Combats au Soudan : plus de 50 morts dans un orphelinat faute de nourriture et d’eau
La mort de treize bébés vendredi à Khartoum a porté le nombre total de décès dans un orphelinat de la capitale soudanaise à au moins 50 depuis le début de la guerre à la mi-avril, selon le personnel médical.
Un médecin et un responsable de l’orphelinat public de Mygoma ont déclaré à Reuters que les principales causes de décès étaient la malnutrition, la déshydratation et les infections, le centre manquant de ressources en raison des combats en cours entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
Les décès concerneraient pour la plupart des nouveau-nés et d’autres enfants de moins d’un an.
Heba Abdullah, une orpheline devenue soignante, a déclaré à Reuters que la scène était « terrifiante » et « douloureuse ».
Les décès n’ont fait qu’augmenter ces dernières semaines.
Le 16 mai, l’ONG Hadhreen a lancé un appel aux dons sur Facebook pour venir en aide au centre, qui était déjà en difficulté avant que les combats n’éclatent.
« Nous perdons des bébés tous les jours. Entre six et dix-huit mois. Mêmes symptômes. Forte fièvre. Après quatre heures, des âmes innocentes s’élèvent vers Dieu, qui est plus généreux que n’importe lequel d’entre nous », a déclaré l’organisation.
Les fréquentes coupures de courant causées par les combats ont accéléré l’épuisement des ressources du centre, qui emploie 20 personnes et s’occupe de 400 enfants.
« Nous perdons des bébés tous les jours »
- ONG Hadhren
Le manque de climatisation malgré la chaleur a provoqué une surchauffe des pièces et empêché le personnel de stériliser le matériel. Les combats ont également provoqué des pénuries de personnel.
Selon Reuters, davantage de décès ont été signalés au cours du week-end, dont au moins sept examinés par l’agence de presse britannique.
Situé au centre de Khartoum, l’orphelinat a également été pris dans les tirs croisés des belligérants, secoué par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie.
Après une explosion dans un bâtiment voisin, le personnel a été contraint d’évacuer les enfants d’une des chambres vers une autre partie du bâtiment déjà surpeuplée.
Menace de crise humanitaire
Les combats qui ont éclaté le 15 avril se poursuivent dans les grandes villes malgré les accords répétés de cessez-le-feu.
Les décès de Mygoma s’ajoutent au nombre croissant des victimes de la guerre, qui a tué au moins 700 personnes et déplacé 1,3 million d’autres, selon les Nations unies.
Alors que le système de santé publique du pays était déjà fragile, il s’effondre sous le poids du conflit, faisant craindre aux médecins et ONG une catastrophe humanitaire imminente.
Selon l’ONU, avant que les combats n’éclatent, un tiers de la population soudanaise avait déjà besoin d’aide.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué qu’environ les deux tiers des hôpitaux de Khartoum avaient été contraints de fermer depuis le début des combats. Les rares établissements encore ouverts ont fait l’objet de raids et de pillages, laissant sans médicaments des patients atteints de maladies chroniques.
Selon le New York Times, ce sont les centres de soins maternels qui ont le plus souffert, provoquant une montée en flèche des naissances prématurées.
Fin avril, une évacuation de la plus grande maternité du Soudan avait causé la mort de neuf nouveau-nés en raison du manque d’ambulances correctement équipées.
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