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Algérie : trois membres de l’ex-Front islamique du salut arrêtés (média)

Dans un communiqué diffusé le 30 septembre, les militants avaient exprimé leurs préoccupations pour l’avenir de l’Algérie, confrontée à une « crise politique » et à des « restrictions des libertés »
Ali Benhadjar, porte-parole des « Cadres du FIS authentique », ex-élu du FIS, avait rejoint le Groupe islamique armé (GIA) en 1993 et finalement créé son propre groupe, la Ligue islamique pour la prédication et le jihad, afin de se démarquer de la ligne radicale du GIA (TikTok)
Ali Benhadjar, porte-parole des « Cadres du FIS authentique », ex-élu du FIS, avait rejoint le Groupe islamique armé (GIA) en 1993 et finalement créé son propre groupe, la Ligue islamique pour la prédication et le jihad, afin de se démarquer de la ligne radicale du GIA (TikTok)
Par MEE

Trois anciens membres du Front islamique du salut (FIS, parti islamiste radical dissout par la justice en 1992) ont été arrêtés par les autorités algériennes, selon le site d’information Arabi21 citant des sources anonymes. Les médias officiels algériens n’ont pas confirmé cette information.

Saadi Mabrouk, Ahmed Zaoui et Ali Benhadjar (porte-parole), tous trois membres des « Cadres du FIS authentique », une extension de l’ex-FIS, avaient, le 30 septembre, diffusé un communiqué dans lequel ils s’inquiétaient des « crises » que traverse le pays.

Dans cette déclaration politique, les militants de cette organisation constatent « une division patente de la société due aux politiques médiocres suivies jusqu’à présent, ainsi qu’un égoïsme éhonté et une cupidité sans limite de l’élite hégémonique dirigeante ». 

Amnesty International rappelle que depuis deux ans, au moins douze journalistes et professionnels des médias ont été poursuivis, arrêtés et placés en détention (Amnesty International)
En Algérie, depuis deux ans, au moins douze journalistes et professionnels des médias ont été poursuivis, arrêtés et placés en détention (Amnesty International)

Ils relèvent par ailleurs « l’extrême pauvreté qui touche les Algériens », « une politique donnant naissance au désespoir, qui pousse notre jeunesse et nos cerveaux à quitter massivement et parfois définitivement le pays », ainsi qu’« une crise politique aiguë », « une restriction des libertés » et « une instabilité qui paralyse les institutions ».

Le 20 septembre, Amnesty International a lancé un appel au gouvernement algérien pour qu’il « cesse de réprimer les droits » et « libère immédiatement les journalistes incarcérés ».

« Aujourd’hui en Algérie, nul n’est à l’abri des griffes de la répression s’il ose exposer des critiques et s’exprimer avec courage : toute personne considérée comme une menace […], se retrouve en butte à des mesures de harcèlement et d’intimidation ou à une arrestation arbitraire », a dénoncé l’ONG en rappelant que depuis deux ans, au moins douze journalistes et professionnels des médias ont été poursuivis, arrêtés et placés en détention.

« L’épouvantail du terrorisme »

Human Rights Watch (HRW) a de son côté publié le 18 septembre un document détaillant « comment les autorités ont démantelé la société civile indépendante du pays et entravé le pluralisme politique, en s’appuyant sur des lois restrictives relatives aux associations, aux partis politiques et aux syndicats ».

« Les autorités algériennes ont anéanti la majeure partie de ce qui restait des libertés civiles dont jouissaient les Algériens pendant la période de libéralisation politique de la fin des années 1980 », a déclaré Eric Goldstein, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW.

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Le leader de l’ex-FIS, Ali Belhadj, interrogé par Arabi21, estime que l’arrestation des cadres du mouvement est « injustifiée » et appelle « à leur libération immédiate ».

Ali Belhadj met en garde contre le retour à ce qu’il décrit comme « l’épouvantail du terrorisme que tous les tyrans dans le monde arabe et musulman adoptent pour lutter contre le terrorisme ».

« Ils [les gouvernants arabes] veulent montrer que s’ils ne sont pas au pouvoir, alors l’alternative est le terrorisme. En réalité, ils veulent dire qu’ils sont les gardiens des anciennes puissances coloniales pour avoir une légitimité. Ce n’est pas seulement un problème en Algérie, mais aussi dans plusieurs pays arabes et musulmans. »

Deborah Manning, l’avocate d’Ahmed Zaoui, a déclaré au site d’information néozélandais Nzherald (Ahmed Zaoui a la double nationalité, algérienne et néozélandaise) que son client était « actuellement détenu dans un poste de police ». « La famille est bien sûr très inquiète et travaille avec les Affaires consulaires de Nouvelle-Zélande », a-t-elle ajouté.

Elle a également donné des détails de l’arrestation : « La maison a été encerclée par douze véhicules et huit agents armés portant des cagoules, qui sont entrés dans la maison. Ils ont été accueillis par Zaoui, qui les a invités à se joindre à la famille pour prendre le thé. Ils ont fouillé la maison à la recherche d’armes. Ils ont demandé s’il [Ahmed Zaoui] avait des armes et il a répondu ‘’Je n’ai que des livres’’. »

« Il devrait être considéré comme un citoyen néo-zélandais en Algérie détenu pour des raisons politiques », a-t-elle souligné.

Dans leur communiqué, les cadres du FIS appellent notamment à s’unir sans exclusion et à mettre de côté les différends, à lever les restrictions imposées au militants politiques, à leur tête le cheikh Ali Belhadj, et à établir des mesure d’apaisement en libérant les prisonniers d’opinion des années 1990 et ceux du hirak, ce vaste mouvement populaire ayant conduit à la démission du président Bouteflika.

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