L’UNESCO tente de protéger deux joyaux du patrimoine mondial au Yémen et au Liban
Des sites archéologiques de l’ancien royaume de Saba au Yémen et un complexe futuriste au Liban ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO, a annoncé mercredi 25 janvier l’agence de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture.
Les hauts lieux de l’ancien royaume de Saba, dans le gouvernorat de Marib (centre-ouest du Yémen), comprennent sept sites archéologiques « qui témoignent du riche royaume sabéen et de ses réalisations architecturales, esthétiques et technologiques du premier millénaire avant notre ère jusqu’à l’arrivée de l’islam vers l’an 630 de notre ère », indique l’UNESCO dans un communiqué.
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— UNESCO en français (@UNESCO_fr) January 25, 2023
Nouvelle inscription sur la Liste du #PatrimoineMondial et sur la Liste du patrimoine mondial en péril de l'@UNESCO_fr : Hauts lieux de l'ancien royaume de Saba, Marib 🇾🇪 pic.twitter.com/VBe2TdYfOq
Ces sites témoignent de l’administration centralisée très complexe du royaume lorsqu’il contrôlait une grande partie de la route de l’encens à travers la péninsule Arabique, jouant un rôle clé dans le réseau plus large d’échanges culturels favorisé par le commerce avec la Méditerranée et l’Afrique de l’Est.
Situé dans un paysage semi-aride de vallées, de montagnes et de déserts, ce bien englobe les vestiges de grands établissements urbains avec des temples monumentaux, des remparts et d’autres édifices. Le système d’irrigation de l’ancienne Ma’rib reflète des prouesses technologiques en matière d’ingénierie hydrologique et d’agriculture à une échelle inégalée dans l’ancienne Arabie du Sud, qui a permis la création de la plus grande oasis artificielle ancienne.
Mais le site est menacé en raison du conflit qui dévaste le Yémen depuis 2014 entre les Houthis soutenus par l’Iran et les forces progouvernementales appuyées par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.
Une œuvre d’Oscar Niemeyer
Au Liban, c’est la Foire internationale Rachid Karameh de Tripoli (nord) qui a été inscrite au patrimoine mondial en péril.
Conçue à partir de 1962 par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, la foire comporte un bâtiment principal constitué d’une immense halle couverte en forme de boomerang, de 750 mètres de longueur par 70 mètres de largeur, sous laquelle les différents pays pouvaient installer librement leurs espaces d’exposition.
Cette foire a constitué le projet phare de la politique de modernisation du Liban dans les années 1960. La collaboration étroite entre Oscar Niemeyer, architecte de l’opération, et les ingénieurs libanais ont constitué un exemple remarquable d’échanges entre les différents continents.
« Elle constitue l’une des œuvres majeures représentatives de l’architecture moderne du XXe siècle dans le Proche-Orient arabe », selon l’UNESCO, qui a justifié son inscription par son « état de conservation alarmant » et « le manque de ressources financières pour son entretien » dans un Liban ravagé par une crise économique et sociale sans précédent.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a salué « une grande avancée pour le Liban, particulièrement pour la ville de Tripoli ».
Mercredi, c’est le centre historique d’Odessa, en Ukraine, qui a aussi rejoint la liste du patrimoine mondial en péril en raison des « menaces de destruction » planant sur ce site depuis le début de l’invasion russe, une décision jugée « politique » par Moscou.
Au cours d’une session extraordinaire parfois houleuse du Comité du patrimoine mondial à Paris, l’inscription de cette ville, en pleine guerre, a été votée par six voix pour, une contre (la Russie) et quatorze abstentions.
La liste « en péril » ouvre accès à des mécanismes renforcés d’assistance internationale d’urgence, technique et financière.
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