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L’Espagne va approvisionner le Maroc en gaz en inversant le flux du Gazoduc Maghreb-Europe

Madrid a accepté de fournir du gaz naturel à Rabat après la suspension par l’Algérie du contrat du GME à la suite de la rupture des relations diplomatiques en août dernier
La ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a annoncé qu’un groupe restreint de négociants en GNL avait été invité à soumissionner pour des contrats (AFP/Daniel Leal)
Par MEE

Pour remédier à la perte de son approvisionnement en gaz naturel, après la non-reconduction par Alger, fin octobre 2021, du contrat du Gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui passe par le Maroc et alimente l’Espagne en gaz, sur fond de crise entre Alger et Rabat, le royaume prévoit de se tourner vers l’Espagne.

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Depuis 1996, l’Algérie expédiait vers l’Espagne et le Portugal environ 10 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an via le GME. En contrepartie du transit du gazoduc, Rabat recevait annuellement près d’un milliard de mètres cubes de gaz naturel, soit 97 % de ses besoins. La moitié était des droits de passage payés en nature, l’autre du gaz acheté à un prix avantageux. 

D’après l’agence d’information Bloomberg, le Maroc cherche désormais à importer, pour la première fois, du gaz naturel liquéfié (GNL) en utilisant le GME qui acheminait auparavant des approvisionnements algériens vers l’Espagne.

« Le gouvernement marocain avait d’abord assuré qu’il n’y aurait pas de problème d’approvisionnement [en gaz] mais a finalement choisi de demander l’aide de l’Espagne », souligne l’agence espagnole Europa Press.

Un haut responsable à l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) du royaume avait déclaré au site marocain Le360 : « L’inversion du flux du GME n’est qu’une solution parmi d’autres sources alternatives d’approvisionnement. Elle permet d’alimenter les centrales marocaines [celles fonctionnant au gaz, Tahaddart et Aïn Beni Mathar] depuis l’ouest du pays à partir de l’Espagne, si cela est nécessaire, mais aussi potentiellement à partir d’une installation maritime d’importation connectée au GME. »

Début janvier, selon Bloomberg, le Maroc a invité un groupe restreint de négociants en GNL à soumissionner pour des contrats, a déclaré la ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali. Le gouvernement marocain veut signer des accords d’au moins cinq ans.

Madrid accepte la demande marocaine

« Nous leur avons dit : ‘’Vous pouvez livrer dès que possible – soit en février, soit en mars – dans ce port d’un pays voisin [l’Espagne] et nous pouvons l’acheminer au Maroc », a déclaré la ministre marocaine.

« Ils pourraient envoyer des cargaisons directement au Maroc une fois qu’il disposera d’un terminal flottant pour importer du GNL, dont le premier sera au port de Mohammedia », a-t-elle précisé. Mais l’importation du GNL coûterait plus chère que le gaz naturel qui provenait d’Algérie, selon Bloomberg.

Le ministère espagnol de la Transition écologique a déclaré que le Maroc pourrait utiliser les terminaux méthaniers espagnols.

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« Le Maroc a demandé de l’aide pour garantir sa sécurité énergétique basée sur des relations commerciales, et l’Espagne a répondu positivement à la demande », a déclaré le ministère dans un communiqué à Bloomberg. « Le Maroc pourra acquérir du GNL sur les marchés internationaux, décharger dans une usine de regazéification en Espagne et utiliser le gazoduc maghrébin pour l’acheminer sur son territoire », poursuit le ministère espagnol.

« Pour la première fois, le régulateur espagnol a mis en place un tarif de sortie par le gazoduc GME vers le Maroc, comme c’est le cas vers le Portugal ou la France », indique Le360.

Ces développements coïncident avec les déclarations du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui, à partir des Émirats arabes unis où il est en visite officielle, a assuré que Madrid avait une « relation positive avec ce pays voisin [le Maroc] ».

« Nous avons toujours considéré le Maroc comme un allié stratégique dans de nombreux domaines, tels que l’immigration, le développement économique et la sécurité […] Nous sommes impatients de renforcer cette collaboration bilatérale », a-t-il poursuivi.

Les relations entre Madrid et Rabat se sont tendues après l’hospitalisation du leader des indépendantistes sahraouis du Front Polisario Brahim Ghali en Espagne en avril 2021 et la crise des migrants, un mois plus tard, avec l’arrivée clandestine dans l’enclave espagnole de Ceuta de 8 000 Marocains.    

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