », a déclaré Nicholas Heras du Newlines Institute à Washington.
« Les évasions de prison représentent la meilleure opportunité pour l’EI de retrouver sa force dans les armes, et la prison de Ghwayran est une bonne cible car elle est surpeuplée », a-t-il ajouté.
De nombreuses prisons dans les zones syriennes contrôlées par les Kurdes, où une grande partie de l’ancienne « armée » de l’EI est détenue, étaient à l’origine des écoles et donc mal adaptées pour garder des détenus pour de longues périodes.
Selon les autorités kurdes, qui contrôlent de vastes zones du nord de la Syrie, quelque 12 000 combattants de plus de 50 nationalités sont détenus dans les prisons sous leur contrôle.
Abdelkarim Omar, haut responsable de la politique étrangère de l’administration semi-autonome kurde, a estimé que l’attaque de l’EI contre la prison de Ghwayran était due à « l’incapacité de la communauté internationale à assumer ses responsabilités ».
En première ligne dans le combat contre le groupe État islamique, les FDS, soutenues par la coalition internationale, ont vaincu en 2019 l’EI en Syrie en le chassant de son dernier fief de Baghouz, dans la province de Deir Ezzor.
Malgré sa défaite, l’EI mène des attaques meurtrières, notamment dans le vaste désert syrien, qui s’étend de la province centrale de Homs jusqu’à celle de Deir Ezzor, à la frontière avec l’Irak.
Middle East Eye propose une couverture et une analyse indépendantes et incomparables du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et d’autres régions du monde. Pour en savoir plus sur la reprise de ce contenu et les frais qui s’appliquent, veuillez remplir ce formulaire [en anglais]. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici [en anglais].