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COP27 et droits de l’homme : l’Égypte de Sissi est devenue le creuset de la répression

Middle East Eye résume les raisons pour lesquelles les activistes de la société civile font entendre leur voix contre la crise des droits de l’homme en Égypte à l’occasion du sommet sur le climat
Un policier anti-émeute égyptien monte la garde sur un véhicule au Caire lors de manifestations contre un accord controversé pour céder deux îles de la mer Rouge à l’Arabie saoudite (AFP)
Par MEE

Le sommet annuel sur le climat de l’ONU (COP27) qui se tient actuellement à Charm-el-Cheikh en Égypte est assombri par les critiques du bilan du président Abdel-Fattah al-Sissi en matière de droits de l’homme.

Les organisations internationales et égyptiennes pour les droits de l’homme font campagne sous le slogan « pas de justice climatique sans espace civique ouvert », soulignant le manque de respect pour les libertés publiques sous le gouvernement de Sissi.

En particulier, le cas d’Alaa Abdel Fattah, en grève de la faim, a mis en lumière les abus commis contre des dizaines de milliers de prisonniers politiques qui languissent dans les geôles égyptiennes.

Si l’Égypte est signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, Human Rights Watch (HRW) accuse régulièrement Sissi de superviser la pire campagne contre les droits de l’homme de l’histoire moderne du pays. 

Voici un résumé de la situation des droits de l’homme en Égypte depuis que Sissi est arrivé au pouvoir il y a neuf ans, après avoir évincé son prédécesseur démocratiquement élu, Mohamed Morsi, dans un putsch.

Liberté de réunion

Un an avant qu’il ne devienne président, Sissi – en sa capacité de ministre de la Défense et chef du putsch contre Morsi – a supervisé la répression sanglante dont ont été victimes les manifestants contre le coup d’État en 2013, autorisant la mort d’au moins 1 150 personnes, en majorité des manifestants pacifiques, en l’espace d’une journée.

Ces tueries de masse, connues sous le nom de massacre de la place Rabia, ont été qualifiées par HRW de « probables crimes contre l’humanité ».

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Aucun militaire ou policier n’a été tenu responsable de ces tueries et seuls les manifestants ont été poursuivis en justice, inculpés pour des crimes liés au terrorisme dans des procès dénoncés comme des procès politiques.

Peu après le massacre de la place Rabia, le gouvernement égyptien a introduit la loi sur les manifestations, qui rend illégales dans les faits les manifestations et laisse aux forces de sécurité les mains libres pour user de manière excessive de la force contre des manifestants pacifiques, selon les organisations de défense des droits de l’homme. Depuis lors, des milliers de personnes ont été arrêtées et poursuivies dans des procès de masses pour infraction à cette loi.

En septembre 2019, des milliers de personnes ont manifesté contre Sissi à travers le pays, les plus grandes manifestations depuis 2013. Les forces de sécurité ont dispersé les manifestants par la force et arrêté des milliers de personnes, dont des mineurs.

Privation de liberté

Selon l’Arabic Network for Human Rights Information, l’Égypte comptait 120 000 prisonniers au total en mars 2021 (dont 65 000 prisonniers politiques), dont au moins 26 000 étaient en détention préventive. 

Il n’y a aucun bilan officiel du nombre de prisonniers politiques et le gouvernement de Sissi nie maintenir tout dissident en prison. 

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Beaucoup de ceux qui sont détenus arbitrairement sont soumis à des disparitions forcées, devenues une « pratique systémique » sous le régime de Sissi selon le Committee for Justice.

Par ailleurs, les organisations de défense des droits de l’homme accusent les autorités de mener une politique de négligence médicale, de torture et de mauvais traitements vis-à-vis des prisonniers politiques, conduisant à la mort de centaines de personnes depuis 2013.

Morsi lui-même a souffert de problèmes de santé lors de ses cinq années de détention, avant de s’effondrer au tribunal et de décéder en juin 2019. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme avait accusé les autorités d’avoir « arbitrairement tué » le sexagénaire, qui aurait été détenu dans des « conditions brutales » dans la prison de Tora.

Liberté d’association

La société civile en Égypte souffre durement depuis l’arrivée au pouvoir de Sissi. La répression de l’opposition politique empêche de fait la création de véritables partis politiques et les restrictions s’imposant aux organisations non gouvernementales (ONG) inscrites dans la loi visent délibérément à entraver leurs opérations. 

La loi interdit les activités telles que les enquêtes d’opinion et les recherches sur le terrain sans l’approbation du gouvernement et permet à ce dernier de dissoudre les ONG qui vont à l’encontre de ces réglementations restrictives.

La plupart des associations de défense des droits de l’homme ont quitté l’Égypte et opèrent depuis l’étranger par crainte de poursuites, tandis que la plus ancienne organisation de défense des droits de l’homme du pays, Arab Organisation for Human Rights Information, a fermé ses portes en janvier, au motif de persécutions. 

Liberté d’expression et de la presse

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Les médias indépendants ont été anéantis et les critiques de Sissi ou de son gouvernement sont passibles d’emprisonnement. 

Selon Reporters sans frontières, le gouvernement et les services de renseignement contrôlent près de la moitié des médias populaires égyptiens, le reste étant détenu par des hommes d’affaires pro-gouvernement.

Le peu d’organes indépendants qu’il reste, parmi lesquels Mada Masr – dont la rédactrice en chef Lina Attalah a été brièvement détenue en 2020 –, sont bloqués sur internet.

Liberté de mouvement

Le gouvernement de Sissi se sert également des interdictions de voyager comme outil de répression contre ses opposants, selon les ONG de droits de l’homme.

Actuellement, aucune loi ne régule l’application des interdictions de voyager, ce qui crée un vide juridique exploité par la justice et les services de sécurité.

La police les utilise systématiquement contre les employés de la société civile et les détracteurs de Sissi, ont découvert les organisations de défense des droits de l’homme.

Droit à la vie

Sous Sissi, l’Égypte se classe 3e en nombre d’exécutions, derrière la Chine et l’Iran, selon le bilan 2020 d’Amnesty International.

En 2021, l’Égypte a prononcé le plus grand nombre de condamnations à mort dans le monde. Beaucoup de ceux qui sont condamnés à mort ont été soumis à des actes de torture, à des disparitions forcées et à des procès de masse politisés, selon les ONG de défense des droits de l’homme.

En outre, les forces de sécurité et l’armée sont accusées de procéder à des exécutions extrajudiciaires en toute impunité. 

Le droit de ne pas subir d’actes de torture

La torture reste une pratique répandue des services de sécurité. Les organes de presse internationaux ont publié plusieurs révélations à propos de la torture dans les lieux de détention, mais aucun incident n’a fait l’objet d’une enquête par les autorités et leurs auteurs restent impunis. 

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La question de la torture en Égypte est sous le feu des projecteurs internationaux depuis qu’une commission parlementaire italienne a accusé l’appareil sécuritaire égyptien du kidnapping, de la torture et du meurtre de Giulio Regeni, un étudiant italien, au Caire en 2016.

Une autopsie a montré qu’il avait été torturé avant sa mort. La police égyptienne nie toute implication dans son décès.

Au cours des onze premiers mois de 2021, le centre égyptien Nadeem pour la réadaptation des victimes de tortures a documenté environ 93 cas de torture ainsi que 54 décès en garde à vue.

HRW a indiqué dans son rapport mondial 2022 que « les forces de sécurité égyptiennes agissent en toute impunité, procèdent quotidiennement à des arrestations arbitraires, à des disparitions forcées et à la torture d’activistes politiques, réels ou supposés, ainsi que de citoyens ordinaires ». 

Droits socio-économiques

Sissi a cherché à minimiser l’importance des droits civiques et politiques face aux droits sociaux et économiques.

Cependant, le gouvernement du président n’a pas donné la priorité à l’éducation et à la santé dans son budget annuel (favorisant les dépenses pour des projets de construction pharaoniques et le remboursement des dettes), ne respectant pas le seuil de dépenses minimales inscrit dans la Constitution en matière de santé et d’éducation, à savoir 3 % et 6% du PIB respectivement.

Traduit de l’anglais (original) par VECTranslation.

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