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EXCLUSIF : Le Jihad islamique en colère contre la « trahison » de l’Égypte avant les raids sur Gaza

Middle East Eye est en mesure de révéler que le Jihad islamique palestinien nourrit une « colère considérable » envers les services de renseignement égyptiens à propos du rôle joué par Le Caire dans les heures qui ont précédé le dernier bombardement israélien de Gaza
Des combattants du Jihad islamique palestinien défilent armés dans les rues de la ville de Gaza lors d’un rassemblement le 29 mai 2021 (AFP)

Quatre heures avant qu’Israël ne commence à bombarder la bande de Gaza vendredi dernier, des médiateurs égyptiens ont déclaré au mouvement du Jihad islamique palestinien (JIP) qu’Israël ne cherchait pas une escalade et répondrait « positivement » à une demande de libération de deux membres du JIP. Une réunion du gouvernement israélien prévue le dimanche annoncerait cela comme une percée dans les négociations, aurait-on dit au mouvement.

Ces assurances ont été transmises à un haut responsable du bureau politique du JIP par le médiateur égyptien, le brigadier Ahmed Abdul Khaliq, vendredi à midi heure locale, soit quatre heures et vingt minutes avant que la première frappe aérienne israélienne ne touche la bande de Gaza, ont déclaré des sources proches du JIP à Middle East Eye.

Rendant compte en exclusivité des détails des négociations qui ont précédé la dernière offensive d’Israël contre Gaza, Middle East Eye est en mesure de révéler qu’il y a maintenant une « colère considérable » envers les services de renseignement égyptiens au sein du Jihad islamique palestinien concernant le rôle joué par Le Caire dans les heures qui ont précédé le lancement de la dernière campagne de bombardements israélienne.

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« [Le Jihad islamique] pense qu’il a été trahi par les Égyptiens et que ceux-ci faisaient partie du jeu – afin que [le mouvement palestinien] se sente détendu et en sécurité juste avant les frappes aériennes », déclare à MEE une source palestinienne proche du JIP.

« Il y a beaucoup de colère et de tension au sein du Jihad islamique à cause du rôle de [la] médiation égyptienne, car [ses membres] considèrent que les Égyptiens leur ont donné des informations et des indices trompeurs juste avant les frappes aériennes. En raison de ces informations, le Jihad islamique se sentait détendu et n’était pas préparé aux frappes aériennes. »

Des sources proches du JIP déclarent à MEE qu’Abdul Khaliq a dit à tort à Khaled al-Batsh, haut responsable du bureau politique du JIP, qu’il y avait eu une « percée » dans les négociations indirectes.

Des agents des renseignements israéliens auraient transmis le message suivant au JIP par l’intermédiaire de leurs homologues égyptiens : « Nous voulons mettre fin à cette escalade. Donnez-nous jusqu’à dimanche, nous les poussons [les dirigeants politiques israéliens] à accepter.

Qu’est-ce qui a déclenché les tensions ?

Les tensions se sont intensifiées au début de la semaine dernière lorsque les forces israéliennes ont arrêté Bassam al-Saadi, un haut commandant du Jihad islamique, en Cisjordanie occupée.

Saadi a été arrêté lors d’un raid israélien dans la ville de Jénine, au cours duquel un adolescent palestinien a été tué.

« Lorsque le cheikh [Saadi] a été arrêté, il y a eu des discussions à Gaza sur l’opportunité de mener des représailles. La façon dont il a été arrêté était humiliante, ce qui a généré une certaine colère. Immédiatement, [les] Égyptiens ont essayé de calmer la situation », raconte à MEE une source au fait des négociations.

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« L’homme qui a fait cela est le brigadier. Il a transmis des messages selon lesquels le Shin Bet [les renseignements internes israéliens] ne souhaitait pas une escalade. »

Selon une source proche du JIP, le mouvement a demandé aux services de renseignement égyptiens – puis a obtenu – des assurances filmées quant au bien-être physique de Saadi.

« Cela a été considéré comme un bon signe », poursuit la source du JIP.

Le Jihad islamique a ensuite exigé la libération de Saadi et du prisonnier du JIP Khalil Awawdah, qui refuse de se nourrir depuis plus de 150 jours dans le but d’attirer l’attention sur sa détention par Israël sans procès ni inculpation.

Les services de renseignement égyptiens ont déclaré au JIP que le Shin Bet « traitait positivement » les demandes et qu’ils étaient très désireux d’apaiser les tensions. Ils ont également dit qu’ils poussaient le gouvernement israélien à libérer les deux hommes.

Le Qatar remercié

Mais vendredi, Abdul Khaliq – qui dirige une unité du Service de renseignement général égyptien en charge des négociations entre les factions palestiniennes basées à Gaza et les renseignements israéliens, et qui préside régulièrement les rencontres avec les délégations du Hamas et du JIP au Caire – a fait part à Batsh d’une percée, qui serait annoncée dimanche lors de la réunion habituelle du gouvernement israélien.

Puis, à peine quatre heures plus tard, Israël a commencé à bombarder la bande de Gaza, tuant Taiseer al-Jabari, le commandant de la division nord des Brigades al-Qods (Saraya al-Quds), la branche armée du JIP, ainsi qu’au moins neuf autres personnes, dont une fillette de 5 ans.

Alors que les frappes aériennes pleuvaient sur Gaza pour une deuxième journée consécutive, Khaled Mansour, un dirigeant du JIP dans le Sud de Gaza, a été pris pour cible et tué dans une frappe aérienne israélienne. Mansour avait été délégué aux pourparlers du JIP au Caire.

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Samedi, l’armée israélienne a également annoncé avoir arrêté au moins dix-neuf membres du Jihad islamique en Cisjordanie occupée. Les frappes aériennes ciblées et cette série d’arrestations ont rompu les relations entre le JIP et les renseignements égyptiens : Ziad al-Nakhalah, le chef du JIP, a refusé de répondre aux appels des services de renseignement égyptiens, ont indiqué à MEE des sources proches du JIP.

Les deux parties étaient pourtant très proches auparavant, car le JIP avait servi d’intermédiaire entre les services de renseignement égyptiens et le Hamas.

La colère envers les Égyptiens s’est manifestée plus tôt cette semaine lorsque Nakhalah a pris la parole lors d’une conférence de presse dans la capitale iranienne Téhéran.

S’il a salué le soutien qu’il a reçu de l’Iran, de l’Irak et du ministre qatari des Affaires étrangères, le cheikh Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, il a remarquablement omis de mentionner le rôle joué par l’Égypte. Il a également remercié le média qatari Al Jazeera pour sa couverture continue de l’assaut contre Gaza.

Les Égyptiens auraient protesté, disant au JIP qu’ils ne comprenaient pas pourquoi le rôle de Doha avait été loué tandis que les efforts du Caire pour désamorcer les tensions avaient été ignorés.

Risque d’escalade

À la suite d’un cessez-le-feu négocié dimanche par l’Égypte – avec l’aide des Nations unies et du Qatar –, le JIP a annoncé par l’intermédiaire des services de renseignement égyptiens qu’il arrêterait les attaques à la roquette après qu’Israël aurait, d’après certaines informations, accepté de libérer Saadi et Awawdah.

Cependant, ceci a volé en éclats quand le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a exclu la libération de Saadi.

« Saadi a été arrêté à juste titre et je ne suis pas au courant d’une promesse de libération de terroristes », a déclaré Gantz à la télévision israélienne.

« Je ne veux pas simplement promettre qu’ils ne seront pas libérés. Nous ne détenons pas les gens en prison pour rien. »

Tentant de renouer les liens avec le JIP après l’offensive israélienne, l’Égypte a promis d’envoyer « une importante délégation » en Israël pour obtenir la libération d’Awawdah.

Le JIP, quant à lui, menace de relancer l’action militaire. « Le JIP menace de renouer avec l’escalade s’il n’y a pas de progrès », déclare à MEE une source proche du mouvement.

Middle East Eye a sollicité les réactions de l’ambassade d’Égypte à Londres et de l’armée israélienne, mais n’avait pas reçu de réponse au moment de la publication.

Traduit de l’anglais (original).

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