Aïd al-Adha : qu’est-ce que le qurbani ? Le sacrifice en six questions
Chaque année, alors que s’achève le pèlerinage du hadj, les musulmans se préparent au sacrifice d’un animal pour fêter l’Aïd al-Adha.
Le qurbani, également appelé udhiyya en arabe, représente le « sacrifice », un rite important de l’islam.
C’est une tradition qui regorge de symboles et une obligation pour chaque croyant qui peut se le permettre.
Si les détracteurs de cette pratique sont nombreux, cet acte représente pour les musulmans un engagement absolu envers Dieu ainsi qu’une occasion de faire la charité, car une part significative de la viande des animaux abattus est destinée aux pauvres.
Middle East Eye répond à quelques questions sur cette tradition.
Pourquoi les musulmans sacrifient-ils du bétail ?
Le sacrifice de bétail (notamment les moutons, les chèvres et les vaches) lors de l’Aïd al-Adha commémore un épisode du Coran dans lequel Dieu ordonne au prophète Ibrahim (Abraham dans la tradition biblique) de sacrifier son fils Ismaël.
Pour les musulmans, cet ordre est le test de foi ultime d’obéissance envers Dieu et s’achève lorsque l’ange Gabriel substitue un agneau à Ismaël au dernier moment.
Les musulmans se rappellent cet épisode sous la forme du qurbani. Les musulmans pensent que cette tradition s’inscrit dans la « sunna », ce qui signifie qu’elle a été initiée par le prophète Mohammed lui-même.
L’islam comporte des instructions spécifiques sur la pratique du sacrifice d’animaux, pour s’assurer que tout est fait de manière éthique et maîtrisée.
Ces règles vont des espèces d’animaux à la façon dont ils sont tués en passant par leur qualité de vie, pour s’assurer qu’ils ne souffrent pas pendant une période prolongée et que tout est fait conformément aux règles halal.
Selon la plupart des écoles de pensée islamique, l’acte du qurbani est obligatoire, mais pour certaines, il n’est que fortement recommandé. Toutefois, pour l’ensemble des musulmans, cet acte revêt une grande importance spirituelle et il est considéré comme une bénédiction.
Que signifie le qurbani ?
Le mot qurbani vient du mot arabe « qurban », dont la racine est le mot « qurb » qui signifie « proximité ».
Les musulmans pensent donc que l’acte sacrificiel les aide à se rapprocher de Dieu et renforce leur foi.
L’engagement du prophète Ibrahim envers sa tâche représente également l’idée de soumission absolue à la volonté de Dieu, un thème récurrent à travers le Coran.
Dans la tradition islamique, la soumission ne se résume pas au fait d’adhérer à une règle spécifique mais consiste à remettre son destin entre les mains de Dieu.
Différentes variantes du mot qurbani sont utilisées à travers le monde, y compris le terme très courant « udhiyya » qui signifie littéralement « sacrifice ».
Tous les musulmans qui peuvent payer la zakat (l’aumône obligatoire dont la traduction littérale est « purification ») doivent également payer le qurbani. Cependant, certaines écoles de pensée islamiques permettent à une personne du foyer de payer pour le compte des autres membres de la famille.
Quand a lieu ce sacrifice ?
Les musulmans sacrifient du bétail lors de l’Aïd al-Adha, l’une des deux grandes fêtes musulmanes ou « aïd », qui ont lieu chaque année.
L’Aïd al-Adha a lieu entre le 10e et le 12e jour du mois de Dhou al-hijja, dernier mois du calendrier lunaire.
Le sacrifice d’animaux et l’Aïd al-Adha coïncident avec la fin du pèlerinage du hadj, qui est l’un des cinq piliers de l’islam, obligatoire pour les musulmans qui en ont les moyens financiers et physiques.
L’Aïd al-Adha marque la fin du pèlerinage du hadj et c’est un moment de fête pour les musulmans.
Cette année, l’Aïd al-Adha devrait débuter le 9 juillet, sous réserve d’observation de la lune, et le qurbani est généralement effectué dans les trois jours suivant le début de la fête.
Si le sacrifice d’un animal a lieu avant l’Aïd al-Adha, il est considéré comme un don plutôt que l’obligation du qurbani.
Ceux qui ratent le qurbani peuvent s’amender l’année suivante en sacrifiant un autre animal ou en offrant la valeur d’un mouton ou d’une chèvre aux pauvres.
Que se passe-t-il lors du qurbani ?
Généralement, le sacrifice de l’animal a lieu avant les prières matinales en assemblée de l’Aïd al-Adha.
À travers le monde, les abattoirs se préparent à l’événement et préparent plusieurs découpes de viande prête à la distribution.
Selon la tradition islamique, le sacrifice doit être fait de manière à causer le moins de mal ou de détresse à l’animal. C’est pourquoi les animaux ne sont pas abattus devant les autres, les couteaux émoussés sont proscrits et le nom de Dieu doit être mentionné.
De nombreux musulmans, en particulier en Occident, ne peuvent pratiquer le sacrifice eux-mêmes et payent souvent une organisation caritative ou un proche vivant dans un pays musulman pour sacrifier un animal en leur nom.
Ils n’ont donc pas accès à la viande de l’animal abattu eux-mêmes, mais elle est distribuée aux personnes dans le besoin.
Qu’advient-il de l’animal sacrifié ?
Les musulmans ont l’obligation de diviser l’animal sacré en trois parts à répartir de la manière suivante : une part à partager entre les membres de la famille, l’autre pour les proches et les amis, tandis que la troisième doit être donnée aux pauvres.
La répartition et la distribution de la viande font partie intégrante du qurbani et enseignent aux musulmans l’importance de leurs devoirs et de leur obligation de service envers les autres et envers la communauté musulmane dans son ensemble.
Comme mentionné précédemment, certains musulmans peuvent choisir de donner toute leur part aux nécessiteux et beaucoup font cela dans les pays en développement ou là où règne une grande insécurité alimentaire.
Il y a certaines exigences à remplir lors du sacrifice du bétail. L’animal doit être en bonne santé, il ne doit pas être trop maigre, aveugle ou trop faible pour supporter son propre poids.
Les moutons et chèvres doivent avoir au moins un an lors du sacrifice, tandis que les vaches doivent avoir au moins deux ans et les chameaux doivent avoir au moins cinq ans.
Comment est fêtée l’Aïd al-Adha et quelles sont ses traditions ?
Lors de l’Aïd, les gens revêtent généralement des vêtements neufs ou leurs plus beaux habits.
Familles et amis se rassemblent généralement après les prières pour faire la fête ensemble. Certaines familles échangent des cadeaux et prennent leur repas ensemble.
Certains peuvent choisir de passer cette fête à rendre visite aux malades, à donner aux œuvres caritatives et à rendre hommage aux morts.
Puisque l’Aïd al-Adha est associée au sacrifice, les plats dégustés à cette occasion sont généralement centrés autour de la viande. Cela va des ragoûts aux rôtis en passant par les barbecues.
L’un des plats typiques au Moyen-Orient lors de l’Aïd al-Adha est le fatteh : il s’agit de morceaux d’agneau et de chips de pita sur un lit de riz blanc baignant dans une sauce à l’ail et à la tomate.
À Oman, le shuwa d’agneau est populaire. Il s’agit d’agneau cuit lentement qui marine pendant des heures, puis est placé sur un grand plateau de riz savoureux dans lequel se servent les convives.
L’Aïd ne serait pas ce qu’elle est sans les pâtisseries, qui sont appréciées tout autant des adultes que des enfants : parmi les essentiels figurent les gâteaux de semoule parfumés à l’orange et à la noix de coco et les qatayef, des crêpes farcies au fromage frais et aux noix.
On peut également citer les asabe zainab (doigts de Zainab), pâtisseries frites d’Oman trempées dans du sirop, et les knafeh, des gâteaux caractéristiques du Moyen-Orient.
Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.
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