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Drame migratoire de Melilla : Amnesty dénonce une « tuerie de masse »

Amnesty International parle de « violations du droit international » et accuse les autorités espagnoles et marocaines de vouloir « couvrir leurs meurtres » en « dissimulant » la vérité, près de six mois après les faits
Amnesty assure que 77 migrants sont « toujours disparus » depuis ce drame (AFP/Fadel Senna)
Amnesty assure que 77 migrants sont « toujours disparus » depuis ce drame (AFP/Fadel Senna)
Par AFP

Amnesty International a qualifié, mardi 13 décembre, la mort d’au moins une vingtaine de migrants ayant tenté de pénétrer fin juin dans l’enclave espagnole de Melilla de « tuerie de masse » et accusé Rabat et Madrid de vouloir cacher la vérité.

« Nous sommes ici aujourd’hui pour faire état d’une tuerie de masse, de disparitions forcées, d’actes de torture, de discrimination et de racisme, d’une violation du principe de non-refoulement. Tout cela sur le sol européen », a dénoncé la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard, lors de la présentation à Madrid d’un rapport de l’organisation sur ce drame.

Traduction : « Notre secrétaire générale Agnès Callamard énumère les graves violations des droits humains subies par des centaines de personnes à Melilla : homicides illégaux, disparitions forcées, discriminations, tortures, racisme... »

Ce sont des « violations du droit international », a-t-elle ajouté, en accusant les autorités espagnoles et marocaines de vouloir « couvrir leurs meurtres » en « dissimulant » la vérité, près de six mois après les faits.

Selon le rapport de l’ONG, qui a recueilli de nombreux témoignages de migrants présents le 24 juin à la frontière entre le Maroc et Melilla et analysé vidéos et images satellites, « les méthodes employées par les autorités marocaines et espagnoles [...] ont contribué à la mort d’au moins 37 personnes ». 

Le bilan des autorités marocaines fait, lui, état d’au moins 23 morts.

« Usage excessif de la force »

Amnesty assure par ailleurs que 77 migrants sont « toujours disparus » depuis ce drame.

« Certaines actions des agents espagnols et marocains, comme frapper des personnes immobilisées [...], refuser des soins médicaux d’urgence aux personnes blessés, l’usage répété de gaz lacrymogènes contre des personnes se trouvant dans un espace clos dont elles ne pouvaient s’échapper, peuvent constituer une violation du droit à ne pas subir de torture et autres mauvais traitements », a encore dénoncé Amnesty.

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Le ministère espagnol de l’Intérieur a « fermement rejeté », dans un communiqué, les « accusations [...] sans preuve » de torture, qu’il a qualifiées d’« affirmations fausses d’une extrême gravité ».

Le 24 juin, près de 2 000 clandestins, en majorité originaires du Soudan – pays très pauvre miné par les conflits –, avaient tenté de pénétrer dans l’enclave de Melilla, située sur la côte nord du Maroc. 

Ce drame représente le bilan humain le plus lourd jamais enregistré lors des tentatives d’intrusion de migrants dans cette enclave ou dans celle de Ceuta, qui constituent les deux seules frontières de l’Union européenne sur le continent africain.

Cette tragédie avait provoqué l’indignation internationale, l’ONU dénonçant un « usage excessif de la force » de la part des autorités marocaines et espagnoles.

Comme Amnesty, des experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont évoqué, fin octobre, un bilan d’au moins 37 morts et dénoncé le manque de responsabilités concrètes établies, aussi bien en Espagne qu’au Maroc.

Deux enquêtes publiées en novembre par la BBC et le consortium européen Lighthouse Reports, auxquelles ont notamment participé les quotidiens espagnol El País et français Le Monde, avaient dénoncé la brutalité des forces marocaines et questionné l’action des forces espagnoles.

Elles avaient notamment conclu à la mort d’au moins un migrant en territoire espagnol, ce que le ministre de l’Intérieur espagnol, sur la sellette depuis ce drame, a nié à plusieurs reprises. 

Dans une lettre adressée vendredi à plusieurs ONG et consultée par l’AFP, le Défenseur des droits espagnol, qui enquête sur ces faits comme le parquet, a jugé que les explications du ministère de l’Intérieur n’avaient « pas été suffisantes » jusqu’ici. 

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