En France, des dizaines de milliers de personnes marchent contre les violences policières
« Police partout, justice nulle part », « Pas de justice, pas de paix » ou encore « Justice pour Nahel », en référence à l’adolescent tué le 27 juin près de Paris lors d’un contrôle routier et sont la mort avait déclenché une vague d’émeutes.
Tels étaient les slogans qui ont animé les 116 manifestations recensées samedi 23 septembre « contre les violences policières, le racisme systémique et pour les libertés publiques », organisées à l’appel d’une centaine d’associations, de syndicats et de partis tels que La France insoumise (LFI, gauche radicale), la CGT et Exctinction Rebellion.
Et de Macron ? On en a marre !
— Sihame Assbague (@s_assbague) September 23, 2023
Et la police ? On en a marre !
La rétention ? On en a marre !
Les expulsions ? On en a marre !
Et l’inflation ? On en a marre !
Des milliers de personnes défilent actuellement dans les rues du 18e contre les violences et le racisme d’État. pic.twitter.com/oO53HHJ9nN
Dans un communiqué commun, les organisations dénonçaient « une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique ».
Quelque 31 300 personnes (dont 9 000 à Paris) ont marché dans plusieurs villes de France selon le ministère de l’Intérieur, et environ 80 000 (dont 15 000 à Paris), selon le syndicat CGT et LFI.
Une centaine d’organisations syndicales, politiques et autres collectifs de quartiers populaires avaient appelé à cette manifestation, qui a aussi reçu le soutien de 150 personnalités du cinéma, dont la réalisatrice Palme d’or 2023 du festival de Cannes Justine Triet.
Justice pour Nahël et toutes les victimes de violences policières ✊ pic.twitter.com/wQn4HwFbp6
— FSE St-Denis (@FSE_StDenis) September 24, 2023
Dans la capitale, après un départ dans le calme, un pré-cortège de centaines d’individus encagoulés s’est constitué, dégradant les vitrines d’agences bancaires et lançant des pierres sur une voiture de police, a constaté un journaliste de l’AFP. Cette voiture, coincée dans la circulation, a été attaquée « à coups de barre de fer », selon la préfecture de police.
L’un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, confirmées par une source policière.
Manifestation contre les « violences policières » : une voiture de police attaquée à coups de barre de fer à Paris pic.twitter.com/kngWJFfLvN
— TF1Info (@TF1Info) September 23, 2023
D’autres policiers arrivés en renfort ont fait cesser cette attaque. Trois des quatre policiers qui circulaient à bord de la voiture ont été légèrement blessés, a indiqué le préfet de police Laurent Nuñez sur la chaîne BFMTV.
« Nous sommes actuellement en train de travailler […] pour essayer d’identifier les auteurs de cette attaque. D’ores et déjà nous avons trois personnes qui sont présumées être impliquées dans ces faits qui ont été interpellées », a ajouté M. Nuñez.
Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin assurait à toutes les forces de l’ordre son « soutien ».
En ce jour de manifestation « anti -police », à toutes les forces de l’ordre, je veux vous dire, comme l’écrasante majorité des Français, mon total soutien et ma sincère reconnaissance. pic.twitter.com/Q1CKhiy6OM
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) September 23, 2023
Il a aussi dénoncé un peu plus tard des « violences inacceptables » contre les forces de l’ordre. « On voit où mène la haine anti police », a-t-il commenté.
« La loi tue »
Au total, six personnes ont été interpellées dans toute la France, selon un bilan communiqué dans la soirée par le ministère de l’Intérieur.
« La loi tue », dénonçait une pancarte, avec une statue figurant la justice aux yeux barrés de rouge, critiquant un article du code de sécurité intérieure qui élargit la possibilité pour les forces de l’ordre de faire feu en cas de refus d’obtempérer.
Les manifestants contre les #violences policières se sont assis rue Saint-Aubin, à #Angers, face aux policiers qui leur bloquent la route. @courrierouest pic.twitter.com/Fv3fthLilB
— Margot Hairon (@Goma9Hrn) September 23, 2023
En juillet, le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) avait dénoncé la pratique « persistante » en France « du profilage racial combinée à l’usage excessif de la force dans l’application de la loi, en particulier par la police, contre les membres de groupes minoritaires, notamment les personnes d’origine africaine et arabe ».
Assa Traoré : « Aujourd’hui, en France, on tue nos frères jusque dans la mort. On nous interdit de dire leur nom, on nous interdit de dire qu’ils ont été tués par la police » pic.twitter.com/ADVPS5jAFa
— Le Bondy Blog (@LeBondyBlog) September 23, 2023
Paris s’était élevé contre ces accusations jugées « excessives » et « infondées », assurant que « toute mesure de profilage ethnique par les forces de l’ordre [était] interdite en France ».
« Toutes ces injustices, ça détruit des familles », a regretté auprès de l’AFP Mohamed Leknoun, 27 ans, dont le frère Amine avait été tué en août 2022 à Tourcoing après un refus d’obtempérer.
"Il est toujours vivant".
— Louise Bihan (@brouillonzero) September 23, 2023
La mère d'Amine Leknoun, tué par un membre de la BAC en août 2022 à Neuville-en-Ferrain (59) témoigne avant le départ de la manifestation contre les #violencespolicières #23septembre. pic.twitter.com/nfv2qeRkca
Venu manifester à Lille, où le cortège a rassemblé 400 à 500 personnes, il déplore n’avoir été informé d’aucune avancée de l’enquête depuis l’inculpation du policier auteur du tir.
La mère de Nahel s’est aussi exprimée pour réclamer « justice » pour son fils en confiant : « Quand je rentre chez moi, je me sens vide. »
La mère de Nahel témoigne : « C'est dur pour moi, c'est très difficile, je n'ai plus mon fils pour me faire des câlins. Quand je rentres chez moi, je me sens vide. Il a tué mon fils, il m'a tué, c'est pareil » : manifestation parisienne #ViolencesPolicières pic.twitter.com/djXgInWtdw
— Révolution Permanente (@RevPermanente) September 23, 2023
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